APB me stresse, je ne sais pas quoi choisir !

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Publié le 10/03/2017 par bettybetzy ,
Vous êtes perdus dans les quelque 12.000 formations présentes sur Admission postbac ? C’est aussi le cas de Bilal, Margaux, Clémence... Ils témoignent de leurs difficultés à faire leurs choix d’orientation.

« Pfff, j’ai rien à mettre ! » râle Margaux, 17 ans, en terminale S. Ce constat ne concerne pas sa garde-robe… mais ses vœux sur APB !

Pas évident, quand on a 17 ou 18 ans, d’imaginer que l’on joue son avenir sur un logiciel du ministère de l’Éducation nationale. Les possibilités sont nombreuses… et c’est bien là tout le problème ! Pour ceux qui ont une vocation précoce d’être informaticien, médecin ou architecte, compléter son dossier APB se résume à des démarches administratives, voire quelques lettres de motivation à rédiger… Ce qui peut déjà être source de stress.  » Je ne sais jamais quoi mettre pour prouver que j’ai envie d’aller en psycho , s’inquiète Nox, 20 ans, qui prépare un bac S avec le Cned à Évry (91). Tous les candidats vont dire qu’ils s’intéressent au comportement humain, comment se démarquer ? »

Pour la majorité d’entre vous, qui n’avez pas d’idée précise, l’affaire se complique encore. Comme pour Bilal, 17 ans : « APB, j’en entends parler depuis la seconde, en AP [accompagnement personnalisé]. Mais c’était abstrait. *J’ai toujours été dans l’optique d’avoir mon bac, je ne me suis jamais projeté après ! » *explique ce lycéen, en terminale scientifique à Villers-Cotterêts (Aisne).

Trop d’informations

Même si le jeune homme reconnaît que le moteur de recherche de la plate-forme est « facile à prendre en main », il trouve qu’il y a « énormément de choix ». Près de 12.700 au total ! Ce qui implique de prendre le temps de se pencher sur les fiches d’informations des établissements pour faire ressortir celles qui vous intéressent le plus. « Je ne m’attendais pas du tout à ça, admet Bilal. Je pensais que ça serait réglé en deux jours ! »

Prenant son courage à deux mains, depuis le mois de décembre, le lycéen s’est rendu à la journée portes ouvertes de l’UTC (Université de technologie de Compiègne), aux Cordées de la réussite, au salon de l’Etudiant à Amiens, au salon des Anciens de son lycée… Une véritable course à l’information !

« Le problème, c’est que je sais ce que je ne veux pas faire… mais pas ce que je veux faire « , soupire Bilal. Margaux est dans une situation similaire : « Il y a tellement de choses à découvrir que je ne sais pas quoi choisir. Et j’ai peur de mettre un vœu en premier choix et de le regretter, car mon deuxième vœu était tout aussi intéressant… »

Lire aussi : Pourquoi APB nous fait stresser ? Les réponses d’une experte

Le risque d’auto-sélection

Clémence, 17 ans, en filière S dans un lycée agricole en Avignon, n’est pas plus optimiste sur ses chances de réussite dans la filière de ses rêves, une prépa agro-véto. « J’avais cette envie depuis la première, mais mes résultats ont chuté en terminale, alors que je travaille. J’ai donc décidé de revoir mes ambitions, car je ne peux plus y prétendre. »

Une autocensure plus fréquente chez les filles que chez les garçons , comme en témoigne Françoise Vouillot, psychologue, enseignante-chercheure spécialiste du genre et de l’orientation scolaire et professionnelle. « Quand les filles de seconde ont entre 8 et 13-14 de moyenne, elles ne sont que 27 % à demander une première S, contre 41 % des garçons de même niveau. Il y a bien un phénomène d’auto-sélection », détaille la chercheure, coauteure de l’étude « Division sexuée de l’orientation et procédures d’orientation, les demandes d’accès des filles et des garçons à la première S », parue dans la « Revue française d’éducation comparée » en 2015.

L’explication tient au sentiment d’efficacité personnelle, plus prégnant chez les filles. Autrement dit, « leurs choix sont influencés par la confiance qu’elles ont dans la capacité à réussir » , explique Françoise Vouillot.

Des stéréotypes véhiculés par la société

Mais aussi, par des stéréotypes de sexe encore trop présents, qui font que les filles seront moins orientées dans les filières techniques des lycées professionnels ou dans les classes prépas scientifiques.

D’où l’importance de la manière dont s’est faite la socialisation des enfants au sein de leur famille : « Dans les familles où les parents associent les filles au bricolage, les garçons aux tâches domestiques, il y aura moins de stéréotypes dans les choix d’orientation « , conclut la psychologue.

Lire aussi : En France, les filles boudent les sciences, surtout le numérique

Des parents en soutien…

Vos parents ont en effet un rôle important à jouer dans vos choix d’orientation. « Ma mère veut que je sois vraiment sûre de mon choix de tenter le concours d’orthophoniste », souligne Hermine, 17 ans, en terminale S à Elbeuf (76). « Ça fait longtemps que j’ai cette idée. J’ai même fait mon stage de troisième chez une orthophoniste ! » lance la jeune femme.

Pour rassurer ses parents, en plus des classes préparatoires au concours, qui ne figurent pas sur le portail commun, Hermine a créé un dossier APB dans lequel elle a ajouté des formations d’ingénieurs en biotechnologie et une licence en chimie. « Mes parents me laissent faire mes choix, et ils m’aident si j’ai des questions », ajoute-t-elle.

Dans l’Aisne, Bilal a aussi bénéficié du soutien de ses parents. « Quand j’ai commencé à aller sur Admission-postbac, j’étais tellement désemparé que je frôlais la crise d’angoisse. Voyant cela, ma mère m’a dit : ‘On se prend une journée où l’on ne fait que ça !’ Cela a été une très longue journée… » grimace le lycéen.

Du côté d’Avignon, les parents de Clémence « ne se sont pas trop penchés sur APB, mais ils ont fait les salons et journées portes ouvertes » avec elle.

… sous condition de réussite

Autre aspect important : le coût des études. « Mes parents m’ont dit que si je choisissais quelque chose qui me plaît et que les résultats étaient au rendez-vous, ils assureraient derrière », confie Clémence. Idem pour Bilal : « Ils me payent mes études, et en retour, je dois bosser et réussir ma vie ! »

Une condition de réussite qui pèse aussi sur les choix des lycéens. « Ce que je crains le plus, c’est de me retrouver dans une filière qui avait l’air bien mais ne me plaît pas au final », confesse Clémence. « Ma grosse angoisse, ce n’est pas APB, mais de me tromper de voie », appuie Bilal.

Finalement, ce n’est pas tant le syndrome de la feuille blanche – ou du dossier APB vide – qui vous paralyse, élèves de terminale, mais plutôt la responsabilité qui vous incombe, souvent pour la première fois, de faire un choix important pour la suite de votre vie. Un premier pas à franchir vers votre vie d’adulte…

Pour en savoir encore plus sur APB : rendez-vous sur letudiant.fr