J’ai beaucoup (trop) de colère en moi

No thumbnail
Publié le 16/05/2017 par TRD_import_IsabelleGonse , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_IsabelleGonse
Se mettre en colère, c’est naturel et c’est même très sain. Mais quand elle déborde ou qu’elle a du mal à sortir, c’est plus compliqué à gérer. Témoignages d’étudiants qui ont trouvé des parades.

Comme la joie, la tristesse et la peur, la colère est une émotion primaire tout à fait légitime et partagée par tous. C’est une réaction de protection pour défendre son intégrité et son territoire et un symbole de survie , comme chez le bébé qui pousse des cris de colère pour réclamer à manger.

« Il ne faut pas la nier ou se sentir coupable de la ressentir, car cette colère a une fonction positive. Elle nous signale que nos limites ne sont pas respectées, qu’une frontière qui n’aurait pas dû être franchie l’a été ou que certains de nos besoins vitaux ne sont pas satisfaits », explique Marion Sarazin, psychothérapeute et coach. Le problème, c’est que cette émotion saine conduit parfois à des réactions disproportionnées ou violentes… Que vous risquez de regretter ensuite.

Les raisons de la colère

« Quand mon frère de 17 ans joue à l’ado insupportable, ça me met vraiment en colère, raconte Camille, 19 ans. Comme récemment, lors d’un week-end en famille à la mer où il a fait la tête tout le temps. Dans ce cas, je crie très fort, je lance des grossièretés et mes mots dépassent ma pensée. Cela m’arrive aussi avec des amis proches… Une fois calmée, je me sens pathétique ! Pour me faire pardonner, je fais des câlins, c’est plus simple que les mots. » Écrire dans son journal l’aide aussi à prendre du recul et à calmer le jeu.

Chez certains, la colère peut conduire à l’agressivité et à des gestes violents. « Plus jeune, je me bagarrais tout le temps, avoue Franck, 21 ans. J’ai aussi cassé pas mal de placards et plusieurs raquettes de tennis. Après, je me sentais mal et je me repliais sur moi-même pendant des heures, voire des jours. Aujourd’hui, même si je bouillonne de l’intérieur, je ne le montre pas… Et j’ai plutôt tendance à retourner la colère contre moi. » Comme Camille, il a le sentiment désagréable de ne pas savoir exprimer sa colère de façon acceptable. De perdre le contrôle et de ne pas en être fier.

Colère étouffée, colère mal gérée ?

Clara, 19 ans, a plus de mal à se lâcher. « Quand je suis en couple, je n’arrive pas à m’énerver ou à exprimer mes sentiments… J’ai connu plusieurs ruptures, à chaque fois, j’étais en colère contre mon ex et contre moi-même et je m’en suis voulu de ne pas avoir su dire les choses alors que nous étions encore ensemble « , regrette-t-elle.

Cette difficulté peut être liée à l’éducation que l’on a reçue : si les parents nient les émotions légitimes de l’enfant, s’ils lui disent qu’il est « méchant » quand il montre sa colère, il va apprendre à la cacher et perdre le contact avec ses ressentis. À force, la colère peut faire place à de la tristesse, de la culpabilité, ou se reporter sur d’autres sujets.

Clara trouve ainsi un exutoire dans un contexte moins intime, où elle reconnaît sortir de ses gonds plus facilement : « Je suis furieuse contre les médias qui manipulent l’information, les jeunes qui se désintéressent de la politique, les syndicats qui ne sont même pas capables de défiler ensemble… » Pour se défouler, elle s’est inscrite à un cours de boxe entre filles. Une bonne soupape.

La colère peut être positive

Parfois, la colère est bonne conseillère. Franck a ainsi décidé de quitter la liste du BDE après une campagne où il s’est senti injustement dénigré. « C’était une compétition très malsaine, l’autre liste achetait des voix à coup de verres d’alcool et de paquets de cigarettes, c’était très loin de mes valeurs. J’ai éprouvé de la colère contre eux et leurs pratiques, et contre moi-même d’avoir été trop naïf… Cette prise de conscience m’a ensuite permis de mieux me faire respecter. »

Pour Marion Sarazin, écouter le message de la colère, la reconnaître et apprendre à l’exprimer au fur et à mesure avant qu’elle ne déborde, c’est le meilleur moyen de vivre en harmonie avec soi et avec les autres.

Vous êtes sans cesse insatisfait et furieux contre vous-même, vous ne vous pardonnez rien ? Développez un peu plus d’humilité et de tolérance. Vous avez le droit à l’erreur ! L’attitude de certaines personnes vous met en rage ? Dites-le ! Et si possible, en utilisant la CNV (communication non violente) : commencez par dire ce que vous observez et qui vous dérange, puis ce que vous ressentez (par exemple de la colère), exprimez votre besoin et enfin, formulez une demande claire. Cette démarche permet d’ exprimer ce que vous avez sur le cœur et souvent, d’obtenir la coopération de l’autre et un changement dans la relation.

Évacuer la colère en trois étapes

– Taper dans un punching-ball ou un coussin pour se défouler.

– Crier, hurler… de préférence dans un lieu isolé ou dans sa voiture, vitres fermées.

– S’isoler quelques minutes, respirer profondément et se concentrer sur sa respiration.