Décryptage

Paris, capitale du luxe hier, aujourd'hui… et demain ?

Edwin Oudshoorn, couturier
Le créateur néerlandais Edwin Oudshoorn soigne les derniers détails, quelques jours avant son défilé à Paris dans le cadre de la semaine de la haute couture en juillet 2016. © Jean Pierre JANS/REA
Par Anne-Laure Robert, publié le 22 octobre 2016
1 min

Après la crise financière de 2008, les attentats de 2015 et la chute de la fréquentation touristique pèsent lourdement sur la capitale française. Celle-ci conserve pourtant des atouts : son patrimoine, ses savoir-faire et sa réputation d'excellence, analyse Anne-Laure Robert dans son ouvrage “Les Métiers du luxe”.

Au cours des quinze dernières années, on a beaucoup loué le potentiel des pays en forte croissance comme la Chine, l'Inde, la Russie et le Brésil. Ces territoires vont certes continuer de constituer un réservoir de croissance pour les marques, mais le berceau historique du luxe reste Paris.

Une école à ciel ouvert pour acquérir la culture du luxe

La capitale fourmille de références au luxe. Il s'agit sans doute du plus grand patrimoine du luxe accessible dans un périmètre restreint.

On coud, on sertit, on martèle dans les ateliers de Paris ou de sa proche périphérie. On trouve des ateliers de maroquinerie à Pantin pour Hermès ou à Asnières pour Louis Vuitton. Mais plus encore que la fabrication des sacs et des valises, ce sont les studios et les ateliers de couture qui font rêver : Dior, Lanvin, Saint Laurent ou Balenciaga pour ne citer que les marques les plus connues. Il existe aussi une multitude d'ateliers de joaillerie qui travaillent pour les grands noms de la place Vendôme et de la rue de la Paix.

C'est aussi dans la capitale – ou la proche banlieue – que se trouvent les sièges des géants mondiaux du luxe : LVMH (22 avenue Montaigne, Paris 8e), Kering (10 avenue Hoche, Paris 8e), Chanel (135 avenue Charles-de-Gaulle, Neuilly-sur-Seine) ou encore Hermès (24 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e).

Le monde entier nous envie les palaces parisiens. Pour leur histoire, tout d'abord. Toutes les façades sont classées et la suite Impériale du Ritz est la reproduction de la chambre de Marie-Antoinette à Versailles, par exemple. Mais aussi pour leur situation unique. Les balcons du Crillon donnent directement sur la place de la Concorde. La terrasse du Meurisse permet d'admirer toute la ville. Et il est possible d'apercevoir la tour Eiffel depuis certaines chambres du Shangri-La. Bien sûr, les palaces parisiens sont aussi réputés pour leur gastronomie depuis que chacun s'est doté d'un grand chef.

“Si l'on ajoute à cela la richesse des musées, c'est une chance incroyable d'avoir tout ce patrimoine à portée de la main à faire découvrir à nos élèves”, reconnaît Céline, professeure d'histoire-géographie dans un collège parisien et responsable de l'option DP3. “Quelle meilleure ville que Paris pour accéder à la culture du luxe ? C'est pour cela que des étudiants du monde entier viennent s'y former”, note Thibaut de La Rivière, directeur de Sup de luxe.

Un sésame pour décrocher des postes à l'étranger

Un passage par Paris peut booster un CV dans la mesure où la France reste la référence internationale en matière de luxe. Une expérience dans la vente en joaillerie place Vendôme sera mieux valorisée qu'une expérience dans le même secteur dans une boutique à Amsterdam ou à Stockholm, par exemple.

Dans l'hôtellerie de luxe, c'est encore plus vrai. “Si l'on veut faire carrière dans l'hôtellerie de luxe, il faut avoir fait ses preuves à Paris. On y reste quelques années et ensuite on trouve de très beaux postes un peu partout dans le monde”, explique Aurélie, 41 ans, gouvernante générale dans un hôtel cinq étoiles. Elle s'apprête à partir pour Londres – où elle ne doute pas qu'elle retrouvera une place – pour suivre son compagnon qui travaille, lui, dans la restauration en tant que directeur de salle dans les palaces et qui vient de décrocher son nouveau poste de l'autre côté de la Manche.

Le sésame pour une belle carrière à l'étranger qu'offre Paris est parfois une épine dans le pied des recruteurs. Certains considèrent juste Paris comme l'étape incontournable qui leur permettra d'obtenir le poste qu'ils visent dans un autre pays. C'est souvent le cas dans la restauration, où les chefs étoilés français sont une référence. Ainsi, sitôt munis de leur précieuse “carte de visite”, les salariés formés auprès de ces grands chefs s'envolent à l'étranger.

Ici plus qu'ailleurs, les places sont chères

Le prestige, la qualité de vie et la perspective d'une belle carrière, sans parler du côté pratique – rester dans la ville où l'on a fait ses études – font de Paris l'une des villes où les places sont les plus chères.

Les recruteurs peuvent se permettre d'être encore plus regardants. “Lorsque j'ai voulu m'installer à Paris, je me suis aperçue que la province ou l'étranger n'étaient pas des expériences du ‘niveau’ de Paris. J'ai vraiment dû m'accrocher pour trouver un poste alors que j'avais toujours travaillé dans des établissements de luxe”, poursuit Aurélie.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
“Les Métiers du luxe”,
par Anne-Laure Robert.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !