L’interview indiscrète : les premières fois de Teddy Riner

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Publié le 19/06/2014 par TRD_import_AssiaHamdi ,
À 27 ans, le judoka Teddy Riner a tout gagné : champion olympique, 8 fois champion du monde... Mais comment était-il, ado ? Retour sur les premières fois du roi des tatamis, qui vient d'être designé porte-drapeau de la délégation française, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Rio le 5 août.

CÔTÉ ÉTUDES

La première fois que… j’ai stressé pour un examen

« Je préparais les Jeux Olympiques de Pékin en même temps que le bac et j’avais eu un traitement de faveur du rectorat. Des profs avaient été détachés pour me faire cours sur mes lieux d’entraînement à l’étranger. Ça m’a mis la pression, j’ai beaucoup travaillé, mais je l’ai obtenu ! »

La première fois que… j’ai eu une « taule » à un examen

« Je n’étais pas le premier de la classe mais plutôt bon élève. Bref, j’ai déjà eu des mauvaises moyennes à un exam, mais jamais de zéro : on n’avait pas le droit, à la maison ! Par contre, j’ai eu plein de mots sur mon carnet de liaison. Les profs écrivaient ‘bavardages’ ou ’boute-en-train’. Je mettais l’ambiance ! »

La première fois que… j’ai séché

« Au collège, à la fin de l’année. Comme j’avais la moyenne en technologie, on séchait les cours, avec mes potes, pour jouer au foot. Le prof me notait absent sur mon carnet de liaison, sauf que j’avais fait en sorte d’en avoir un pour les profs… et un pour les parents. Bref, mes parents ne savaient pas que je séchais. Sauf qu’au conseil de classe, il a été écrit sur le bulletin que j’avais raté un mois et demi. Mon père m’a demandé où j’étais passé et j’ai répondu : ‘J’étais à l’école, regarde mes notes !’ C’est la seule fois où j’ai eu mon père, mais j’étais mal après ça ! »

CÔTÉ LOOK

La première fois que… j’ai cassé ma tirelire pour des fringues

« Je n’ai jamais cassé ma tirelire pour acheter des vêtements car il n’y avait jamais ma taille dans les magasins ! Du coup, pendant très longtemps, je n’ai pas fait de shopping. Au moment des soldes, je restais à la maison et je disais à ma mère ‘si tu trouves quelque chose pour moi, tu prends !’ Mon frère Moïse trouvait toujours des vêtements qui lui allaient, mais pas moi. Depuis peu, j’ai une styliste qui m’aide à choisir mes vêtements et maintenant, je peux vraiment me faire plaisir. »

La première fois que… je me suis senti bien sapé

« La seule fois où je me sentais bien sapé quand j’étais enfant ou ado, c’était lorsque je portais des costumes. J’adorais ça ! Par contre, vu mon gabarit, ils étaient faits sur mesure, chez le tailleur de papa. En plus, chez moi, on mettait un costume tout le temps, parfois simplement pour aller voir de la famille. Pour mes parents, c’était important de bien s’habiller. D’ailleurs, je n’ai jamais vu ma mère en jean ni en jogging ! Elle s’habille toujours en robe, même pendant mes compétitions. »

La première fois que… je me suis trouvé ridicule dans mes vêtements

« Parfois, j’assortis mal mes vêtements ou j’en ai simplement rien à faire ! Du coup, il m’arrive d’attraper la première chose qui vient et de la mettre, parce que je n’ai pas envie de prendre le temps de choisir. Mais je fais de plus en plus attention quand je m’habille. J’essaie de ne pas avoir l’air ridicule, sinon je sortirais avec des vêtements roses ou jaunes. »

CÔTÉ SORTIES/LOISIRS

La première fois que… j’ai été à un concert

« À 10 ans, mes parents nous ont emmenés au concert de Michel Sardou à Bercy. J’étais jeune mais je l’adorais. Mon père nous avait payé ce concert et c’était un bon moment. Plus tard, j’ai été voir Krys et les Rolling Stones. En fait, j’ai toujours eu une oreille particulière : j’écoute de tout ! Du zouk, du R&B, du classique, de la variété comme Céline Dion, voire même du rock, comme AC/DC par exemple. Mon frère me charrie sur mon côté éclectique, mais lui, il n’écoute que du hip-hop ou du zouk. »

La première fois que… j’ai acheté un CD

« Les 2 be 3 ! Dans la cour de récré, on faisait la chorégraphie avec mes deux copains. On dansait jusqu’à se faire mal sur le sol mais on y allait à fond ! Moi, j’étais celui qui s’appelait Adel. À la fin de l’année, on a fait la chorégraphie au spectacle de l’école, devant les parents. ‘To be free, or not to be !’… ça ne s’oublie pas ! Ensuite, j’ai acheté Alliage, Boyzone, les Spice Girls, les Dix Commandements, Aqua… »

