Interview

Les 20 ans de Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala

Les 20 ans de Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala
Les 20 ans de Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala © Renaud Corlouer
Par Sophie de Tarlé, publié le 28 avril 2014
1 min

À 20 ans, l’humoriste Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala ("guenilles" en arabe), n’avait pas encore choisi de se lancer dans le stand-up. À l’époque, il mène de front une carrière de basketteur professionnel et des études d’anglais à la fac, qui le conduiront à quitter Saint-Denis (93) pendant un an pour les États-Unis. Un tournant dans sa vie…

Pendant vos années lycée, qu'est-ce qui vous motivait pour vous lever le matin ?
 

Je faisais du basket depuis la cinquième. Je passais ma vie entre les études au lycée Paul-Éluard à Saint-Denis (93) et le basket au PSG Racing. J'étais en L, dans une "classe de filles", mais, hélas ! je souffrais énormément d'acné. Heureusement, en terminale, j'en avais beaucoup moins !

Étiez-vous bon élève ?

 

J'étais dans un bon lycée avec de bons professeurs, et, dans ma classe, tout le monde a obtenu son bac. J'ai eu le mien avec 11,79 de moyenne très précisément ! J'aimais surtout l'anglais, l'italien et l'espagnol. Le professeur qui m'a le plus marqué, c'est Jean-Paul Jouary, mon prof de philosophie, très charismatique. Quand on enseigne la philo, ça passe ou ça casse.

Est-ce que vos parents suivaient particulièrement vos études ?

 

Nous étions quatre enfants. On savait qu'on n'étudiait pas pour faire plaisir à nos parents mais pour nous. Ils nous demandaient juste d'être les meilleurs ! Mon père était ébéniste, ma mère, au foyer. Ils n'avaient pas fait d'études supérieures. J'étais libre dans le choix de ma formation. L'inconvénient, c'est que je n'étais pas du tout conseillé.

Est-ce que vous aviez d'autres hobbies que le basket ?

 

J'aimais surtout écrire. J'ai essayé le théâtre, vers l'âge de 15 ans, le piano à 19 ans, mais j'avais les doigts trop gros ! J'ai présidé aussi une association qui donnait des repas aux SDF durant l'hiver.

Après le bac, vous visiez plutôt une carrière de basketteur ou un diplôme ?

 

Je voulais d'abord devenir basketteur professionnel. Après mon bac, j'ai été embauché par le club de Lézignan-Corbières dans l'Aude. Et je me suis inscrit en licence d'anglais LLCE [langues, littératures et civilisations étrangères] à l'université de Perpignan [66], où je logeais en cité universitaire. La semaine, je m'entraînais avec l'USA Toulouges. Le week-end, je jouais à Lézignan. Mais même si j'aimais beaucoup le basket, je voyais bien que les conversations tournaient un peu en rond... J'étais donc content de continuer mes études. D'autant que j'avais conscience qu'une carrière de sportif ne dure pas.

Était-il difficile de mener de front études et sport de haut niveau ?

 

Quand, au bout d'un an, je suis revenu en région parisienne – pour une fille ! – j'ai poursuivi en deuxième année de LEA [langues étrangères appliquées] anglais-italien, tout en ayant le statut de sportif de haut niveau. J'ai pu continuer à jouer au basket à Bondy [93], puis à Levallois-Perret [92] et à Poissy [78]. Le matin et le soir, je m'entraînais ; l'après-midi, je suivais mes cours.

Financièrement, étiez-vous indépendant ?

 

À cette époque, je recevais entre 1.000 et 1.700 € par mois de ces clubs. Et puis, à partir de la licence, j'ai commencé à donner des cours d'anglais et d'italien, comme remplaçant au collège et au lycée. Mais je n'avais pas la fibre. Je préférais déconner avec les élèves plutôt que faire cours.

Pourquoi avez-vous poursuivi vos études aux États-Unis ?

