Trop injuste la vie d’ado ? Comment positiver

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Publié le 02/10/2015 par TRD_import_MariaPoblete ,
Punition, interdiction, negociation, frustration... voila a quoi (vous avez l'impression que) se resume votre vie d'ado. Mais non, tout n'est pas si sombre. Trendy vous aide a trouver des solutions.

C’est un cri du cœur, un appel au secours, une rage rentrée et qui éclate soudainement. Un sentiment qui ferait mal au ventre tant il donne envie d’exploser, de crier son mal-être à la face du monde ! « Je suis très sensible, je l’ai toujours été, même à l’école maternelle, je m’insurgeais quand on me grondait, moi ou l’une de mes copines, pour un truc qu’on n’avait pas fait.  » Émeline, 15 ans, en seconde au lycée Frédéric-Mistral à Avignon (84), en ferait son métier, la défense de la veuve et de l’orphelin. « Franchement, quand on n’est pas d’accord avec des décisions arbitraires prises souvent par des adultes qui ont oublié leur adolescence, il ne faut jamais se taire, les négociations et les appels – comme en cour d’appel de justice – existent et ils doivent être utilisés. » Émeline a une liste d’injustices vécues « dans sa chair », longue comme un jour sans soleil. « C’est une plainte et elle doit être entendue. C’est une réaction face à une situation et elle doit être comprise, discutée, voire réparée si nécessaire. L’injustice est insupportable « , affirme Joël Clerget, psychanalyste. Derrière la phrase « c’est pas juste », se cache souvent une colère qui se tait.

Videz votre sac

Les psys le suggèrent : rien de tel qu’une bonne explication, franche et sincère pour percer un abcès. Au début ça fait mal, c’est désagréable, mais après qu’est-ce qu’on se sent léger ! Tactique adoptée cette année en famille par Victoire, 16 ans, en première STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) au lycée Sophie-Germain à Paris : « Je ne peux jamais sortir le soir. Ma sœur a le droit de dormir chez des copines et mes parents ne disent rien. Avec mon petit frère, c’est pareil ! Il est arrivé après trois filles : c’est le roi, le chouchou ; il est hyper-gâté. Moi, je dois réclamer, négocier. L’année dernière, j’ai « craché ma Valda ». J’ai dit ce que j’avais sur le cœur ; j’étais déterminée. » Bien entendu, la vie de Victoire n’a pas radicalement changé du jour au lendemain. Mais elle évolue.

Négociez avec vos darons

Maeva, 16 ans, en première L au lycée Alphonse-Daudet à Nîmes (30), a dû chercher longtemps les mots justes pour sortir de ce qu’elle appelle son « ruminage ». « J’ai un frère jumeau, nous avons donc le même âge. Eh bien, parce que c’est un garçon, il a plus de liberté que moi, il sort plus souvent. Et l’exigence par rapport aux études est moins grande : il ne travaille pas et tout le monde s’en fout, raconte-t-elle. Au début du lycée, j’étais furieuse , puis j’ai cessé de ruminer, de grogner tout le temps dans mon coin et j’ai cogité. J’ai trouvé des arguments pour mes parents, s uggéré des petits changements d’horaires de retour à la maison avec des compensations. J’ai embauché des « gardes du corps », comme je dis en blaguant (des amis qui me raccompagnent à la maison après minuit), et je m’y tiens. Évidemment ça reste difficile et il y a pire – je connais des filles qui n’ont aucun droit –, mais la liberté se gagne dans la bataille. »

Vous emballez pas…

Mathieu, 16 ans, en première L dans la classe de Maeva, prend la franche résolution de ne plus se braquer. « Quand j’étais jeune, au collège surtout, j’allais à l’affrontement, direct, je claquais les portes. Le résultat était nul. Pire, c’était un engrenage, se souvient-il. Maintenant je réfléchis, je ne veux plus exploser. D’abord j’accepte les règles, je respire, je prends sur moi. Ensuite, je ne m’énerve pas, j’apprends à être diplomate. Je comprends les limites , je ne suis pas toujours d’accord, mais ce sont des étapes. »

Pour le psychiatre et psychothérapeute Olivier Spinnler, auteur de « Vivre heureux avec les autres » (Éditions Albin Michel), les jeunes qui se plaignent d’injustices à répétition sont généralement très perfectionnistes et acceptent avec difficulté les compromis. « C’est la soif d’absolu, on refuse de relativiser les choses, c’est noir ou c’est blanc, or les parents parfaits comme les professeurs parfaits n’existent pas. »

