Harcèlement sexuel pendant les études : je fais quoi ?

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Publié le 16/10/2017 par TRD_import_LahélaBouaziz ,
Comment reconnaître que l’on est victime de harcèlement sexuel ? Comment réagir ? À qui s’adresser ? Comment le faire cesser ? Voici les réponses aux questions que vous pouvez vous poser.

Un regard appuyé, une remarque sexiste sous couvert de « taquinerie », voire un geste déplacé et répété… le harcèlement sexuel avance souvent caché. Plus généralement dénoncé dans le cadre professionnel, il n’est pas moins présent pendant les études. Avec des conséquences qui peuvent être dramatiques, au premier rang desquelles figure la dépression et l’échec aux examens. Comme en témoigne Myriam dans le vade-mecum rédigé par les associations Clasches (Collectif de lutte anti-sexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur), ANEF (Association nationale des études féministes) et CPED (Conférence permanente des chargés de mission égalité diversité). Elle confie avoir été « destabilisée par le harcèlement sexuel d’un de [ses] enseignants, et arrêté les cours sans valider [sa] première année ».

Au-delà des études, le harcèlement est générateur de stress et d’angoisse. Le harcelé a non seulement peur de celui qui le harcèle, mais aussi des autres. Boule au ventre, isolement… ce sentiment de ne plus se sentir en sécurité peut durer des années. « Aujourd’hui encore, je vis en état permanent de stress et de peur, je suis sous anxiolytiques depuis plusieurs années », témoigne une victime dans le vade-mecum.

Drague ou harcèlement ?

Pour le collectif Clasches ce qui distingue la drague du harcèlement, « c’est que la première est agréable, tandis que l’autre met mal à l’aise « . Autrement dit, si le comportement de votre directeur de thèse, de votre professeur ou d’une autre personne vous gêne, vous « met dans une situation intimidante, hostile ou offensante, vous êtes très certainement harcelé sexuellement », peut-on lire dans le vade-mecum.

Peut-on y échapper ?

Le problème du harcèlement, c’est qu’o n ne le voit pas toujours venir. L’agresseur avance le plus souvent à visage masqué. Ça peut être un professeur « souvent apprécié des autres », précise le collectif. Il se débrouille pour que vous vous retrouviez seul(e) dans son bureau ou dans des cafés. Les occasions de harcèlement dans l’enseignement ne manquent pas. Dans un témoignage du vade-mecum, une étudiante raconte que « lors d’un oral sur un passage d’un ouvrage de Rousseau où il est question d’acte sexuel, [son] professeur en a profité pour [lui] faire des avances, [lui] demandant même [son] numéro de téléphone ».

Le harcèlement peut prendre différentes formes, un regard appuyé sur votre décolleté, une caresse sur la cuisse, une main sur les hanches, un compliment déplacé. Le harceleur agit le plus souvent sans témoins, « c’est stratégique pour destabiliser sa victime », explique Clasches.

Que faire si vous êtes victime de harcèlement ?

Évitez le plus possible de vous retrouver seul(e) avec votre agresseur. Refusez catégoriquement ses avances, et surtout parlez-en autour de vous : à vos amis, à votre famille. Vous pouvez vous tourner vers des associations comme Clasches, Stop-harcèlement-sexuel, AVFT (Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail) ou ACHP (Association contre le harcèlement professionnel), « échanger avec des personnes dans le même cas que vous ou d’autres qui s’en sont sorties est nécessairement positif », explique Clasches. Ne pensez pas que l’on va vous juger, vous n’êtes pas responsable.

Les universités sont de plus en plus nombreuses à mettre en place des dispositifs contre le harcèlement sexuel. Ainsi à l’université Sorbonne-Paris-Cité, l’Institut en santé génésique peut vous aider. L’ENS et les universités Rennes 1 et Rennes 2 ont mis en place un groupe de travail qui a pour mission de réfléchir à des actions de prévention et d’information sur le sujet. À l’université de Bordeaux, une cellule de veille a été créée contre les violences sexistes avec un numéro téléphonique et une adresse mail dédiés.

N’hésitez pas à porter plainte

Si vous êtes victime de harcèlement sexuel, surtout, portez plainte même si la procédure est lourde. Cela en vaut la peine. Plusieurs textes de loi incriminent, en effet, les violences sexuelles comme « l’injure à caractère sexuel », « l’exhibition sexuelle », « l’atteinte à la vie privée », « le harcèlement téléphonique », « le harcèlement moral » ou « la discrimination ».

Pour cela, gardez tous les éléments qui pourront attester de violences sexistes comme les SMS. Si la plainte n’est recevable que dans un délai de 3 ans après le dernier acte d’harcèlement sexuel, le collectif Clasches vous conseille de la déposer même si ce délai est passé : « Si cela ne vous servira pas à vous, ça pourra être utile pour une autre enquête concernant le même agresseur. Plus il y a de plaintes contre une personne, plus celle-ci sera vite condamnée. »

Que faire si vous êtes témoin ?

Vous avez observé un professeur, un directeur de thèse faire des avances ou avoir un comportement inapproprié avec votre ami(e) ? Cette dernière vous semble stressé(e) quand il est près d’elle ou de lui ? Elle, ou lui, qui était si joyeuse(x) se renferme de plus en plus ? Vous êtes alors peut être témoin de harcèlement sexuel. Dans ce cas, parlez-en a votre ami(e), écoutez la (le) et surtout croyez la (le). Mettez d’autres personnes au courant, des associations par exemple, et n’hésitez pas à témoigner. La victime de harcèlement doit surtout sentir qu’elle est entourée.

Attention danger !

Si vous êtes harcelé sexuellement ou que vous connaissez quelqu’un qui l’est, reportez-vous au « Guide pratique pour s’informer et se défendre » de Clasches, qui a pour but de vous faire savoir vers qui vous tourner et de vous orienter dans les procédures à suivre. Cette association féministe créée en 2002 s’adresse principalement aux étudiants.