SOS, je suis le plus vieux de la classe…

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Publié le 06/03/2015 par TRD_import_AudeLorriaux ,
Que ce soit pour cause de redoublements multiples ou de reprise d'etudes, vous voila l'aine de votre promo… Avec des preoccupations parfois bien differentes de vos camarades qui n'ont que leurs exams a preparer quand vous devez aussi parfois payer un loyer. Nos conseils pour reussir a trouver votre place.

« Au début, on te regarde comme un alien ». C’est ainsi que Terry, 38 ans aujourd’hui, résume l’impression qu’il a produite sur ses camarades les premiers jours de son BTS (brevet de technicien supérieur) communication d’entreprise, alors qu’il avait 27 ans. Terry a travaillé quelques années comme emploi jeune, juste après son bac. Quand il reprend ses études, il se retrouve dans une classe où l’élève le plus jeune (une fille) est âgé de 17 ans, et le plus vieux après lui… de 22 ans.

« À 20 ans, en terminale, on est déjà dans le monde adulte »

Il a ainsi en moyenne près de sept ans de plus que ses camarades, et il est dans une « dynamique » – selon ses mots – assez différente : « Eux ils n’avaient qu’à s’occuper de leurs cours, étant chez leurs parents pour la plupart, tandis que moi, j’avais un loyer à payer, et même deux, car je vivais à La Roche-sur-Yon [85] et mes études se déroulaient à Angers [49]. Je devais jongler et compter les sous. Ce n’était pas évident pour s’intégrer « , raconte-t-il.

« À 20 ans, en terminale, on est déjà dans le monde adulte », commente quant à lui Pierre, 41 ans aujourd’hui, et qui a connu un décalage lui aussi à la suite de deux redoublements. « Les autres finissaient leur adolescence. Moi je me sentais plus mature, j’allais au lycée en bagnole  » ajoute cet enfant d’enseignant, alors en « demande de liberté » et que le « scolaire » a longtemps rebuté.

« J’ai pu leur dire pourquoi je reprenais des études. Ça apparaissait sérieux »

Pas facile tous les jours d’être le plus vieux de la classe… « On se foutait de moi », se souvient Pierre, qui a connu plus tard une autre situation de décalage, mais qu’il a cette fois beaucoup mieux vécue. À 23 ans, il a repris une première année d’université en géographie à Montpellier (34), où il était là aussi « le plus vieux ». Mais pas de mise à l’écart ou de sentiment de malaise cette fois-ci : « Car cette fois, c’était un choix » et son âge a plutôt été « un avantage », lui permettant d’avoir « plus de recul », explique-t-il.

Pour gagner le respect de ses camarades plutôt que de récolter des quolibets moqueurs, rien de tel que d’assumer ses choix et de les expliquer en début d’année. C’est ce qu’a fait Terry, dès le premier jour. « Le prof avait demandé à ce que chacun se présente et j’ai pu leur dire pourquoi je reprenais des études. Ça apparaissait sérieux. On ne m’a pas pris pour un ‘branleur’ pourri gâté qui fait ça pour passer le temps. Ils ont trouvé ça courageux, et me l’ont dit souvent ensuite « , se souvient Terry.

Attention à ne pas jouer trop le vieux sage…

En somme, il s’agit de trouver une place, sa place. Pour les « plus vieux », la place la plus naturelle, au premier abord, est souvent celle du grand frère qui prend sous son aile. « J’avais un côté rassurant pour mes potes à la fac parce que j’étais plus posé, je leur permettais de relativiser », raconte Pierre. Terry pense quant à lui leur avoir fait bénéficier de sa « culture générale », forcément plus grande avec plusieurs années de plus. « Je me disais qu’il fallait que je sois le plus responsable. J’ai essayé de me mettre à leur portée », ajoute-t-il.

Mais attention à ne pas jouer non plus trop le vieux sage, ce qui peut être perçu comme de la condescendance. « On m’a dit une ou deux fois que je me comportais ‘comme un papa’. A ce moment-là ça m’a un peu blessé », se souvient Terry, qui dit ensuite avoir « analysé son comportement » et réussi à rééquilibrer le rapport avec ses camarades.

Eux aussi ont quelque chose à vous apporter !

De même, pour ne pas trop accentuer l’avantage de l’âge, évitez d’afficher une trop grande proximité avec les professeurs en excluant vos camarades de ces discussions. « Quand on maîtrise mieux certains sujets et qu’on montre qu’on a plus d’affinités avec les profs qu’avec les élèves, on peut vite passer pour un fayot. Il faut faire attention à ne pas mettre ses camarades à l’écart à ce moment-là », conseille Terry.

Au contraire, faites preuve de curiosité envers eux, ils ont eux aussi quelque chose à vous apporter. « Échanger avec quelqu’un de plus jeune ça reste enrichissant. Et je trouvais ça génial de pouvoir observer leur réactions », raconte Terry. C’est cette humilité qui lui a permis d’apprendre de ses camarades, plutôt que de les voir comme « trop scolaires ». « Ils avaient une rigueur, et un certain rythme de travail auquel ils étaient habitués et qui leur permettait de facilement se mettre à étudier après les cours. C’est en les observant que j’ai réussi à le faire », résume-t-il.

Transformer en atout ce qui peut apparaître comme un handicap au premier coup d’œil, et tirer parti de ce qu’ont à nous apporter des âges différents : voilà la recette pour bien vivre son année tout en étant le plus vieux.