SOS, j’en peux plus d’être mytho

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Publié le 18/12/2015 par TRD_import_MariaPoblete ,
"Mytho !"... vos amis ou vos parents vous prennent de plus en plus souvent en flag' de mensonge chronique. Mentir tend meme a devenir votre seconde nature. Il est temps d'agir. Trendy vous offre une rehab' en 7 points.

« Mes souvenirs de mensonges datent du collège où j’inventais ma vie. Pour frimer, je disais à mes copains que je fumais énormément de cigarettes et de pétards, alors que je détestais cela. J’en rajoutais dans le côté rebelle parce que j’imaginais que cela me rendrait populaire. Je mentais aussi à mes parents parce que je voulais n’en faire qu’à ma tête, sortir le soir alors que je n’avais pas le droit, je disais que je dormais chez une amie et c’était faux. En fin de lycée, je mentais moins, je voulais être franche quitte à négocier, et puis j’ai compris que cela ne servait à rien. Je me suis acceptée, j’ai choisi qui je voulais être, je me suis assumée ! » Lise, 21 ans, étudiante en master 1 de droit social à Paris 1, avoue ses années de bobards. Elle est soulagée, parce que oui, cela « gâchait notre vie de famille ».

Confirmation de sa mère, Caroline : « Avec son père, nous n’étions pas dupes. Toute petite, elle inventait déjà. Nous le savions et cela ne portait pas à conséquence. C’est devenu embêtant plus tard parce qu’elle était en opposition constante. Nous lui disions que nous savions qu’elle fumait ou qu’elle séchait les cours, mais elle nous regardait droit dans les yeux, avec un aplomb incroyable.

Avec le temps, les choses se sont calmées. Elle a accepté les compromis et elle a eu confiance en nous et en elle aussi. » Cinq ans plus tard, tout est rentré dans l’ordre. « Je n’avais pas le choix, insiste la jeune fille, à cet âge-là, pour survivre, il faut mentir ! » Pas faux, croient savoir les psychologues. Ado, jeune, adulte ou encore plus âgé, nous mentons… et souvent.

1. Ne culpabilisez pas. Vous ne pouvez pas toujours dire la vérité

Sommes-nous tous menteurs ? « Oui, assure Claudine Biland, psychologue sociale et auteur de « Psychologie du menteur » (Éditions Odile Jacob, collection Poche). Des études ont été menées aux États-Unis. Les personnes questionnées devaient noter, durant une semaine, toutes leurs interactions et échanges, et notamment leurs mensonges. En moyenne, elles déclaraient mentir trois fois par jour. Les mensonges sont ordinaires et banals. Ils sont indispensables pour vivre ensemble. »

Annoncer tout ce que nous pensons rendrait la vie insupportable. Imaginez si vous disiez ce que vous pensez franchement ! Toute vérité n’est pas bonne à entendre… Vous croisez une personne que vous trouvez antipathique, laide, pénible, envahissante (cochez la ou les cases !), il vous est impossible de la saluer en lui disant que vous la trouvez antipathique, moche… ! Ceci est simplement du discernement. « Les mensonges altruistes sont nécessaires », précise également Claudine Biland.

2. Assumez vos décisions

« Oui, j’avoue, je mens par omission et je cache certains faits à mes amis. Je n’arrive pas à gérer correctement les relations sociales, dit Anita, 16 ans, en première L au lycée Montaigne, à Paris. J’ai pas mal de copains et, pour ne pas en blesser certains, ­ j’invente des interdictions de sorties pour pouvoir être avec tel ou tel groupe. » Pour l’instant, Anita ne peut pas faire autrement. « C’est vrai que cela demande toute une organisation, un savoir-faire, dit-elle. Il m’arrive de prendre des notes, faute d’une bonne mémoire. Le jour où je me sentirai à l’aise et que j’aurai réussi à faire la part des choses, en prenant des décisions franches et en les assumant, je me sentirai plus tranquille. » Mathieu, 15 ans, en seconde au lycée Turgot à Paris, a fait un petit pas. « Je mentais, parce que j’avais peur d’être mal vu. »

3. N’allez pas trop loin dans le mensonge

« J’ai eu honte de ma famille pendant toute l’enfance, raconte Mathieu. Ma mère est une femme extravagante avec une personnalité imposante, elle parle fort et fait des scandales. Elle travaille dans une banque et mon père est employé municipal. Je racontais que mes parents étaient des intellectuels, des chercheurs en linguistique et qu’on ne pouvait pas venir chez moi parce qu’ils étudiaient et écrivaient nuit et jour. En arrivant au lycée et en discutant avec les autres, j’ai compris que le métier des parents n’était pas le truc essentiel dans l’existence, et j’ai arrêté. » C’est une réalité que Mathieu ne voulait pas voir, comme si l’image de sa famille était plus importante. « Il ne faut pas aller trop loin parce qu’un jour tu risques d’être pris au piège » , dit-il, un brin soulagé.

