J’ai quelques kilos en trop, comment gérer au lycée ?

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Publié le 08/01/2014 par TRD_import_DaisyLeCorre ,
Regards deplaces au gymnase, moqueries les jours de frites a la cantine, insultes quand vous etrennez une tenue : vos chers petits camarades n'en manquent pas une pour vous faire sentir que vous avez un physique "hors normes". Ce qui vous pourrit la vie et la confiance en vous. Et si ça changeait ? Conseils et astuces de specialistes et d'ados passes par la pour apprendre a bien vivre tel(le) que vous etes.

© iStock.

Enfant, Manon se sentait déjà différente. « Je n’ai jamais été mince. J’étais toujours la plus grande, la plus ronde… » Si aujourd’hui elle assume pleinement ses formes, cela n’a pas toujours été évident. Surtout à l’adolescence. Au lycée par exemple, les cours de sport la terrifiaient.  » J’avais honte de me changer dans les vestiaires et que tout le monde me regarde. Et puis je détestais les courses d’endurance puisque je me rendais compte que je n’avais pas du tout les mêmes capacités que les autres. Je n’avais pas de souffle. J’étais nulle ! » se souvient-elle.

Le sport : OK, mais d’abord pour le plaisir

Dans ce genre de situation, pas facile de garder confiance en soi et de trouver la motivation pour faire du sport. Anne-Sophie Bourlaud, diététiste-nutritionniste professionnelle à Québec, a un avis bien tranché sur la question.  » Il est préférable de se consacrer à des activités qu’on aime et dans lesquelles on est bon. L’estime de soi et la confiance en soi sont des facteurs protecteurs dans le développement des troubles du comportement alimentaire. » Et la spécialiste d’en profiter pour rappeler que si le sport aide à perdre du poids, cela ne doit pas devenir le but principal.

« Il ne faut pas oublier le plaisir ! Si on a du plaisir à le faire, on en fera plus souvent. Idéalement, éviter les sports qui mettent l’accent sur l’obtention du corps parfait (musculation, gym, etc.). Ceux qui sont à l’aise en sport d’équipe, tant mieux pour eux, être en groupe c’est souvent stimulant ! Pour ceux qui ont des complexes, il ne faut surtout pas que l’activité physique devienne une torture (comme se mettre en maillot à la piscine, ou bien faire de la gym avec une combinaison moulante). Une activité physique effectuée en solitaire ou avec des amis de confiance peut être tout autant bénéfique (course à pieds, yoga, vélo, marche). »

La nourriture : oubliez le « je dois, il faut »

L’autre épreuve souvent difficile quand on est en surpoids : la cantine. C’est là que Delphine, 18 ans, a appris à faire preuve de beaucoup de sang-froid pour faire face aux remarques de ses camarades.  » Quand t’es en surpoids, dans la tête des gens, il y a des choses que tu ne dois pas manger. J’évitais par exemple de prendre des frites parce que certains ne se privaient pas de me dire que si j’étais grosse, c’était parce que j’en mangeais trop… » raconte la jeune femme, qui a appris à feindre l’indifférence.

Pourtant, même avec quelques kilos en trop, il n’y a aucun « aliment interdit », affirme la nutritionniste québécoise. C’est comme pour le reste, tout est une question de modération. « Il ne faut pas non plus abuser des aliments dits light : votre corps vous le fera payer tôt ou tard, preuves scientifiques à l’appui », souligne la spécialiste. Enfin, il est recommandé de connaître ses propres « signaux alimentaires » plutôt que de se focaliser sur ce que l’on « devrait manger ». « Se concentrer sur les bienfaits de la nourriture sur son corps, manger coloré, se faire du bien, plutôt que d’opter pour une approche négative de ‘je dois, il faut’: ça ne mène absolument à rien sinon à la frustration », lance l’experte en nutrition.

Le look : « rayonner », ça tient aussi à des astuces

Avec ou sans kilos en trop, se sentir bien dans sa peau, c’est aussi une affaire de look. « Quand on a des formes, ça ne sert à rien de s’habiller tout en noir et de faire comme si on n’existait pas, loin de là. Il faut, au contraire, montrer que ce poids fait partie de nous et qu’on l’assume en mettant en avant ses autres atouts. Il faut imposer sa différence pour en faire une force et trouver son style », poursuit Manon, pleine d’enthousiasme. Avis partagé par Eva Cordel, ancien mannequin et conseillère en image à Bordeaux qui tient un blog de conseils en relooking. « Tout est une question de confiance en soi et de travail sur soi. Il faut rayonner, et ce n’est absolument pas une question d’enveloppe corporelle « , assure Eva.

