L’interview indiscrète : les premières fois de Pénélope Bagieu

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Publié le 31/01/2017 par TRD_import_NatachaLefauconnier ,
Dans "Culottées", Pénélope Bagieu dresse le portrait en bande dessinée de quinze femmes déterminées à se battre pour défendre leurs idées. À 34 ans, la dessinatrice formée aux Arts Déco s'est fait une place dans l'univers très masculin de la BD. Pour Trendy, elle revient sur ses "premières fois".

La première fois que… j’ai stressé pour un examen

J’aimerais dire que c’est le bac, mais en fait je n’ai pas stressé. J’étais en ES et j’ai bachoté comme une dingo deux semaines avant d’y aller. J’ai eu le bac avec une moyenne de 10,01 !

Là où j’ai vraiment stressé, c’est pour le Conservatoire. Pendant des années, j’ai fait du piano et de la flûte traversière. Avant chaque examen, j’avais un mal de bide à mourir avant d’aller sur l’estrade devant quinze types très sérieux. J’avais l’impression de jouer ma vie.

La première fois que… j’ai eu « une taule » à un examen

J’ai failli redoubler chaque classe du lycée, je n’en vois pas une en particulier ! Mais au bac, pour une fois, j’ai eu l’impression d’avoir tout compris au sujet de maths… en fait, je me suis pas mal taulée : j’ai dû avoir 6. Cela dit, je ne suis pas non plus tombée de l’armoire, parce que c’est cohérent avec mon niveau du reste de l’année !

La première fois que… j’ai séché

Je ne séchais pas, parce que j’étais dans une école où on appelait immédiatement les parents. J’étais un peu sur la liste rouge de la surveillance ! Une fois, j’ai séché le sport et j’ai été virée trois jours… Je suis vite rentrée dans le rang.

**La première fois que… je me suis acheté toute seule mes fringues

La première fois que j’ai gagné de l’argent en dessinant, je me suis offert le sac à main qui me faisait le plus rêver au monde : le « 24 heures » Gérard Darel. Je me suis dit que c’était une folie, mais c’était la première fois que je gagnais de l’argent en faisant quelque chose de valorisant pour moi.

**La première fois que… je suis tombée amoureuse

J’étais en maternelle. Il s’appelait Guillaume et c’était le plus fort de la classe parce qu’il pouvait soulever mon sac avec un doigt ! J’étais déjà très impressionnée par la force brute à l’époque.

**La première fois que… j’ai pris un appart’

C’était une chambre de bonne au 6e étage sans ascenseur , quand j’étais aux Arts déco, à Paris. Je crevais de chaud l’été, et quand je dessinais l’hiver, il fallait que je mette une couette sur mes jambes pour ne pas avoir froid.

Ça devait faire 15 m2, donc je dépliais mon lit tous les jours. Et je ne pouvais pas fermer la porte des toilettes parce que mes genoux bloquaient la porte tellement c’était petit. Mais je crois que ça restera l’appart préféré de ma vie : c’est celui où j’ai tout vécu.

**La première fois que… j’ai eu une paie (et comment je l’ai dépensée)

J’ai fait pas mal de jobs étudiants. Est-ce que j’ai d’abord été caissière, vendeuse ou serveuse ? En tout cas, je ne me souviens pas avoir acheté quelque chose en particulier… j’ai dû le boire, cet argent ! (rires)

Un second volet de portraits de femmes « Culottées » devrait paraître en 2017. // © Manuel Braun

La première fois que… j’ai eu le déclic pour mon métier

Attention, réponse gnangnan : j’ai toujours su que je dessinerais. À trois ans, j’imaginais installer une table dans la rue pour faire des dessins que je vendrais aux gens.

La première fois que… j’ai passé un entretien d’embauche

J’ai fait beaucoup de jobs sous-qualifiés où l’on ne passe pas d’entretien d’embauche… En revanche, j’ai écrit beaucoup de lettres de motivation. C’est horrible d’écrire une lettre de motivation pour un boulot sans motivation , genre « J’ai un très bon contact avec la clientèle »… Est-ce qu’on ne pourrait pas écrire une lettre une bonne fois pour toutes en disant « Bas les masques, vous cherchez des gens, j’ai besoin d’argent, alors allons-y ! » ?

Sinon, quand j’avais 24 ans, la première fois que j’ai eu un entretien pour montrer mon book… j’ai oublié mon book. Cela faisait dix minutes qu’on discutait, et là la personne en face de moi m’a dit « Bon, je vais regarder votre travail »… et là, je me suis rendue compte que je ne l’avais pas. C’était horrible, j’ai bafouillé un « Je suis désolée ». Ça fait vraiment pas motivée ! Heureusement, ce n’était pas un vrai entretien d’embauche.

La première fois que… j’ai eu une galère pro

Brièvement dans ma vie, j’ai eu une expérience en entreprise : j’étais dessinatrice dans une agence. Pendant deux semaines, j’ai détouré des packs de Fructis.

C’est au même moment que j’ai commencé mon blog. Je racontais des trucs sur les gens avec qui je bossais. Notamment le fait que je me faisais draguer de manière ultra lourdingue par des mecs qui venaient me voir en me disant : « Alors, t’es en stage ? » C’était vraiment insupportable. Mais un jour, j’ai vu dans les commentaires que ces collègues avaient fait le lien entre le blog et moi… Après ça, il y a eu une bonne ambiance de merde dans mon bureau !

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Pénélope Bagieu est-elle culottée ?

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« Pas naturellement, mais quand je dois faire quelque chose qui me fait peur, je prends une décision débile et irrémédiable qui m’oblige à le faire. Par exemple, si je veux me mettre à la course à pied tout en me disant que c’est compliqué… un soir où je suis bourrée, je m’inscris au marathon. Après, je me déteste de l’avoir fait, mais je ne peux plus reculer ! »

« Culottées », de Pénélope Bagieu, éditions Gallimard BD, sept. 2016, 144 p., 19,50 €. Portraits pré-publiés sur le blog Culottées de Pénélope Bagieu.

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