J’ai une réputation de fille facile… Et alors ?

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Publié le 28/10/2015 par TRD_import_CarolineMichel ,
"Fille facile", "salope", "Marie-couche-toi-la"… les insultes de ce genre, vous connaissez. Que vous ou une amie soyez victime d'une mauvaise reputation au lycee ou meme plus tard, voici nos conseils pour faire face.

Entre les murs du lycée, les bruits et les rumeurs circulent vite, et ça n’a pas raté pour vous. Il a suffi d’un petit malentendu ou d’une image volée, et vous voilà cataloguée comme la « fille facile » de la promo. Si vous ne pouvez pas faire taire les mauvaises langues d’un coup de baguette magique, il y a quelques moyens d’éviter de « badtriper » de votre côté.

Prise de conscience n°1 : je prends la mesure de mon image

Nous vivons dans un monde d’apparences. Les gens ne cherchent pas plus loin et une réputation naît de ce qu’ils présument. Tout ça n’est donc qu’ une vieille affaire d’étiquettes. Ce que je donne à montrer, de mes photos sur Facebook ou Snapchat jusqu’à mon comportement IRL, suffit aux autres à me ranger dans une case.

Je prends conscience de qui je suis et de ce que je dégage. Est-ce que je suis en accord avec ma vitrine ? Je mesure tout de même le fossé qui existe entre ma personnalité et ce que les autres perçoivent de moi afin de me sentir totalement au clair et rassurée. Plus le gap est large, plus je comprends qu’on me colle, pour le plaisir, une étiquette qui ne me correspond pas.

Prise de conscience n°2 : je suis face à une inégalité homme/femme

C’est une histoire vieille comme le monde : une femme à la sexualité active est vue comme une Marie-couche-toi-là, tandis qu’un homme est considéré comme un héros. De vieux poncifs auxquels vous n’échappez toujours pas. Cette inégalité de traitement a été chiffrée fin août 2015 dans une étude américaine de l’université de Pennsylvanie : les adolescentes américaines qui perdent leur virginité voient leur popularité baisser de 45 % quand celle des jeunes hommes augmente de 88 %. Derrière ces pourcentages s’inscrit le phénomène du slut-shaming que l’on pourrait traduire en français par « humiliation des salopes ». Dès lors que les femmes ont une vie sexuelle éveillée ou que les autres décrètent comme éveillée, elles sont pointées du doigt.

Je prends donc conscience que les choses n’ont malheureusement pas évolué depuis ma grand-mère…

Prise de conscience n°3 : je dispose de mon corps

Mon corps et ma sexualité m’appartiennent. Dès lors que j’agis en pleine conscience de mes actes, que ma sexualité soit active ou timide, qu’elle se cherche encore ou s’ignore, l’essentiel est d’agir avec envie et respect. Est-ce que je me sens maître de ma sexualité ? Est-ce que j’agis pour faire comme tout le monde, suis-je poussée par d’autres ? Est-ce que je suis au clair sur mon comportement ou ce dernier m’échappe-t-il parfois ?

Je prends conscience qu’être clean avec moi-même m’aide à garder la tête haute et à créer une barrière protectrice entre moi et les autres. Autrement dit, je fais ce que je veux comme je le veux, tant que je suis d’accord avec moi-même et me sens cohérente. Si je n’ai rien à me reprocher et me sens bien dans ma vie, je ne laisserai plus mes camarades s’inviter dans mon intimité à coup de jugements violents et infondés.

Prise de conscience n°4 : collège, lycée… ton univers impitoyable

La principale question que l’on se pose lorsque nous traversons l’adolescence, période pleine de changements, concerne la normalité. Un garçon s’interroge sur la taille de son pénis (assez ? pas assez ?) et ses performances. Les filles, elles, se demandent si leurs seins sont normaux, si elles vont plaire. Des questions qui amènent les adolescents à s’observer les uns les autres et à former des groupes. À plusieurs on se sent plus fort et on engage un certain nombre de règles sur cette dite normalité afin de trouver des repères : l’âge auquel il faut coucher ou pas, les pratiques à tester ou non, comment il faut s’habiller, etc. Ces règles sont souvent puisées dans l’inégalité homme/femme mais aussi dans les films pornographiques, que vous considérez parfois comme une réalité. Voilà comment ensuite des jeunes filles se retrouvent fichées : tu connaissais la règle et tu as couché, tu es exclue. Instantanément, la personne est rejetée du groupe et on lui mène la vie dure.

Je prends conscience que cette période de ma vie est faite de questionnements, que nous cherchons tous à exister, à briller. Et que les auteurs des insultes sont souvent ceux qui se posent le plus de questions concernant leur propre sexualité et leur popularité.

Prise de conscience n°5 : je peux et je dois en parler

Si tout va trop loin, si je souffre de cette situation et suis victime d’insultes incessantes, la première chose à faire pour sortir de ce schéma est de me confier. Souvent, les ados craignent deux choses : que leurs parents soient mis au courant mais aussi les représailles de leurs petits camarades. Il existe le numéro vert lancé par le gouvernement contre le harcèlement scolaire 0 808 807 010 ainsi que le numéro vert de Fil Jeunes Santé 0800 235 236. Tous deux sont gratuits et anonymes. De plus, au sein des établissements scolaires, je ne dois pas hésiter à parler à un adulte référent (infirmière, CPE, professeur…). Un accompagnement peut s’avérer indispensable pour sortir de ce schéma.

6 CITATIONS QUI FONT RÉFLÉCHIR

« Les réputations se font sur des méprises. »

René Etiemble

« Il est plus facile de s’arranger avec sa mauvaise conscience qu’avec sa mauvaise réputation. »

Friedrich Nietzsche

« La présence diminue la réputation, l’absence l’augmente. »

Baltasar Gracian y Morales

« Il est presque toujours en notre pouvoir de rétablir notre réputation. »

François de La Rochefoucauld »

Je ne fais pourtant de tort à personne, en suivant mon ch’min de petit bonhomme ; mais les brav’s gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux… »

Georges Brassens, « La mauvaise réputation »

« Le temps, qui seul fait la réputation des hommes, rend à la fin leurs défauts respectables. »

Voltaire

REMERCIEMENTS

Merci à Audrey Akoun , psychothérapeute positive et co-auteure de « Je dis stop à la pression » aux éditions Eyrolles, à Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue, auteur de « Inventer le couple » aux éditions Odile Jacob.

Merci à Hélène Romano, docteur en psychopathologie et auteure de « Harcèlement en milieu scolaire » aux éditions Dunod.