Et pour « rayonner », il y a quand même quelques astuces à connaître. Si le noir est connu pour diminuer les volumes (puisqu’il absorbe la lumière), ce n’est pas une raison pour en faire votre couleur de référence.  » Il y a beaucoup d’autres couleurs foncées qui amincissent : le marron, le gris, le bleu marine, etc. « . Rien n’empêche non plus d’assortir une couleur foncée avec une couleur plus claire. « Un joli haut blanc et une jupe noire s’adaptent bien à une personne qui a un buste fin et des hanches fortes, par exemple. » Les petits motifs ton sur ton et les rayures verticales très rapprochées les unes des autres sont aussi très connues pour leurs vertus amincissantes.

Ce qu’il faut absolument éviter ? « Les matières brillantes comme la soie, le satin, les paillettes : elles réfléchissent la lumière, donc accentuent les volumes. Idem pour les matières épaisses comme le tweed, la laine ou le mohair », explique la conseillère en image. En revanche, on peut opter les yeux fermés pour toutes les matières mates (le lin, le coton) qui amincissent la silhouette. « Ce qui est le plus difficile à porter quand on a des formes, ce sont les vêtements en stretch ou en lycra, surtout s’ils contiennent plus de 4 % d’élasthanne. »

Enfin, ne pas hésiter à utiliser des accessoires : c’est pratique et pas cher. « Ils mettent en valeur les parties du corps qu’on préfère. Un joli collier qui tombe sur une belle poitrine, des chaussures à brides pour mettre en valeur des chevilles fines, une montre autour d’un poignet fin, etc. Il y a autant de façons d’être ronde que de manières d’accessoiriser sa tenue », ajoute Eva.

Les amis, les amours : interdit de s’interdire

S’entourer des bonnes personnes fait aussi partie des paramètres à prendre en compte pour se sentir mieux. C’est un facteur important dans le développement de sa personnalité, surtout à l’adolescence. Anne-Sophie Bourlaud le confirme : « Choisir son entourage – et bien le choisir – est très important. Il faut faire attention aux ami(e)s qui rabaissent, qui se comparent, qui parlent constamment de poids, d’apparence… De bons ami(e)s aident beaucoup au quotidien, plus qu’on ne l’imagine. Voilà pourquoi il ne faut pas négliger une vie sociale sereine. »

Et qui dit vie sociale sereine dit vie sociale bien remplie. Plus facile à dire qu’à faire. Manon regrette parfois de ne pas avoir profité pleinement de son adolescence.  » Souvent, je me disais que je ferai ceci ou cela quand j’aurais maigri… C’est débile ! Faut pas s’empêcher de vivre parce qu’on a quelques kilos en trop. » Idem pour les relations amoureuses.  » J’avais constamment peur d’être rejetée, alors je ne m’autorisais aucune vie sentimentale. Pourtant j’aurais pu ! Bref, il faut en profiter », sourit la jeune femme.

L’idée du corps parfait : on oublie ce mythe !

Enfin, dernier aspect à ne pas prendre à la légère : l’influence de certains magazines dits féminins. « Dans l’idéal, c’est bien d’éviter de les lire. Cela permet de ne pas être exposé à des photos, des films, des médias qui véhiculent des images de corps ‘parfaits’ qui ne sont rien d’autre que de la publicité mensongère« , soutient la spécialiste en nutrition avant de s’attaquer au cas des produits vendus en pharmacie pour perdre du poids. « Ce genre de produits détox, c’est vraiment de l’intox ! Je vous recommande le site LePharmachien.com, un site ludique et didactique pour en juger par vous-même. »

On l’aura compris, passer une adolescence heureuse avec quelques kilos en trop, c’est possible. Surtout en évitant de se focaliser sur sa perte de poids et en misant d’abord sur son bien-être et son plaisir. « C’est un peu le principe de détourner l’attention pour arriver à ses fins mais cela fonctionne ! » ajoute Anne-Sophie Bourlaud qui recommande de ne pas hésiter à consulter un médecin dès qu’on en ressent le besoin (ne pas attendre d’aller encore plus mal pour demander de l’aide). Et puis, si on aime ça, il faut continuer à cuisiner et apprendre à connaître ce qu’on aime. « Manger parce que c’est bon, et non manger parce que ça m’aide à rester mince », conclut Anne-Sophie Bourlaud.