Chronique BD : 3 destins made in USA

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Publié le 07/05/2014 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
Les États-Unis attirent et inspirent meme les BD ! La preuve avec ces trois plongees a des epoques differentes dans la societe americaine. Enjoy !

« Celui qui n’existait plus », de Rodolphe et Georges Van Linthout

« Celui qui n’existait plus », de Rodolphe et Georges Van Linthout (Vents d’Ouest)

*Qui n’a pas un jour rêvé de pouvoir être quelqu’un d’autre ? Une nouvelle personne, que nul ne connaît, et qui a donc tout le loisir de se (ré)inventer ? À 40 ans, Norman Jones est marié. Il a deux enfants et un boulot qui rapporte. Mais aussi cette impression d’avoir raté quelque chose. *Arrivé à la moitié de sa vie, il rêve d’un nouveau départ. Ce rêve, l’occasion lui est donnée de le concrétiser. Quand sa chance se présente, il décide de ne pas la laisser passer. *

*

11 septembre 2001, attentats du World Trade Center. Au lieu d’être au bureau, Norman est dans les bras de sa maîtresse. L’opportunité est là, unique : laisser croire à sa famille, à ses proches, à tous, que son corps est quelque part sous les décombres. Sans identité. Sans carte de crédit ni téléphone, il prend la route. Libre. Mais est-ce possible de tout abandonner ainsi ? Un récit intense, chargé d’émotions, qui renvoie aux traumas d’une Amérique post-11 septembre, mais aussi à ses propres rêves et aspirations.

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« Sixteen Kennedy Express », d’Aurélien Ducoudray et Bastien Quignon

« On l’avait tous appris à la télé. Ça faisait déjà trois jours qu’il avait été assassiné. Le 5 juin 1968. Le présentateur disait que son corps serait promené en train de New-York à Washington… Et qu’il passerait par ici. Alors forcément, tout le monde voulait lui faire un dernier petit coucou. » Sauf que Rob, le jeune protagoniste de « Sixteen Kennedy Express » qui tient ces propos, Robert F. Kennedy, il ne le verra pas. Bien trop – et mieux – occupé à embrasser cette jeune fille au petit haut orange et au sac argenté qui, à peine rencontrée, lui a demandé : « Tu veux qu’on s’embrasse ? »

Sixteen, c’est le surnom que se donne la jeune fille de 16 ans ; de deux ans l’ainée de Rob. L’été s’annonçait terne pour le garçon, le bras dans le plâtre pour deux longs mois, soudain, il semble plein de promesses. Ah les premiers émois amoureux ! Mais cet album ne tourne pas qu’autour de ce duo.

« Sixteen Kennedy Express », d’Aurélien Ducoudray et Bastien Quignon (Sarbacane)

Rapidement, le lecteur fait la rencontre d’un personnage pour le moins atypique : Bud, un gars revenu du Vietnam changé, comme dit sa mère, « pas méchant, mais changé ». Mais est-il réellement celui qu’il apparaît – et prétend – être ? Le « zinzin » dont on se méfie et se moque ? **Un récit sensible au – beau ! – dessin doux, emprunt d’une certaine nostalgie. Joli.

« Burn Out », d’Antoine Ozanam et Mikkel Sommer

1980. Ethan Karoshi est un bon flic. « C’est du moins ce qu’en avait conclu l’enquête interne qui avait eu lieu quelques années auparavant. Un flic droit, fidèle, même à sa maîtresse » , une maîtresse qu’il voit – « juste pour correspondre avec l’image qu’il se fait du flic normal » – les mardi et vendredi. Toute une organisation… appelée à être sacrément bouleversée.

« Burn Out », d’Antoine Ozanam et Mikkel Sommer (Casterman)

Les ennuis commencent avec la mort de Debra, son explosive amante, retrouvée étranglée avec du fil de pêche. Puis c’est au tour d’un autre homme que fréquentait Debra de trouver la mort. L’étau se resserre autour d’Ethan ; il le sent. Toutes les pistes mènent à lui. Qui peut donc lui en vouloir au point de le faire ainsi accuser ?

Si on pressent que cet album aurait pu être encore plus abouti, comme si son – fort – potentiel n’avait pas été totalement exploité, toujours est-il qu’ici, les auteurs réussissent à créer une atmosphère bien particulière , un peu poisseuse, et à y plonger rapidement le lecteur. Le narrateur a une réelle personnalité, un « ton » qui a de quoi séduire le lecteur. Un lecteur dont il se joue, lui qui, connaissant la suite des événements, a toujours un coup d’avance. Un album – noir – qui accroche !