Contre le harcèlement scolaire, des zones de respect

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Publié le 09/11/2017 par TRD_import_MarcBonomelli ,
Fondateur de l'association Respect Zone, Philippe Coen est l'auteur du livre "Internet contre Interhate", un plaidoyer où le juriste présente 50 résolutions pour lutter contre la haine sur les réseaux sociaux. À l'occasion de la journée contre le harcèlement scolaire, nous l'avons interrogé sur les moyens d'endiguer ce fléau.

Quels sont les chiffres du harcèlement scolaire en France ?

Chaque année, nous faisons paraître un baromètre des insultes et du respect. Près de 20 % des élèves entre 12 et 16 ans ont été exposés au harcèlement, 4 élèves sur 10 confient avoir été soit témoins, soit victimes. 60 % d’entre eux se sont plaints du manque de recours. Il faut savoir que 40 % des harceleurs ont été eux-mêmes harcelés. D’ailleurs, beaucoup d’anciens harceleurs essaient de sensibiliser les jeunes : celui qui brutalise est aussi traumatisé.

Comment distinguer humour moqueur et harcèlement ?

C’est une question de contexte. La fausse excuse du : « C’était pour rire » cache en réalité un : « C’était pour te faire mal ». Si l’un des deux ne rit pas, le « contrat d’humour » échoue. Je lance un appel aux enseignants : nous avons besoin d’eux pour apprendre aux jeunes à se respecter les uns les autres. Cela s’apprend, tout comme apprendre à conduire. Il est indispensable de sensibiliser les jeunes générations : plus on est exposé à la haine, moins on y est sensible.

Les réseaux sociaux ont-ils changé le visage du harcèlement ?

Le harcèlement est vieux comme le monde, mais les réseaux sociaux ont ajouté la massification, l’immédiateté et la permanence. Prenons le cas d’une fille qui a été refusée comme amie sur Facebook par une autre. Pour se venger, elle trouve un groupe de cyberclash, un site qui mutualise des revanches collectives. Ces groupes de 36.000 abonnés sont à votre disposition pour une vengeance collective.

La victime a fait l’objet de menaces de mort. Notre association a réussi à faire fermer le groupe des harceleurs. Avant, quand vous étiez la cible de harcèlement, le phénomène s’arrêtait une fois rentré à la maison. Aujourd’hui, c’est un phénomène continu.

Comment témoins et victimes peuvent-ils lutter contre le harcèlement scolaire ?

En affichant le label Respect Zone, sur sa carte étudiante, sa photo de profil, les murs de son collège… Dans tous les établissements labellisés, les problèmes de harcèlement sont mieux traités. Il faut instaurer une politique de prise de conscience. Lorsqu’un établissement est labellisé, il est plus facile à un collégien de faire un signalement. Des élèves peuvent être ambassadeurs référents, et faire de l’éducation de pair à pair. C’est ainsi qu’on améliore le climat scolaire.

« Internet contre Interhate : plaidoyer pour le respect, 50 propositions pour détoxer les réseaux sociaux », Philippe Coen, Le bord de l’eau éditions, octobre 2017, 120 pages, 16 €.