 

Quand j'avais 18 ans, un "scout" américain, dont le rôle est de repérer les sportifs français prometteurs, m'avait proposé une bourse pour suivre quatre ans d'études dans une université américaine. Je regrettais de ne pas avoir accepté. À 24 ans, j'étais amer. Sportivement, je venais de subir une succession de déclassements. Et puis, en maîtrise à Paris 8, j'ai eu la chance de rencontrer Nancy Honecker, professeur d'anglais. Elle m'a parlé d'une bourse de la MICEFA (Mission interuniversitaire de coordination des échanges franco-américains) pour partir un an aux États-Unis. On m'a proposé l'université du Connecticut, où il y a non seulement une bonne école de commerce mais aussi une excellente équipe de basket : les Huskies.

 

Les États-Unis m'ont donné ma chance.
 

Pourquoi vouliez-vous intégrer une école de commerce ?

 

C'était la suite logique, puisqu'en LEA je suivais des cours de commerce et d'économie. De plus, en maîtrise, j'avais essayé de travailler, mais les employeurs me demandaient toujours si j'avais fait une école de commerce. Entre le CV de quelqu'un qui a fait HEC et celui de quelqu'un qui a fait Paris 8, c'est difficilement comparable. Les cours ne sont sans doute pas meilleurs en école de commerce, mais elles ont un réseau. Le problème est que je n'avais pas assez d'argent pour en faire une en France.

Entre la fac française et l'université américaine, c'est un choc des cultures ?

 

C'est comme comparer le Minitel et Internet ! Aux États-Unis, le campus était immense et les infrastructures démentes. Tout est fait pour que vous réussissiez : des cours de soutien, des summer sessions pour rattraper les examens ratés. Là-bas, les profs n'ont que 15 jours de vacances par an. Et ils sont évalués par leurs élèves. Du coup, ils sont très disponibles, plus proches des étudiants qu'en France. Il est très fréquent qu'un élève se lève en plein cours pour dire qu'il n'a pas compris. Ce qui est impensable en France. Je suis conscient aussi que, pour les Américains, il faut un talent particulier ou de gros moyens financiers pour suivre ces études. Les États-Unis m'ont donné ma chance. Il y a là-bas une volonté politique d'attirer les meilleurs éléments des autres pays.

Qu'avez-vous appris durant cette année ?

 

Que tout est possible. Aux États-Unis, on répète aux étudiants qu'ils doivent avoir confiance en eux. Ils vont au tableau très facilement et sont fiers de ce qu'ils sont. À l'université, on te dit que tu es l'élite, ce que je n'ai jamais entendu à Paris 8 ! Là-bas, j'ai pu jouer avec l'équipe des Huskies, l'une des meilleures du pays. J'ai également décroché un Master de business. J'ai aussi écrit des textes de slam, et je suis monté sur scène dans le French Club de l'université.

Vous auriez dû devenir commercial ou banquier. Vous êtes humoriste. Que s'est-il passé ?

 

J'ai fait un rejet total de mes études de business. Je ne me voyais pas en costume-cravate. En revanche, le fait de jouer au basket m'a ouvert des portes. Quand je suis revenu à Saint-Denis, après mon année aux États-Unis, j'ai eu un gros coup de cafard. Mais après, je me suis dit que si tout m'avait réussi là-bas, il n'y avait pas de raison que ça ne marche pas aussi en France. Je cherchais un mode d'expression pour témoigner de mon expérience outre-Atlantique. C'est là que j'ai commencé à faire du slam avec Grand Corps Malade, un ami d'enfance. Ensuite, j'ai tenté ma chance quand j'ai appris que le producteur du Réservoir, une salle parisienne, cherchait des types pour des stand-up. Comme ça a marché, j'ai eu envie de continuer, au Jamel Comedy Club, puis avec mon propre spectacle. En parallèle, j'ai traduit le spectacle en anglais et je le joue régulièrement à New York. En 2012, j'ai eu un rôle dans les Seigneurs, le film d'Olivier Dahan, avec notamment Jean-Pierre Marielle, José Garcia, Omar Sy et Gad Elmaleh. Dans ce film, je m'appelle... Le Pen, un comble !