4. Posez-vous des questions

Passer pour un garçon impopulaire, pour une fille cloîtrée, obtenir un avantage, atténuer une punition, les raisons de mentir sont nombreuses. Mais hormis les petits bobards altruistes, qu’est-ce qui pousse à trop en faire ? « Les mensonges répondent à un besoin de fuir pour éviter ce qui fait peur ou pour rentrer dans un moule, explique Marie-Lise Labonté, psychologue. Je conseille souvent aux jeunes de réfléchir et de se demander ce qui les effraie, à quoi ils veulent échapper, quelle dure réalité ils ont à affronter ? Et puis, que peut-il arriver ? » Oui, au final, que risque-t-on à assumer certains faits ? Une engueulade ? Une mauvaise note ? Et alors ? On n’en meurt pas ! Cela dit, il faut parfois mettre les points sur les « i » !

5. Osez être vous-même

Julie, 21 ans, en première année à l’École de design de Saint-Étienne (42), a choisi la méthode douce pour ne plus affronter un père « obsédé par l’affaire scolaire ». « Mon père est un homme érudit, issu d’une famille de médecins reconnus, raconte-t-elle. Il n’était pas question de lui présenter des notes en dessous de 16 sur 20, j’étais bonne élève mais pas la meilleure. Résultat : j’ai tout le temps menti jusqu’à nier l’évidence. Mes bulletins de notes où je m’embrouillais dans les explications tordues… Quand je suis entrée dans cette école, il a commencé à accepter mon choix de ne pas être une grande scientifique mais « seulement » une bonne décoratrice. Mon rêve ! » Julie souffle, après avoir eu longtemps « mal au ventre à force de mentir ». « Bravo, lance Marie-Lise Labonté, oser être soi-même n’est pas du tout aisé. »

6. Soyez bien entouré

« Il faut un cadre bienveillant autour de soi pour s’accepter, avec ses faiblesses, poursuit la psychologue. C’est le seul moyen de s’épanouir et de se déployer. » Ce fut le cas de Violette, 18 ans, en terminale ES au lycée Daudet à Nîmes : « Je mentais tout le temps au collège, à mes profs surtout. Comme j’ai deux maisons, je racontais que j’avais oublié mes affaires dans l’une. Je disais à mes amis que j’avais des tas de problèmes. J’exagérais énormément ma situation pour que les autres s’intéressent à moi, et en grandissant, tout cela s’est tassé, parce que je me suis décidée à être moins malheureuse. Bien sûr, c’est parce que je me sens bien entourée par mes parents, des deux côtés, que cela va de mieux en mieux. Je n’ai jamais vraiment avoué avoir été mytho mais ils ne sont pas naïfs ! »

7. Ne vous empêchez pas de rêver

Clothilde, 22 ans, étudiante en L3 anthropologie à Lyon 2, ne comprend pas qu’on « juge trop souvent les adolescents menteurs, ce sont des rêveurs ! Je ne me considère pas comme une tricheuse et, pourtant, j’ai inventé ma vie étant jeune. J’avais des chevaux quand j’étais petite, des amoureux transis à 15 ans et des romans plein mes tiroirs à 18… alors que non, rien de tout cela ! Mais cela me rendait la vie agréable, douce ! » Le célèbre psychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik raconte très bien comment, enfant, il s’inventait des parents, présentant par exemple un clochard en costume en guise de père, lui pourtant sans famille. Il n’a jamais eu l’impression de mentir. La rêverie, cela a du bon. Elle met en forme nos rêves.

L’avis de Marie-Lise Labonté, psychologue et auteure du livre

« Du mensonge à l’authenticité » (Éditions de l’Homme)

« Vos parents ne peuvent pas tout savoir de vous ! »

« Certains parents cherchent à tout connaître de leur adolescent. Ce besoin répond à plusieurs problématiques. Ils pensent pouvoir contrôler votre vie. Or, c’est une illusion parce que c’est impossible et pas souhaitable même. Vous avez besoin d’évoluer par vous-même en faisant vos propres expériences.

Bien sûr, le travail des parents est de prévenir et d’informer sur les risques, puis de faire confiance. Pour voler de vos propres ailes, grandir, devenir un adulte responsable, vous devez pouvoir préserver votre jardin secret. Vous avez besoin de sortir du cocon familial. Si on vous en empêche, vous vous en échapperez par le mensonge pour vous en protéger. Tout connaître d’une personne dans une transparence absolue est une aberration. »