Ma timidité m’empêche de réussir à l’oral

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Publié le 07/06/2017 par TRD_import_ClaireChédeville ,
À l’approche des oraux du bac, certains se morfondent déjà. Insomnies, tremblements, nausées… Pour les plus timides, s'exprimer en public est une réelle épreuve.

« Je dors très mal la nuit d’avant, c’est même presque impossible de trouver le sommeil, c’est plus fort que moi », raconte Marine 22 ans, étudiante en master 2 théâtre à Paris. Pour elle, passer un oral ou même parler devant un professeur relève du challenge , c’est une source d’angoisses.

« J’ai du mal à rester lucide. Je bafouille et, parfois, je ne me souviens même plus de ce que je dois dire, c’est terrible ! Mon malaise s’amplifie ! » Même situation pour Mylène, 25 ans, alternante en master documentaliste : « J’ai les mains qui tremblent, plus aucun son ne sort de ma bouche, j’ai raté plusieurs oraux comme ça, heureusement, les écrits m’ont sauvée. »

Pierre, 18 ans, ne supporte pas non plus d’être au centre de l’attention : « J’ai mûri, et pourtant je suis aussi stressé qu’au collège ! C’est surtout le regard des autres et leur jugement qui me font peur , c’est très compliqué d’affronter cette pression. »

La veille, voire l’avant-veille, Pierre ne pense qu’à ça : « Je répète ce que je dois dire des milliers de fois, mais je n’arrive pas à être positif. Je pense toujours que je ne vais pas y arriver, c’est obsédant et très handicapant. » D’après Jean Sommer, coach vocal,  » le français est une culture de l’écrit. Peu d’entre nous sont habitués à s’exprimer en public, ce qui rend l’épreuve encore plus angoissante « .

Se préparer correctement

Mylène sait que de bonnes révisions en amont l’aident à gagner en assurance à l’oral : « Je révise à 200 %. Connaître mon sujet sur le bout des doigts, en savoir quarante fois plus, est un appui indispensable qui me donne confiance ».

Mais pour elle, le travail ne s’arrête pas là. Il lui faut aussi apprendre à se positionner et à poser sa voix. « Je m’entraîne devant un miroir plusieurs fois, pour me mettre en situation, voir si ce que je dis passe bien. Si ma sœur est là, elle me donne son avis. Pour moi cette préparation est essentielle ».

Le coach vocal conseille de se filmer avec un smartphone afin de repérer ses tics de langage et apprendre à se placer devant un jury. Autre astuce, « organisez une structure de parole, (une intro, un développement et une conclusion) et préparez bien la première minute. Elle est déterminante pour faire bonne impression et vous permettre d’assurer dès le début de l’intervention orale », souligne Jean Sommer.

Mylène a un « truc » bien à elle. « Avant de partir, les matins des oraux, je place mes mains sur les hanches et je maintiens mon buste bien droit pendant trois minutes , il paraît que ça booste la confiance en soi, en tout cas, moi, ça m’aide beaucoup », confie-t-elle.

Les plus angoissés pourront se tourner vers l’homéopathie quelques jours avant l’échéance , « normalement, si je suis bien préparée, tout se passe bien, mais il arrive que je ne réussisse pas à m’apaiser, alors je prends de l’euphytose et je me sens plus sereine », ajoute Marine.

Se rassurer pendant l’oral

Avoir confiance en soi passe par le corps. C’est lui qui insufflera l’énergie intellectuelle. « Dès le début, ayez un pas dynamique, ancrez-vous dans le sol, avant même de commencer à parler « , conseille le coach vocal.

Il faut ensuite faire des phrases courtes pour donner du poids à sa voix : « Si votre diction est claire et que vous parlez posément, vous allez accrocher votre jury et vous transmettre mutuellement de l’énergie ». Entre deux phrases, prendre une respiration profonde permet de récupérer un rythme cardiaque normal.

Marine, afin de rester confiante, inscrit sur ses supports des petits mots d’encouragement : « Ça pourrait me déconcentrer, mais finalement ça m’aide à rester tonique et à apporter du sourire dans ma voix. »

Pierre, lui, s’appuie sur ses visuels PowerPoint : « On n’a pas toujours la possibilité de proposer des diapositives à l’oral mais quand c’est possible, je n’hésite pas ! Cette technique m’aide à capter l’attention de mes professeurs. J’ai l’impression de ne plus être tout seul, lâché dans le vide. »

S’entourer pour être plus sûr de soi

Marine a opté pour des études de théâtre après le baccalauréat, un choix qui l’a poussée à être plus sociable et à avoir moins peur du regard des autres. « Faire partie d’une troupe de théâtre m’aide à vaincre ma timidité. J’ose davantage et je suis plus communicative. J’arrive à prendre plus de distance, à être moins sensible ». Le théâtre permet d’ exprimer ses émotions à travers un personnage, parfois même derrière un masque , une façon de ne pas s’exposer intégralement au regard des autres.

Autre activité extra-scolaire, le sport offre aux plus timides l’opportunité de développer leur confiance en eux. « Choisissez plutôt des sports d’équipe comme le football ou même le quidditch : on est tous dans le même panier quand on perd un match ! Je ne suis plus tout seul face aux autres « ,insiste Pierre.

L’effet de groupe fonctionne dans tous les domaines, il est notre meilleur allié. « Il y a peu de temps, j’ai passé ma soutenance de mémoire, mes plus proches amis sont venus y assister. J’étais très mal, mais en les sachant présents, je me suis sentie soutenue et très forte. Ils me transmettaient leur énergie et mon angoisse est immédiatement retombée », se souvient la future comédienne, encore émue à l’évocation de cette épreuve.

Être timide peut-il aussi apporter son lot d’avantages ? Oui, selon Mylène : « Mon oral d’anglais du bac s’est hyper bien passé, la prof a vu que j’étais tétanisée et elle m’a donné le texte le plus facile à traiter ! »