Lisa, 15 ans, en seconde au lycée Albert-Camus de Bois-Colombes (92), dédramatise : « J’ai beaucoup été punie, privée de sortie ou d’argent pour des choses précises, parfois à raison, comme fumer dans la maison par exemple, observe-t-elle. J’en parle avec mes amis, on est dans la même situation. Il faut se raisonner. Cette période est compliquée pour tous. C’est dur de vivre avec des ados. On doit accepter les lois d’une famille. » **

Prenez du recul

Lisa avoue être également rongée de jalousie. « Ça va mieux, mais… je suis une jalouse maladive ! J’ai haï des personnes parce que je voulais être à leur place. J’ai toujours été envieuse, pas uniquement pour les vêtements, pour tout ! J’étais dans un cercle d’amis qui avaient fait plein de choses intéressantes, des voyages, des expériences. Finalement, en arrivant au lycée, j’ai compris que ça me rendait encore plus malheureuse, j’ajoutais des problèmes. Maintenant, je regarde un peu moins ce que possèdent les autres. Je suis avec des gens plus âgés, plus mûrs, ça m’ouvre les yeux. » Et comparaison n’est pas raison. « À force de regarder ailleurs, on passe à côté du bonheur » , conclut la jeune fille, très philosophe.

Dialoguez avec vos profs

Comme en famille, au lycée, la communication est une excellente technique. « Quand un jeune se plaint d’une punition ou d’une mauvaise note, je lui conseille de demander audience à l’enseignant, dit Sabine, CPE (conseillère principale d’éducation) dans un lycée d’Apt (84). Bien sûr, un professeur peut être sévère ou pas de bonne humeur, ça arrive. Mais la plupart du temps lorsqu’il met une mauvaise note, c’est que le travail n’est pas bon ! »

Marius, 20 ans, en L2 de droit à Paris 1, se souvient d’avoir bataillé durant le secondaire : « J’ai une longue carrière de délégué de classe. On venait me voir pour contester les résultats, réorganiser un contrôle jugé trop dur. J’ai arrangé des dossiers et stoppé quelques conflits, toujours avec les enseignants. Cela dit, ce n’est pas une science parfaite. Avec le recul, je pense que les notes ne reflètent pas les capacités. Les évaluations tombent à un moment donné : on peut avoir compris son cours et quand même rater un examen. *N’empêche qu’il faut râler, car c’est pénible de rester frustré, déçu. » *

Arrêtez de ruminuer

Louise, 17 ans, en terminale S au lycée Gustave-Flaubert à Rouen (76), n’aime pas le rôle de Calimero qu’endossent ses copines – vous savez ce petit poussin noir qui à chaque mésaventure s’écrie : « C’est trop injuste ! ». « Ça ne sert à rien de se plaindre tout le temps, c’est plus intéressant d’aller de l’avant, quitte à prendre des risques et même de tomber parfois. Moi, si j’ai une sale note, je ne pleure pas, je progresse. J’ai des amies qui en sont malades. »

Remettez-vous (un peu) en question

Les notes, les sanctions, les résultats des concours ou examens font partie de la vie. « On ne réussit pas toujours ce que l’on entreprend, on n’a pas tout ce que l’on désire, prévient Laure Bricout, neuropsychologue, coauteure (avec Anne-Françoise Chaperon) de « l’Affirmation de soi pour les enfants et les adolescents » (éditions Dunod). Certains ont davantage de facilités, des élèves ont besoin de travailler deux heures quand d’autres sauront leur leçon en dix minutes. Cette injustice va continuer après le lycée. Il est nécessaire d’apprendre à gérer la frustration. »

Bref, accepter le chemin à parcourir, sans pour autant courber l’échine. Vous avez l’impression qu’on vous accuse sans cesse ? Cherchez plus loin, interrogez-vous. Et si vous vous étiez trompé ? Ce n’est pas toujours la faute des autres.

L’avis de Joël Clerget, psychanalyste : « La colère vous libère »

« La formule négative ‘c’est pas juste !’ correspond à quelque chose qui est éprouvé réellement. C’est une plainte qui vous touche et qui vous affecte. Une grande colère non exprimée se cache derrière cette phrase. Mais, pas dans le sens de caprice, non c’est vraiment subjectif, profond, vécu au plus profond de vous. La colère vous libère. Ici, c’est éprouvé mais pas exposé, ce qui rend la situation compliquée et douloureuse.

Le sentiment d’injustice est fort chez vous parce qu’ils vous avez une grande éthique ; vous êtes engagé dans ce qui est authentique. Cela touche votre volonté d’être vrai, votre intégrité.

Comme en plus vous êtes exigeant, impatient, et employez parfois un ton péremptoire, cela débouche sur des malentendus avec les adultes, parents et enseignants. Vous réagissez mais n’écoutez pas vraiment. Vous voulez être entendu et toléré dans votre singularité. Vous n’avez pas envie de ne recevoir que des messages négatifs. »