Amis : ce n’est pas la quantité qui compte !

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Publié le 28/02/2018 par TRD_import_MariaPoblete ,
À l’ère des réseaux sociaux et des contacts virtuels, vous réalisez que vous n’avez pas de véritables amis et cela vous pèse. Voici comment y remédier.

Lucie a 17 ans et 975 « amis » sur Facebook. Et pourtant, seules deux véritables amies comptent pour elle. Elle s’interroge. « Comme tout le monde, je cherchais à augmenter la liste des soi-disant ‘amis’. Il m’en fallait encore et encore. C’était comme une compétition « , raconte la jeune fille.

« L’année dernière, j’ai eu un problème de santé assez grave, et je ne me suis jamais sentie seule grâce à la présence de… deux amies. Elles m’ont encouragée, aidée, soutenue, sauvée même ! Sans elles, je ne sais pas comment j’aurais tenu. J’ai compris leur importance et leur place dans mon existence. »

La qualité, pas la quantité

Vous pensez avoir beaucoup d’amis sur les réseaux sociaux ? « Faux ! Les jeunes sont rivés sur le compteur et ils pensent créer des liens avec leurs contacts, mais c’est illusoire. Selon le philosophe Heidegger, grand spécialiste de ce sujet, l’amitié se mesure au temps que l’on consacre à chacun de nos amis « , tempère Pascal Maillet, professeur à l’université Paris-Nanterre.

Laurianne, 19 ans, se réveille d’une longue période qu’elle juge « désastreuse en termes de relations humaines ». « Plus jeune, j’avais des copains partout. J’étais tout le temps dans la surenchère. J’avais des dizaines ‘d’amis’, mais personne à qui me confier réellement en dehors de ma famille ! »

Faites des choix, ayez des préférences

Laurianne a fini par prendre du recul. À la sortie du lycée, elle a fait « le tri » et rompu avec certaines de ses relations qu’elle qualifierait de « molles ». Une décision qu’elle ne regrette pas un seul instant :  » Je me sens plus forte avec les personnes qui me sont chères. Je passe de très bons moments avec peu d’amis. Je suis enfin sortie de mon cocon familial et je me sens bien mieux ! »

Son conseil : « Réfléchissez et trouvez à qui vous avez envie de consacrer du temps, qui sont ceux qui vous plaisent le plus. Vous verrez que seules quelques personnes, pas plus de cinq ou six, sortiront du lot ! »

Attention à la spirale de la solitude

À l’entrée en seconde, Éloi, 20 ans, se souvient d’avoir souffert de solitude. « J’ai débarqué dans un lycée loin de chez moi où je ne connaissais personne. Je mangeais seul à midi, je sortais me promener seul dans le quartier, etc. P lus je fuyais le lycée quand tous les autres étaient en groupe, hyper-unis, moins je créais de liens.  » Après trois semaines à ce rythme, Éloi a réussi à créer des liens amicaux avec deux garçons.

 » J’ai prétexté un problème de cours raté pour leur adresser la parole. Depuis on ne se quitte plus », se réjouit-il. Si comme lui, vous souffrez d’un manque d’amis, faites le premier pas ! Ce n’est pas facile, mais c’est efficace.

Juliette, 16 ans, peut en témoigner : « J’étais persuadée que les autres me jugeaient. Puis, j’ai relativisé en me disant qu’on avait tous des parcours différents et qu’il fallait aller au-delà des apparences. Quand on réfléchit, on voit que nous ne sommes pas les seuls à être timides. Et plusieurs timides ensemble, cela peut créer des amitiés ! »

Reprenez confiance en vous

Vous êtes formidable, vous le répète-t-on assez ? Vous dit-on souvent que vous êtes valable, fréquentable, aimable ? Vos parents vous trouvent-ils doué, intelligent, sympathique, prévenant… ? Liste non exhaustive ! Oui ? Passez au paragraphe suivant. Non ? Vous valez la peine d’être connu, apprécié, reconnu comme un être de valeur. Un doute ? Listez vos qualités, sans sévérité…

Ça y est ? Maintenant, organisez-vous pour participer à des activités sociales qui vous engagent et pourront créer des émotions. Surtout, n’ayez pas peur. Vous craignez d’être déçue ? Vous avez peur d’être rejeté ? Stop, vous êtes nombreux à partager les mêmes peurs !

« Il existe des activités propices pour aller vers les autres, conseille Pascal Maillet, toutes celles qui suscitent des émotions : quand on rit pendant un spectacle, quand on partage des efforts sportifs, de la coopération, cela permet de se détourner de soi, de se mettre à la place de l’autre , d’être empathique et ouvert. »

Les bienfaits de l’amitié

« L’effet de protection de l’amitié contre la victimisation et le risque de harcèlement est attesté par des études scientifiques. On se sent plus fort, plus sûr de soi, avec une milleure estime, une confiance et le sentiment d’être capable. Avoir au moins un ami sur qui compter et pour lequel on compte est aussi protecteur des risques suicidaires.

En interrogeant une centaine de jeunes de 12 à 17 ans hospitalisés pour une dépression, des chercheurs américains ont ainsi démontré que ceux qui avaient un ami de qualité et auprès duquel ils pouvaient trouver un solide soutien étaient mieux armés contre les idées noires. Ce n’est pas tout. On a également prouvé qu’un ami pouvait diminuer le stress à l’école. Un ou deux ami(s), pas plus. La qualité est plus importante que la quantité », analyse Pascal Maillet, auteur de l' »Amitié entre enfants ou adolescents » aux éditions Armand Colin).

Développez vos habiletés sociales

Sourire, regarder son interlocuteur, saluer, accepter des invitations de communication… Tous ces comportements, paroles et gestes, encouragent des relations harmonieuses avec les autres. Marie, 17 ans, applique ces règles à la lettre.

« Je me sentais seule cette année parce que ma meilleure amie avait changé de lycée, alors j’ai décidé de m’ouvrir davantage. Je souris souvent, je regarde les personnes dans les yeux et je vais vers les autres. Je trouve des prétextes pour créer le contact. Je crois que lorsqu’on cherche un ami, on peut commencer comme ça et ensuite voir avec qui créer des liens privilégiés. »

L’amitié prend du temps et de l’énergie. L’essentiel est de vous entourer des bonnes personnes, celles avec lesquelles vous vous sentez bien et vous êtes vous-même. Ces amis se comptent sur les doigts d’une seule main !

L’amitié se travaille et se pratique

« Entre ma meilleure amie et moi, ça a été le coup de foudre amical. Depuis notre rencontre en sixième, on ne se quitte plus. Elle a beau être à Buenos Aires cette année, nous continuons à nous parler tous les deux jours par Skype. C’est la personne qui me connaît le mieux, celle pour qui je ferais tout, et à qui je dédie le plus de temps. Et réciproquement ! » confie Manon, 21 ans, en regardant des photos de son amie sur son portable.

Comme l’amour, l’amitié se nourrit de petites et grandes attentions. Manon en est consciente : « Même si je sais qu’elle me pardonnerait le pire, je n’oublie pas de lui rappeler qu’elle peut compter sur moi. Je lui envoie des smileys si je n’ai pas de signes d’elle depuis plus de trois jours… »

Où trouver de l’aide ?

Si vous vous sentez trop seul, que cela vous fait souffrir et que ces conseils n’ont pas été suffisants, n’hésitez pas à appeler Fil Santé Jeunes (tél. 0800 235 236) ou allez sur le chat. Des écoutants sont là pour vous répondre de 9 heures à 23 heures ; c’est anonyme et gratuit !