Portrait

Ces jeunes entrepreneurs recyclent les centimes

Benjamin et Arthur, fiers de leurs distributeurs permettant de remettre les centimes d'euros dans le circuit.
Benjamin et Arthur, fiers de leurs distributeurs permettant de remettre les centimes d'euros dans le circuit. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 27 janvier 2015
3 min

LES JEUNES ONT DE L'AVENIR ! Benjamin Dupays, 24 ans, a créé une entreprise étudiante qui récolte les centimes d’euros dans des distributeurs, afin de les réinjecter dans le circuit vers les commerçants. Une initiative à la fois économique et solidaire, à laquelle participe aussi Arthur Fermaut, 23 ans, étudiant en école de commerce.

Des pièces de 1, 2 et 5 centimes d'euros jamais utilisées. Des commerçants qui en manquent. Pour remettre les centimes dans le circuit, Benjamin Dupays, a imaginé des distributeurs de chewing-gums et de monodoses de gel antibactérien, vendus 10 centimes l'unité. "Dans mon entourage, presque personne ne croyait à mon projet", se souvient Benjamin. Pour créer sa première machine, ce collectionneur de pièces de monnaie ne trouve pas de partenaire en France et finit par se faire aider par un fournisseur en Inde, lors d'une année passée à l'étranger.

En avril 2013, Centiméo, la SAS (société par actions simplifiées) solidaire de ce jeune diplômé de 24 ans, titulaire d'un master finance et stratégie de Sciences po Paris, reçoit 5.000 € en décrochant la deuxième place du prix Créenso, organisé par l'IESEG (école de management à Lille et Paris), où étudie Arthur Fermaut, qui rejoint alors le projet.

L'équipe s'agrandit dans la même période avec Rodolphe Mas, étudiant à l'ESSEC et Ramesh Anbazhagan, apprenti à l'ENSEA. "Nos profils sont assez différents. On cumule des compétences complémentaires commerciales et ingénieures", souligne Arthur.

Les jeunes fabriquent eux-mêmes les distributeurs, des circuits électroniques aux câblages. "Cela a des avantages, on peut les améliorer, apprendre énormément, mais aussi réduire les délais de production", remarque l'étudiant en M2 management général.

Entrepreneurs étudiants

Chargé du développement national, Arthur a été séduit par "l'entrepreneuriat étudiant, car créer une entreprise sociale est plus intéressant comme expérience que de devenir auto-entrepreneur avec un cabinet de conseil". Pendant son M1, ce projet faisait partie de son cursus, pour entre dix et quinze heures par semaine. Pour Benjamin, Sciences po lui a accordé une scolarité aménagée, en déplaçant ses cours très tôt ou tard dans la journée.

"L'entrepreneuriat ne s'apprend pas dans des livres, un an à Centiméo a été plus profitable en la matière que mes cinq ans en école de commerce", confie Arthur. "Nous avons une grande liberté, mais aussi des responsabilités. Quand on est son propre patron, il faut s'imposer soi-même des horaires", souligne l'étudiant en commerce.

Centiméo installe gratuitement ses bornes, mais se réserve une petite marge sur la vente. Des partenariats altruistes sont mis en place, comme avec la Fondation Télécom qui utilisera 5 % de la somme récoltée pour créer des bourses pour les étudiants de Télécom Lille. Centiméo a pour vocation d'être "une entreprise sociale, l'objectif est seulement de couvrir nos frais et de pouvoir payer les redevances commerciales exigées dans certains lieux", explique Benjamin.

Aujourd'hui, la petite entreprise compte quatre salariés, payés au SMIC ou presque. Plus de 200 distributeurs sont installés dans des établissements scolaires, des CROUS, ou encore des centres commerciaux. À la rentrée 2014, Centiméo a inauguré sa première borne dans une gare parisienne. Tout ça avec quelques centimes.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !