Julien, 31 ans : "Comment je suis devenu maraîcher bio"
À 31 ans, Julien Magniez, les pieds dans la terre de son Pas-de-Calais natal et le cœur battant pour la Gironde, met à profit son cursus universitaire pour nourrir ses semblables.
"Petit, j’avais mon bout de jardin"
"Enfant, j’avais mon bout de jardin, et je m’en occupais tout seul. Est-ce que ça suffit pour décider d’une vocation ? Mon parcours scolaire a été linéaire : j’étais bon partout, sauf en dessin. De la maternelle à la fin de la troisième, j’étais scolarisé dans un établissement privé, à Ardres [62]. J’ai enchaîné avec l’internat pendant mes années de lycée. La structure était plutôt familiale. Je me suis retrouvé en filière S option sciences de l’ingénieur. Après mon bac, mention bien, en 2005, on m’a conseillé de faire maths sup.
J’arrive en classe prépa au lycée Henri-Wallon de Valenciennes, un lycée public très réputé. Là encore, je suis à l’internat. Mais, le monde que je découvre est radicalement différent, c’est un peu 'bienvenue dans l’enfer des mathématiques' !"
"Ma petite amie me fait découvrir le Piémont"
"Ce qui m’a fait bifurquer de cette voie, bizarrement, n’a toujours rien à voir avec la terre. On devait lire des œuvres de philosophie en français, et je tombe sur 'De la brièveté de la vie', de Sénèque. Cet ouvrage résonne tellement en moi que je lâche tout pour m’inscrire à l’université de Valenciennes, en LEA [langues étrangères appliquées], anglais, allemand. Mais arrivent les blocages à la fac liés au projet de CPE [contrat de première embauche]. J’en profite pour sillonner la France avec une bande d’amis. Pendant ce voyage, je croise un ancien camarade de mon lycée, qui est en hypokhâgne à Lille. J’ai envie de faire comme lui. La rentrée suivante, je suis accepté dans son établissement.
"À Sciences po Bordeaux, je découvre un club d’œnologie"
"Après hypokhâgne, où je m’éclate, et khâgne, je choisis de m’inscrire au concours de Sciences po Bordeaux pour intégrer directement la troisième année. Lors de ma première venue à Bordeaux, je trouve la ville hideuse. Je ne sais pas encore à quel point je vais m’y attacher par la suite…
"Je suis embauché dans une maison de négoce de vins"
"J’obtiens mon diplôme en 2011 : un master gestion des entreprises et des organisations. En cinquième année, j’effectue en plus une spécialisation à l’IAE [école de management de l’université de Bordeaux] : un master commerce des vins et des spiritueux. Après un stage de six mois dans une jeune maison de négoce bordelaise, la Vintage Company, je m’y fais embaucher en tant que chargé du développement commercial dans les pays germaniques. L’agriculture revient dans ma vie, au moment où je ne m’y attends pas. Mes clients sont Allemands, Autrichiens, Hongrois, Slovaques… et adorent manger. Ils m’entraînent dans des grandes tables. Je commence à avoir une réflexion sur les produits.
Après trois ans dans cette entreprise, je suis retourné me former à l’Institut des sciences de la vigne et du vin de la faculté de Bordeaux, où j’ai suivi un DUAD (diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation). Et, en 2014, j’élabore mon projet de distribution de vins européens, de l’import-export à l’échelle du particulier et avec du contenu, c’est-à-dire des hommes, des villages, des artisans… Nous partons, avec un ami, sur les routes tourner des vidéos, et l’aventure est lancée : le Comptoir des vins du vieux monde est né."
"Je reprends les terres familiales dans le Nord"
Coïncidence ou pas, mes parents décident d’arrêter leur exploitation, et moi, de mettre enfin les mains dans le cambouis. Je reprends les terres de ma famille à Landrethun-le-Nord [62]. La boucle est bouclée ! En 2016, naît officiellement Le Maraîcher voyageur. Je suis alors lauréat du concours national, Fermes d’avenir, récompensant les projets d’installation en agriculture biologique de petites fermes maraîchères, en agroécologie, en permaculture, diversifiées, peu mécanisées, très productives et très qualitatives."
"J’ai créé une variété de cornichons, le P’tit Vert du Nord"
Après la troisième, vous pouvez vous orienter vers un CAPA (certificat d’aptitude professionnelle agricole) métiers de l’agriculture, une formation de deux ans, ou préparer un baccalauréat professionnel productions horticoles, en trois ans ; puis, poursuivre avec un BTSA (brevet de technicien supérieur agricole) production horticole, d’une durée de deux ans. Durant votre cursus, multipliez les stages auprès d’exploitations agricoles à taille humaine.
Pour exercer ce métier, il faut connaître les bases du maraîchage, se constituer un réseau, avoir des talents de négociateur…
Ensuite, vous pouvez aussi vous former dans une école de commerce, un atout supplémentaire pour apprendre à gérer le démarrage de votre exploitation.
1987 : naissance à Saint-Omer (62).
2005 : obtient son bac S, option sciences de l’ingénieur.
2006-2008 : élève en hypokhâgne et khâgne, à Lille (59).
2011 : sort diplômé de Sciences po Bordeaux (33).
2016 : reprend les terres de l’exploitation familiale à Landredthun (62).
2017 : lance Le Maraîcher voyageur, stand aux halles de Bacalan, à Bordeaux.