Harcèlement sur le Net : que faire si ça vous arrivait ?

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Publié le 06/11/2012 par TRD_import_VirginiePlaut ,
Comment reagir si une video intime de vous circule sur le Net ou si vous subissez des menaces sur le Web ? Sans vous couper de tout contact via Facebook et autres Skype, quelques precautions d'usage sont a connaitre pour que cela ne vire pas au drame comme l'ont montre les suicides de trois adolescents ces derniers mois.

Sur le coup, Maxime* a cru à un petit miracle. Lui, le garçon discret – voire transparent – et très bon élève de terminale S recevait un message Facebook d’Alexia*, l’une des filles les plus populaires du lycée. « Elle me disait qu’elle m’avait remarqué depuis longtemps, se souvient-il. Mais qu’elle n’osait pas m’aborder, qu’elle se sentait bête à côté de moi… et plein de choses du même genre. » Les échanges durent quelques semaines, ils s’envoient des déclarations enflammées… mais Alexia insiste pour que tout reste secret. « Tellement romantique », assure-t-elle. De fil en aiguille, les conversations prennent un tour plus érotique et elle finit par le convaincre de se déshabiller pour elle devant sa webcam.

Le lendemain, en arrivant au lycée, il découvre que la vidéo a tourné en boucle sur les réseaux sociaux et que sa relation « cyber-épistolaire » n’était en réalité qu’une blague cruelle de la part d’une bande d’amies. « Ça a été l’enfer », reconnaît-il. « Tout le monde riait sur mon passage, certains m’imitaient en train de me déshabiller, d’autres faisaient des bruitages… J’ai même été convoqué par mon professeur principal qui avait entendu parler de cette histoire. J’ai inventé des maladies, j’ai séché les cours. Je voulais abandonner le lycée et recommencer l’année d’après ailleurs. Finalement, la CPE m’a convoqué. Elle m’a dit qu’elle aussi avait été harcelée par des camarades au lycée, qu’il fallait que je m’accroche, que j’allais pouvoir intégrer une prépa ou une école d’ingénieurs, que je n’allais pas tout gâcher. Alors j’ai serré les dents et, au bout de quelques semaines, les moqueries se sont atténuées. Mais j’ai été plus que soulagé de voir arriver la fin de l’année. »

Prendre conscience que tout est quasiment indélébile sur le Net

Aujourd’hui, tout ceci n’est qu’un douloureux souvenir pour Maxime, mais pour certaines victimes de cyber-harcèlement, l’issue peut être tragique comme l’a rappelé le suicide en octobre dernier d’un jeune homme brestois piégé par des maîtres chanteurs inconnus. Pour éviter un tel danger, mieux vaut respecter quelques règles de sécurité. « Il faut être conscient que tout ce qui se retrouve sur Internet est quasiment indélébile », insiste Jean-Paul Pinte, maître de conférences à l’université catholique de Lille, expert en veille stratégique et lieutenant colonel de gendarmerie de la réserve citoyenne. Y compris lorsqu’il s’agit de ce qui ne devrait être qu’éphémère.  » Même avec un tchat instantané, rien de plus simple que de copier la discussion et de la faire circuler, assure-t-il. Quant à la webcam, il existe des logiciels accessibles à tous qui permettent de capturer les vidéos très facilement. La première règle est la prudence ! » (lire à ce sujet notre article Attention à votre image sur les réseaux sociaux”)

Comment réagir, même quand il est trop tard ?

Mais que faire quand on s’est laissé déborder ? Pour commencer, vous pouvez tenter de vous expliquer (hors des réseaux sociaux !) avec votre harceleur. Ou, si le dénigrement a eu lieu sur un forum, contactez le propriétaire en lui expliquant que vous pouvez l’attaquer pour diffamation. N’hésitez pas à faire appel aux autorités. « Il suffit de faire une copie de la page qui vous porte préjudice et d’aller sur le site de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) ou de celui du gouvernement pour porter plainte et faire retirer la page en question », explique Jean-Paul Pinte. « Si l’atteinte est caractérisée, le retrait peut se faire très rapidement. »

Sachez enfin que vous pouvez faire appel à un « nettoyeur du Net » (par exemple « Net Offensive », « Réputation squad »ou « agence CSV »). L’idée n’est pas de supprimer les atteintes mais de les « noyer », c’est-à-dire de les reléguer au fin fond du référencement de Google, et de les remplacer par des pages au contenu positif. Un tour de passe-passe qui a un certain coût : entre 100 et 3.000 € selon la difficulté (les problèmes des étudiants relevant le plus souvent de la fourchette basse). Le prix à payer pour sauvegarder sa réputation en cas de dérapages.

(*) Les prénoms ont été modifiés

Des outils pour veiller à votre image

Sachez que vous pouvez vérifier que personne ne porte atteinte à votre réputation sur Internet. Ces outils vous y aideront :

– Backtype : pour surveiller les commentaires laissés sur vous.

– Samepoint : pour les informations postées sur les réseaux sociaux et les blogs.

– Ice rocket : pour remonter les informations et les images présentes sur les réseaux sociaux.

– Blog Pulse : pour chercher des expressions et mots clés sur les blogs.

– Search-twitter.com : pour surveiller ce qui se dit sur vous sur Twitter (y compris si vous n’y êtes pas !)

À lire aussi sur letudiant.fr :

Les conseils du CPE de Ma vie de lycéen en cas de harcèlement.

“Je suis la tête de Turc de ma classe”.