La première fois… qu’un livre a changé ma vision de la vie

« Je n’ai pas lu beaucoup de ‘gros’ livres car j’aimais surtout les bandes dessinées et les revues. Mais au CE2, j’ai aimé lire « Les Disparus de Saint-Agil », de Pierre Véry. Ce livre parlait d’une bande d’amis qui étaient en internat et qui s’ennuyaient. Petit à petit, ils s’enfuient les uns après les autres et tout le monde se demande où ils sont passés. Depuis, j’ai lu d’autres livres, mais celui-ci m’a beaucoup marqué. »

CÔTÉ INDÉPENDANCE

La première voiture que… je me suis payée

« J’avais 19 ans et c’était une Audi Q7, un 4×4 ! Pourquoi ce modèle ? Simplement parce que je rentrais dedans ! On m’avait aussi fait un prix. C’était une récompense après mes premiers résultats sportifs. Plus tard, je me suis offert une belle montre. Mais j’ai plutôt tendance à faire des cadeaux à mes proches qu’à moi-même. Voir des étoiles dans leurs yeux, ça fait plaisir. »

La première fois que… j’ai quitté le nid familial

« Je suis parti très tôt de chez mes parents, en l’occurrence dès que je suis entré en sport-études. À partir de ce moment-là, je ne rentrais que le week-end pour passer un peu de temps avec eux. Vivre éloigné cinq jours par semaine m’a permis d’apprendre à cohabiter avec d’autres personnes, à me débrouiller tout seul et à m’occuper de moi. »

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La rencontre de Teddy Riner avec David Douillet en 1994. // DR

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CÔTÉ PREMIER JOB/CARRIÈRE

La première fois que… j’ai passé un entretien d’embauche

« Je n’ai jamais eu à prendre de job car j’ai été payé très tôt par mes clubs. Mais j’ai eu un rendez-vous très important en 2006. Après un bon résultat sportif, une dirigeante d’Adidas voulait me rencontrer pour me faire signer un contrat et j’ai accepté. Mes parents ont vite pris le contrôle de cette partie de ma carrière, pour que je reste concentré sur mon judo. »

La première fois que… j’ai eu le déclic pour ma carrière

« Je l’ai eu très tard, en 2006, lorsque je suis devenu champion d’Europe. Avant ce titre, je m’entraînais dur et je voulais devenir un champion, mais je ne pensais pas que ça arriverait aussi vite. Mais là, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose de sérieux à réaliser dans le judo. Ça a fait ’tilt’ dans mon esprit. Quelques mois plus tard, je suis devenu champion du monde. »

La première fois que… j’ai eu une grosse galère dans ma carrière

« J’en prenais plein la gueule lorsque j’étais à l’INSEP car j’étais l’un des plus jeunes. Du coup, je me faisais défoncer sur le tapis. J’étais un vrai chiffon et je me retrouvais tout le temps les quatre fers en l’air. Mais bon, je me relevais toujours car je voulais battre ces ‘seniors’ et ça a payé. »

La première fois que… j’ai été fier d’une réussite pro

« C’était en 2007, lors de mon titre de champion du monde. Ce fut encore plus intense que la médaille olympique, venue plus tard, tout est parti de là. En plus, au début de la compétition, je n’avais pas le niveau pour être champion du monde. Pourtant, j’ai quand même battu tous les concurrents, dont le leader de la catégorie. Bref, l’émotion était encore plus forte. »

CÔTÉ #JEDOISBIENLAVOUER…

La première fois que… j’ai fait un gros mensonge à mes parents

« Pendant les vacances d’été, vers l’âge de 12 ans, je restais seul à la maison avec mon frère. On n’avait pas le droit de sortir tant que les parents n’étaient pas là. Du coup, on jetait des choses par la fenêtre. La gardienne rapportait nos bêtises à mon père mais on niait tout. Un jour, on a jeté de la mousse à raser sur les passants. Le soir, mon père nous a fait descendre et nous a montré la trace de mousse sur le rebord de la fenêtre. On lui a répondu : ‘Mais non papa, c’est le voisin du dessus !' »

La première fois que… j’ai pris une grosse cuite

« Je ne bois pas beaucoup, ou alors juste une petite coupe une fois par an, mais je n’aime pas ça. Du coup, j’ai bu le soir de ma médaille d’or aux Jeux Olympiques de Londres et l’effet a été décuplé. J’ai senti la fatigue retomber, la pression des quatre ans disparaître. C’était une belle soirée, tout le monde était content. »