Bac : les parents, plus stressés que nous ?

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Publié le 06/06/2017 par TRD_import_ClaireChédeville ,
À l’approche du bac, il ne suffit pas que votre stress grimpe en flèche, il faut aussi que vous subissiez celui de vos parents. "Bons" conseils et remarques culpabilisantes se succèdent dans leur bouche. Comment vous préserver de cette angoisse encombrante ? Paroles de candidats sous pression.

Flora, en terminale communication et plurimédia à Paris

« Ma mère essaie de ne pas trop montrer son stress même si parfois elle explose. C’est plus fort qu’elle : quoi que je fasse, elle trouve que je ne travaille pas assez. Mais je peux la comprendre, mon frère aîné a dû passer l’examen deux fois avant de l’obtenir, et elle a peur que ça m’arrive aussi ! Alors, elle me programme des séances de révisions pour se rassurer. Elle me fait réciter mes fiches, me donne des exercices et elle me fait répéter mes oraux deux heures tous les soirs. Je vis ces moments avec humour, ce qui parfois l’angoisse encore plus. Finalement, je gère plutôt bien son stress car ça ne m’atteint pas. D’ailleurs je ne suis pas du tout stressée par le bac, je sais que je vais l’avoir, j’ai confiance en moi. »

Antoine, en terminale économique et sociale à Paris

« C’est devenu un rituel. Tous les soirs mes parents rentrent du travail et me demandent si j’ai bien travaillé aujourd’hui et surtout combien de temps. Si mes réponses ne leur conviennent pas, ils n’hésitent pas à me rappeler que je risque de louper mon bac. Alors, pour leur faire plaisir, je me force à travailler comme un forcené. J’essaie de me convaincre qu’ils ont besoin d’être rassurés. Je travaille devant eux, je leur pose des questions et je leur montre que je me sens impliqué. Je veux me donner à fond. Par exemple, j’apprends mes leçons par cœur parce que je suis persuadé que mes parents vont me tester à table. J’ai vraiment hâte que ces épreuves soient passées pour tourner la page. Je pense que mes parents sont stressés parce que mon frère a eu la mention très bien. Vous imaginez la pression ! Mon niveau est un peu moins élevé et ils le savent. C’est sûrement la raison pour laquelle ils sont autant derrière moi. »

Amandine, en terminale littéraire à Paris

« Depuis quelques jours, ma mère ne dort plus parce qu’elle est obsédée par les épreuves. Elle fait des cauchemars sur mon échec au bac et à l’épreuve majeure de philo, coefficient 7. Tous les matins, au petit déjeuner, elle écrit sur un tableau noir dans la cuisine le décompte des jours restants avant l’épreuve. Ce matin, elle a écrit : J-11 – épreuve de philosophie. Il n’y a pas meilleur réveil ! Elle me stresse vraiment parfois. J’ai l’impression que c’est elle qui va passer le baccalauréat. D’ailleurs, ma mère révise toujours avec moi. Il faut que je gère son stress en prenant du recul et en dédramatisant. Ensuite seulement je peux me détendre. Je suis une vraie boule de nerfs en ce moment. Surtout que les réflexions de ma mère ne sont pas légitimes à mon avis. Quand elle avait mon âge, elle a raté l’examen. Mon père tente de calmer le jeu et de nous rassurer toutes les deux. Mais rien n’y fait. Finalement, elle me fait énormément réviser et c’est plutôt positif. Je serai forcément prête pour le jour- J. »

Guillaume, ancien bachelier scientifique en 2009 à Chantilly

« C’est une période qui m’a énormément marqué car mes parents se sont laissés submerger par leur stress. À l’époque, si jamais un jour j’avais le malheur de moins travailler ou de faire une pause, c’était le drame ! Ils me faisaient des remarques en permanence pour me pousser à travailler. Mais cela me faisait l’effet inverse, je n’avais plus envie de rien faire. Je sortais avec mes amis et je ne révisais plus. Mes parents sont même allés jusqu’à me priver plusieurs fois de sortie. C’était vraiment difficile car ils n’étaient jamais satisfaits de mon travail, même si je révisais plusieurs heures le soir. Je n’étais pas à la hauteur de leurs attentes. De plus, ils ne voyaient pas que leur stress avait un impact vraiment négatif sur moi. Alors, j’ai géré cette épreuve à ma manière. Je suis parti de chez moi et j’ai habité chez ma grand-mère, le temps de passer mes examens. Quelques semaines après, je suis revenu avec le bac en poche et enfin, j’ai eu le droit à des félicitations et même à des excuses ! »