Brouillé(e) avec les parents mais encore étudiant(e) : comment s’assumer

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Publié le 15/04/2015 par TRD_import_VirginiePlaut , mis à jour le 28/09/2023
Continuer ses etudes sereinement quand on a decide, quelle que soit la raison, de couper les ponts avec ses parents, n'a rien d'evident. Sachez cependant que des aides specifiques existent. Tour d'horizon des demarches a effectuer.

« Je me souviens précisément du jour où j’ai fait mes affaires et je suis partie de chez ma mère, explique Aïda. C’était après une nouvelle crise d’hystérie de sa part… c’est étrange. Sur le coup, j’ai eu l’impression que ce n’était pas prémédité, que c’était un coup de tête. Mais en réalité, en y repensant, je crois que c’était en fait très réfléchi, que je savais que je ne pouvais plus continuer comme ça. » Mais, du jour au lendemain, la jeune fille, qui venait d’entrer à l’université, a dû se débrouiller toute seule ou presque. « Les parents d’une copine m’ont hébergée pendant quelques semaines, le temps que je puisse me retourner… mais après, j’ai dû m’assumer. Ça n’a pas été simple tous les jours mais finalement j’y suis arrivée. »

Ne pas hésiter à demander de l’aide

Ce genre de situations, Marie Christine, responsable des études à l’université de Bourgogne, les connaît bien.  » Les étudiants en situation de rupture familiale sont bien plus nombreux qu’on ne l’imagine, assure-t-elle. Ce qui est triste, c’est que la plupart du temps, on ne découvre tout cela qu’une fois qu’ils sont en échec. Souvent, il est trop tard pour les aider à sauver leur année. Et malheureusement, quand ils ont raté une année, ces jeunes ont du mal à se motiver pour redoubler. »

Elvira fait partie de ces étudiants qui ont fini par baisser les bras. « Je n’en suis pas fière… mais tenir tête à mes parents qui voulaient que je me marie et que j’arrête mes études, couper les ponts avec eux, réussir à survivre sans eux, travailler en plus de mes études… ça m’avait coûté déjà beaucoup d’énergie. Alors recommencer mon année, repartir en arrière, ça me paraissait le bout du monde », reconnaît la jeune femme.

Mais trois ans plus tard, la situation a évolué :  » Aujourd’hui, je vis avec mon compagnon, qui lui travaille. Il m’a encouragée à reprendre mes études. Après tout, c’était l’une des raisons pour lesquelles j’étais partie de chez moi ! Alors j’ai recommencé à la rentrée dernière. Ça m’a fait un bien fou ! »

Des aides spécifiques pour les étudiants en rupture familiale

Ce qu’Elvira et les autres étudiants dans son cas ignorent souvent, c’est que, même sans leur parents, ils ne sont pas tout à fait seuls et peuvent obtenir de l’aide. « Nous expliquons à nos étudiants qu’en cas de problème, quel qu’il soit, il faut qu’ils viennent nous voir le plus tôt possible, insiste Marie-Christine. Nous pouvons les orienter. La première chose à faire, c’est de prendre rendez-vous avec une assistante sociale du CCAS (centre communal d’action sociale) de leur ville. Elle pourra les conseiller, éventuellement les aider à trouver un logement, une place dans un foyer… L’autre démarche urgente, c’est d’aller exposer leur situation au CROUS. Ils pourront les aider à trouver une place en résidence universitaire. Et surtout, ils leur expliqueront comment obtenir les aides financières qu’ils pourront percevoir. »

Car même si les revenus de vos parents (pris en compte dans le calcul) ne vous permettent pas d’obtenir une bourse sur critères sociaux, il existe d’autres aides spécifiques. C’est le cas notamment des aides d’urgence ponctuelles, que vous pouvez obtenir au moment de votre départ de chez vos parents, pour faire face à vos premières dépenses. Mais il existe aussi des aides annuelles destinées aux étudiants en situation de rupture familiale.

Ce sont ces aides qui ont permis et permettent encore à Aïda de poursuivre ses études d’anglais.  » Aujourd’hui, je touche environ 4.500 € par an par le CROUS. Et j’ai une place en résidence universitaire. Cela ne suffit pas totalement, je travaille dans un fast-food le week-end pour compléter. Mais toute la semaine, je peux me concentrer sur mes études. Et ça, c’est un vrai confort. »

Mais au-delà de la situation matérielle, Marie-Christine insiste sur le besoin d’accompagnement psychologique de ces jeunes. « Couper les ponts avec ses parents n’est pas anodin. Même si la vie à la maison était insupportable, cela représente un véritable séisme qu’il ne faut surtout pas sous-estimer. Nous insistons auprès de ces étudiants pour qu’ils ne s’isolent pas. Qu’ils restent en contact avec une partie de leur famille s’ils le peuvent, qu’ils soient entourés de leurs amis… Et nous leur recommandons de rencontrer nos psychologues sur le campus. »