Enquête

Jeunes diplômés : community manager, un métier à follower de près

Les sujets de mercatique.
L'animation des réseaux fait partie des missions du community manager. © Fotolia
Par Danièle Licata, publié le 24 avril 2015
1 min

Ils sont jeunes, passent leur vie à follower, liker, tweeter et retweeter et maîtrisent la technologie sur le bout des "touches". On les appelle les community managers. Si vous êtes comme eux, nourris essentiellement de réseaux sociaux, foncez ! Ce job est pour vous, et bonne nouvelle, il recrute !

"Ce qui rend les marques influentes n'est pas leur taille mais leur communauté". Cette phrase de Chuck Byrme, dirigeant de DDB worldwide, un grand groupe international de communication, a bouleversé le monde de la com' et fait émerger un nouveau métier stratégique pour les entreprises : le community manager. Un geek à lunettes, connecté sur son ordinateur, son mobile, ou les deux en même temps 24h/24 et 7 jours sur 7 ? "Faux. En réalité, le community manager est surtout une femme ou un homme polyvalent, dynamique et curieux", affirme Coralie Boulay directrice de l'ESD (École supérieure du digital).

Mi-détective, mi-agriculteur

Son rôle ? Tel un détective, il fait de la veille, analyse les comportements des communautés sur sa page ou celle des autres. Tel un agriculteur, il cultive le terrain. Traduisez : il établit une stratégie en phase avec la marque, qu'il nourrit régulièrement en publiant du contenu pour voir sa communauté se développer.

Plus concrètement : "connaître son environnement en identifiant où se font les échanges, entrer en contact avec les internautes, construire et entretenir des relations qualifiées et durables avec les internautes qui s'expriment sur le Web et animer les réseaux sociaux dans le but d'aider l'entreprise à construire une légitimité dans la durée tout en véhiculant ses valeurs : voilà le job du community manager", détaille Helena Toledo, 24 ans, community manager stagiaire pour le Women Equity for Growth, une association qui aide à grandir les PME de croissance gérées par les femmes. Au quotidien, cette jeune diplômée de l'IEP (institut d'études politiques) d'Aix-en-Provence et du Celsa en communication des entreprises et des organisations internationales, anime sur Twitter, Facebook et LinkedIn un réseau de femmes dirigeantes.

En voie de professionnalisation

Pour mener à bien cette mission, il faut être "incitatif, interactif et attentif", résume Helena Toledo. Et maîtriser les outils de surveillance. "Réfléchir à la stratégie conversationnelle que le community manager peut élaborer avec la marque, quels contenus, quelle charte éditoriale, tout en gérant des 'fanpages Facebook' et des fils Twitter demandent un véritable savoir et savoir-faire qu'ont surtout les jeunes", fait remarquer Gontran Lejeune, à la tête du cabinet de recrutement Bienfait & Associés.

Mélanie, 20 ans, est en 3e année à l'ECS Paris (European communication school) en alternance. "Je prépare un bachelor en communication, mais c'est sur le terrain, avec l'aide de mon tuteur, que j'apprends tous les jours le métier". De son côté, Stéphanie Mézin, diplômée de l'Istec et du Celsa en stratégie de marque et branding, innovation, création, a lancé son blog "My Digital Luxury Galaxy". Du haut de ses 24 ans, elle est l'ambassadrice de la marque Benta Berry et fait vivre la communauté de la marque de cosmétiques pour peaux jeunes. Comme elle, les community managers sont passés majoritairement par une école de communication (57 %). S'ensuivent les études de marketing en école de commerce (38 %) puis les cursus littéraires (14 %) et enfin l'informatique (8 %), selon l'enquête annuelle menée par RégionsJob sur le métier auprès de 760 professionnels en poste.

Au total, ils sont 87 % à posséder une licence (bac+3) et 53 % à avoir décroché un master 2 (bac+5). "Si le parcours classique reste un bac+3 ou bac+5 avec une formation terrain, le métier tend à se professionnaliser", assure Emilie Oger, professeur de community management à Sup de Web Paris, l'école supérieure des métiers du Web.

Emploi : des prévisions au beau fixe

Les générations Y et Z n'ont pas trop de souci à se faire : le community manager fait partie des métiers identifiés par le Syntec numérique (le principal syndicat du secteur) comme l'une des fonctions du numérique en forte progression à l'horizon 2018. Le manque d'experts commence doucement à se faire déjà sentir. Selon Géojobs.fr, entre janvier et février 2015, 1.545 offres d'emploi dans la communication via 545 entreprises ont été publiées sur 143 sites Internet dont Géojobs. "Ce qui correspond à 670 offres uniques réelles, hors doublons ou 603 offres en direct, c'est-à-dire hors agences d'intérim et cabinets de recrutement", calcule Diego de Brisoult, le fondateur du site (voir carte de France).

Toutes les structures recrutent. D'après l'étude de RégionsJob, 22 % des community managers travaillent dans des agences de communication, 20 % dans des PME, 12 % dans des entreprises de taille intermédiaire et 11 % dans les institutions publiques. Les secteurs qui les emploient sont variés : par exemple, 18 % travaillent dans le tourisme, 17 % dans les services et 14 % dans le commerce et la distribution.

Des salaires variables

Actuellement, le salaire médian des community managers en CDI ou CDD s'établit à 26.830 € brut annuel (+7,3 % depuis 2013). "Mais ce chiffre cache de nombreuses disparités : le salaire médian dépasse 30.000 € à Paris et n'atteint pas 24.000 € en province", précise RégionsJob. À vous alors de faire monter les enchères.

Les offres d'emploi de community manager par région (janvier/février 2015)
La carte ci-dessous indique, région par région, le nombre d'offres d'emploi de community manager déposées sur le site GéoJobs.fr.

Carte France GéoJobs.fr Community manager

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