Porno : les ados sous influence ?

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Publié le 14/04/2017 par TRD_import_MargauxLidon ,
Selon un sondage de l’IFOP, un adolescent sur deux a déjà surfé sur un site proposant des contenus pornographiques. Ces films souvent stéréotypés et potentiellement choquants ont-ils des conséquences sur leur sexualité ? Les jeunes prennent-ils ces scènes de sexe au premier degré ou avec un regard plus distancié ? Témoignages.

« J’ai vu ma première vidéo pornographique à 13 ans. Au collège mes amis en parlaient, alors par curiosité j’ai regardé », explique Nicolas, 22 ans. Nicolas se situe dans l’âge moyen du premier visionnage d’une vidéo pornographique : 14 ans précisément. Près d’un garçon sur deux (48 %) et plus d’une fille sur trois (37 %) estiment que la pornographie a participé à l’apprentissage de leur sexualité et 44 % des adolescents ayant déjà eu des rapports sexuels ont essayé de reproduire des scènes vues dans des films.

Pourquoi on en regarde ?

Les sites pornographiques sont aujourd’hui facilement accessibles et majoritairement gratuits. « Au début, je regardais par curiosité, parce que j’en entendais parler à l’école. Mais avec le recul, je trouve que c’était malsain. Quand on y pense, c’était très tôt », continue Nicolas. En majorité, les ados considèrent que cette première expérience était prématurée. Damien, 25 ans, a regardé son premier film pornographique à l’âge de 11 ans. « C’était avec mes camarades de classe en 6e. Aujourd’hui sa consommation est quasi quotidienne. C’est uniquement du divertissement », explique-t-il.

Pour Laura, 21 ans, la pornographie permet de s’auto-satisfaire : « On m’en avait parlé et j’ai été curieuse. Maintenant j’en visionne une à deux fois par semaine, par envie. C’est également un moyen de passer le temps, comme je suis à distance de mon copain : je le fais pour me procurer du plaisir quand il n’est pas là « . Pour eux, le porno se limite au visionnage, mais d’après le sondage de l’IFOP, près d’un ado sur deux a tenté de reproduire des scènes vues dans ces films.

Des relations sexuelles conditionnées par les films porno ?

Giovanni, 24 ans, reconnaît avoir testé différentes pratiques, s’inspirant de films porno : « Au départ, ça me faisait rire, c’était pour le fun. Ma copine était d’accord, donc on a essayé et on a plus rigolé qu’autre chose. Ça ne rendait pas pareil que dans le film, et c’est ce qui est drôle. On a tout de suite arrêté de se prendre pour des acteurs, et c’était mieux comme ça ». Si les pratiques sont souvent enviées du fait de démonstrations intenses du plaisir sexuel, il ne faut pas oublier que ce sont des mises en scènes, jouées par des acteurs.

« Il n’y a aucun rapport entre ma vie sexuelle et le porno, dit Damien. Ce sont deux choses différentes. Le porno, c’est bien pour se masturber, sinon ça ne sert à rien. Le sexe est un acte naturel, et je ne vois rien de naturel dans le porno, c’est du cinéma. » Pour Laura, il ne faut pas tout mélanger : « Pour moi, c’est pas de l’amour, ça ». Nicolas confirme : « Le porno est sans saveur, tout est faux ! C’est une invention banalisant tout rapport au sexe qui entraîne une fausse idée sur ce qu’est un rapport sexuel « , explique-t-il.

À consommer… avec discernement

Le porno véhicule une image de la femme souvent négative : elles apparaissent comme des objets sexuels. « Il y a comme une soumission de la femme à l’homme. On véhicule quoi à travers ça ? » se demande Nicolas. Pour lui, cette banalisation de la sexualisation entraîne de fausses idées. « Il suffit de regarder les clips de Beyoncé, Rihanna, Nicki Minaj… L’industrie du sexe a un impact négatif sur le rapport à l’acte sexuel, ou l’esthétique. »

Or cette industrie, comme toute autre, obéit à certains codes. Son objectif : vous rendre accro. Alors, à chacun de bien garder en tête que c’est un divertissement. Il ne vous viendrait pas à l’idée de reproduire les cascades d’un film d’action, n’est-ce pas ?