Ciao les parents ! Et au fait, on se voit quand ?

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Publié le 11/03/2016 par TRD_import_ClémentineDelignières ,
Depuis votre départ de la maison, votre père vous assaille de coups de fil, alors que votre mère ne daigne vous écrire un e-mail que toutes les deux semaines. Quant à vous, vous n’avez pas encore trouvé le bon rythme pour vos retours le week-end… Trendy vous donne les clés de l’équilibre.

D’abord, pas d’inquiétude : quitter la maison ne modifiera pas le lien affectif avec votre famille. Mais, avec l’éloignement, la relation va petit à petit se trouver bouleversée. Vous passerez, au fil du temps, du besoin de vos parents (tâches ménagères, finances…) à la seule envie de les voir. « Vous évoluez vers un rapport d’adulte à adulte, explique Natacha Maubant, psychologue et psychothérapeute familiale. Toutefois, vous n’avez pas encore atteint ce stade final : souvent, il reste une relation de dépendance lorsqu’on est étudiant. Il s’agit d’une phase de transition importante et trouver le bon équilibre nécessite du temps. »

Prenez votre temps pour trouver votre rythme **

La première année pose les bases d’un rythme. En général, vous allez rencontrer de nouvelles personnes dans votre ville d’adoption et retournerez de moins en moins à la maison. Mais ce n’est pas toujours le cas. Fanny, 20 ans, étudiante à Lyon, rentre encore tous les week-ends dans sa ville d’origine. « Je retrouve à Clermont-Ferrand amour et amitié, pas seulement la famille. J’ai fait le choix de garder ma vie sociale là-bas. »

L’an dernier, elle appelait ses parents encore plusieurs fois par jour. Natacha Maubant connaît cette situation : « Pour certains, il peut être vraiment compliqué de passer d’un environnement familier, à une ville où on doit faire face à la solitude, gérer le quotidien… L’étudiant demeure alors en grande demande face à ses parents. » Ne résistez pas, rentrez souvent si vous en sentez le besoin et donnez-vous du temps pour vous adapter.

Affirmez votre autonomie

Tout dépend de vos envies. Et de celles de votre famille… qui traverse aussi cette phase de changements. Lorsqu’il est parti en internat dans un lycée grenoblois, à 16 ans, Jocelyn a beaucoup gagné en autonomie, et les coups de fil incessants de sa mère lui sont devenus insupportables. Aujourd’hui, six ans plus tard, l’étudiant a trouvé un mode de fonctionnement : « Je ne réponds pas. Elle me laisse un message et je la rappelle quand je suis disponible, parfois deux semaines après. Je n’ai pas envie de tout raconter par téléphone… » Sa famille a fini par comprendre son désir de se débrouiller seul.

Parlez-en ensemble, sans reproches. « Plutôt que de leur balancer un ‘J’en ai marre, tu m’appelles trop !’, expliquez à vos parents que vous avez besoin de temps pour vous, puis faites des propositions, recommande Natacha Maubant. Si, à l’inverse, vous vous sentez délaissé et voulez davantage d’échanges, exprimez-le. Cela varie en fonction de la situation et de votre relation, mais une moyenne de deux-trois fois par semaine au téléphone semble suffisante pour conserver un lien. S’appeler tous les jours me paraît excessif, si cela dure, car une telle relation ne participe pas à votre autonomie. »

Ne cédez pas à la culpabilité

Un sentiment revient souvent chez les étudiants : la culpabilité. À 19 ans, Akhésa, qui a très mal vécu son départ d’Aix-en-Provence pour étudier à Paris, le connaît bien. « J’ai toujours été le soutien de la famille, mais je ressentais le besoin de partir loin de chez moi. Au début, je m’en voulais vraiment de laisser ma mère seule avec mon petit frère. Surtout quand je comprenais au téléphone qu’elle n’allait pas bien. »

Les mois passant, naturellement, Akhésa se détache de ce sentiment, et sa mère s’entoure d’amis. La psychologue le confirme : « La culpabilité n’est bonne pour personne. Cela signifie que les parents transmettent leur anxiété. L’étudiant peut leur soutenir qu’il est dans l’ordre des choses qu’il prenne son envol… mais c’est à eux de se demander pourquoi il reste un tel vide lorsque l’enfant part. »

Fixez des limites

Natacha Maubant reçoit aussi des jeunes en difficulté par rapport à l’argent : « Lorsqu’il n’y a pas une très bonne relation familiale, cela se retrouve en général dans la question des finances. Certains parents s’en servent comme moyen de contrôle, pour entretenir un lien de dépendance. Ils poussent l’étudiant à revenir souvent, toujours en jouant sur la culpabilité. » Dans ces cas-là, n’attendez pas, car le problème augmente avec le temps. Discutez clairement des besoins de chacun et tentez d’établir des règles : si vous leur êtes reconnaissant de leur aide financière, vous pouvez également faire vos courses seul, gérer votre compte bancaire à votre guise…

La relation d’adulte à adulte se construit pas à pas, avec patience, affirmation de soi et prise de responsabilités réciproque.