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut devenir humoriste ?

 

Il faut s'armer de patience, travailler dur et faire un maximum de "scènes ouvertes", qui donnent leur chance aux débutants. Ça permet de voir si on est bon sur scène et de nouer des contacts. Il faut aussi beaucoup de discipline. En ce moment, je suis une formation à l'écriture de scénario. Ce n'est pas un métier de dilettante !

Biographie express
1979 : naissance le 6 janvier à Saint-Denis (93).
1997 : bac littéraire au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis.
2004 : maîtrise de LEA anglais-italien à Paris 8.
2003 : premier slam avec Grand Corps Malade ; prend le nom de Comtede Bouderbala.
2004 : part aux États-Unis à l'université du Connecticut, où il joue avec l'équipe des Huskies en NCAA (National Collegiate Athletic Association).
2005 : obtient un Master à la Business School de l'université du Connecticut ; premier stand-up au Réservoir, à Paris.
2006 : tournée dans les comedy clubs de New York.
Depuis 2007 : enchaîne les spectacles en France et à New York.

Et si c'était à refaire ?

Le Comte de Bouderbala a passé le T.O. P, le test d'orientation de l'Etudiant. Ces résultats correspondent-ils au parcours de l'humoriste ancien basketteur ?

Son bilan T.O.P

Un profil "Artiste" tendance "Investigateur/ Social" : la combinaison qui domine chez Sami Ameziane est aussi majoritaire chez les humoristes. À noter : des pointes fortes sur le pôle "Réaliste", qui correspondent à sa vie de basketteur.

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Pôle "Artiste" : ouverture d'esprit, créativité, intuition, passion sont les mots clé de la sphère de compétences liées à ce pôle. Il caractérise des personnes qui ont tendance à se fier d'abord à leurs émotions, leur intuition, leur feeling, et qui ont besoin de s'exprimer dans leur métier. Cette créativité et cette liberté d'esprit les rendent vite mal à l'aise dans des univers trop conventionnels.

Pôle "Investigateur" : apprendre, réfléchir, chercher, comprendre sont les actions rattachées à ce pôle. Il caractérise des personnes qui aiment raisonner, enquêter, se poser des questions afin de mieux comprendre leur environnement. Elles ressentent le besoin d'étudier et de se former.

Pôle "Social" : il correspond au relationnel, au goût des autres et au besoin de contact. Il concerne des personnes qui aiment être entourées. Coopératives, elles aiment partager, réunir et veulent ­éviter les situations conflictuelles. Ce pôle indique par ailleurs souvent le besoin de se sentir utile dans son métier, d'aider, de transmettre.

Son profil, son métier...

Les résultats du Comte de Bouderbala correspondent au profil des humoristes. Le pôle "Artiste" dominant indique un sens affectif développé et se retrouve en première position dans tous les métiers qui permettent de s'exprimer. Le pôle "Investigateur" qui s'y adosse renforce la curiosité intellectuelle et la capacité à inventer, conceptualiser. Cette combinaison accentue également, en général, le fait de se démarquer, une tendance à remettre en cause et un goût pour le débat d'idées (l'esprit critique est derrière le pôle "Investigateur").

L'écriture, la création musicale font partie des domaines dans lesquels on retrouve les profils AI, qui combinent créativité et esprit d'investigation et de raisonnement. Complété par le pôle "Social", le besoin de transmettre – des messages, des émotions –, cet alliage conduit souvent vers les métiers du spectacle et de la scène. Point commun à toutes celles et ceux qui combinent les pôles "Artiste", "Investigateur" et "Social" : exercer un métier qui a du sens... À noter aussi, dans le bilan détaillé de Sami Ameziane, des pointes très fortes sur certaines dimensions du pôle "Réaliste", qui correspondent clairement à sa carrière de basketteur. Les habiletés manuelles et/ou l'esprit technique, tout comme le goût du terrain et du sport, ressortent très fortement.

Les secteurs et les métiers que peuvent viser ceux qui ont le profil AIS...

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