Cher, compliqué, antipathique : pourquoi on ne va pas chez le gynéco

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Publié le 11/05/2017 par TRD_import_DelphineDauvergne ,
Trois étudiantes sur dix renoncent à prendre rendez-vous chez un gynécologue. La faute au coût de la consultation, à la peur des examens ou encore au manque d’écoute de (certains) professionnels. Des étudiantes racontent.

Pourquoi traîne-t-on autant les pieds à prendre rendez-vous chez le gynécologue ? Le coût, d’abord, est un frein. Selon le secteur (1 ou 2), les honoraires peuvent être libres, et ne seront donc pas totalement remboursés par la Sécurité sociale et votre complémentaire santé. Selon l’enquête EmeVia/CSA 2015, 15 % des étudiants renoncent à des soins pour des raisons financières, un chiffre grimpant à 3 étudiantes sur 10 pour une consultation gynécologique.

C’est le cas de Léa*, 20 ans, étudiante en psychologie à Lyon : « J’ai souvent des problèmes de remboursements avec ma Sécurité sociale étudiante. Je ne peux pas me permettre des frais de santé aussi chers, je ne suis donc jamais allée chez le gynéco « , admet-elle.

Le délai, parfois long si vous n’êtes pas déjà patiente chez un spécialiste, ou encore la localisation, sont également des obstacles. « J’habite en Haute-Garonne, je mets plus d’une heure à aller en ville pour un rendez-vous chez un spécialiste », pointe Laura*, 24 ans.

Des examens redoutés

 » J’ai peur de me montrer à un inconnu qui pourrait me juger. Mes parties intimes me font honte, je n’ai jamais réussi à accepter leurs formes », s’inquiète Léa, pas encore prête à se déshabiller. Pour Laura, c’est le côté systématique « des examens gynécos imposés » qui la dérange : « Le ton est tellement autoritaire que l’on n’ose pas refuser « .

« Quand j’étais plus jeune, je détestais aller chez la gynécologue à cause des examens intimes qui me mettaient mal à l’aise, d’autant que les médecins ne sont pas tous délicats ! » souligne Audrey*, 27 ans. Au bout de six ans, elle s’est décidée à changer de médecin , pour en trouver un qui la « met plus à l’aise ». « Il ne faut pas hésiter à changer de gynéco autant de fois qu’il est nécessaire pour en trouver un qui convienne ! » conseille-t-elle.

« C’est dans votre tête »

La première gynécologue d’Audrey était peu à l’écoute de sa patiente :  » Ma pilule ne me convenait pas, mais ma gynécologue a continué à me la prescrire en me disant que les effets secondaires allaient s’estomper avec le temps ! Ce qui n’a pas été le cas. » Il existe une quinzaine de moyens contraceptifs, mais les gynécologues ont toujours tendance à privilégier la pilule, une contraception pas toujours adaptée…

« Certains gynécologues sont méprisants, dénonce Miren, 25 ans, étudiante à Sciences po Toulouse. Il y en a un qui voulait à tout prix me faire une ordonnance pour la pilule, alors que cela influait sur mon humeur. Pour lui, les hormones ne provoquaient pas d’effet secondaire, c’était ‘psychologique’ ! Pour lui, c’était le meilleur moyen de contraception : il prétendait que les femmes étaient souvent négligentes dans l’utilisation du préservatif. »

Ce qui est intolérable pour Laura, qui souffre probablement d’endométriose, c’est  » la négation de mes douleurs de règles et de m’entendre dire que je suis une chochotte « . Se considérant comme non-binaire, Laura a aussi du mal à supporter le fait que sa gynécologue ait « des propos transphobes ». Pour faciliter la recherche d’un gynéco « safe » , des collectifs féministes comme Gyn&Co ou encore Gras politique (luttant contre la grossophobie), ont créé des listes participatives. On garde espoir ?

Une pilule sans ordonnance

En avril 2017, le planning familial et un collectif de pharmaciens ont lancé une pétition pour demander la mise en vente d’une pilule sans ordonnance. Un entretien avec le pharmacien vérifierait qu’il n’y ait pas de contre-indications. L’initiative existe déjà au Portugal, en Belgique, ou encore en Russie.

*Les prénoms ont été modifiés.