Tsunami, Fukushima… quand la BD s’empare de la (triste) réalité

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Publié le 11/12/2013 par TRD_import_LilyJoseph ,
Revenir a Tchernobyl, Phuket ou Fukushima des annees apres. Raconter, via la fiction ou le docu, les consequences que ces catastrophes majeures charrient encore aujourd'hui. Donner a apprendre du passe sans avoir besoin qu'il se repete… * Ça pourrait etre plombant, mais le pari os e releve par les trois BD chroniquees de la semaine est reussi.*

« Tsunami », de Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx

Le 26 décembre 2004, un tsunami allant jusqu’à plus de 30 mètres de hauteur frappait l’Indonésie, les côtes du Sri Lanka et du sud de l’Inde ainsi que l’ouest de la Thaïlande, faisant plusieurs centaines de milliers de morts (entre 216.000 et 232.000 morts selon les différentes évaluations).

Neuf ans après la catastrophe, Romain, 24 ans, débarque à Bandah Aceh, au nord de l’île de Sumatra. Son objectif ? Retrouver la trace de sa sœur aînée, Elsa, dont il n’a pas de nouvelles depuis 2005. À cette époque, elle écrivait à leurs parents vouloir prendre le temps de voyager en Asie ; médecin, elle comptait souffler après la mission humanitaire qui l’avait conduite à porter secours aux victimes du tsunami. « C’était le chaos ici à l’époque […] votre sœur a fait un sacré boulot ici », lui confie sur place un policier indonésien. Voilà le fil conducteur de « Tsunami ».

« Tsunami », de Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx (Futuropolis).

Le personnage de Romain s’en tient à son enquête, mais celle-ci est l’occasion pour le lecteur de faire des rencontres surprenantes et – peut-être surtout – de découvrir des paysages à couper le souffle. Chaque page tournée est une nouvelle occasion de s’émerveiller devant les aquarelles de Jean-Denis Pendanx. Sans jamais s’effacer, l’histoire sait se faire discrète, secrète. L’enquête évolue, mais l’auteur laisse une grande place à l’imaginaire du lecteur.

La catastrophe est là, présente, mais pas démesurément pesante. Jean-Denis Pendanx représente les débris, les épaves, mais aussi – et surtout – la nature et ses couleurs éclatantes ; comment ne pas être subjugué par ces incroyables paysages ? Poétique et envoûtant.

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« Les plaies de Fukushima », d’Emmanuel Lepage

Autre catastrophe, plus récente : Fukushima. Plus d’un an et demi après que la centrale nucléaire a été touchée par un séisme et un tsunami (c’était en mars 2011), Emmanuel Lepage s’est rendu sur place. De ce voyage, l’auteur a ramené un reportage poignant pour La Revue Dessinée. « On comptera près de 20.000 morts essentiellement liées à cette vague déferlante », rappelle dès la première planche l’auteur.

« Les plaies de Fukushima », d’Emmanuel Lepage (La Revue Dessinée).

Pour rappel : « Ce tsunami a détérioré gravement la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Sur les six réacteurs en activité, quatre subissent des dégâts irrémédiables. C’est un accident nucléaire de niveau 7, le niveau le plus élevé. 215.00 personnes sont évacuées dans un périmètre de 30 km autour de la centrale en perdition. » *

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Ainsi, Emmanuel Lepage traverse des préfectures « ravagées à la fois par la vague et par l’atome. » L’auteur en témoigne, depuis que la centrale a été endommagée, les habitants vivent dans l’inquiétude : à quelle quantité de radioactivité ont-ils été exposés ? Est-ce qu’ils pourront un jour revenir chez eux ? Dans ce récit, l’auteur partage ses rencontres. Monsieur Shigihara, par exemple, lui fait part de sa colère : « Un tremblement de terre, un tsunami, ce sont des événements terribles, mais naturels. Le nucléaire, c’est l’homme. On nous a menti. »

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« Je retrouve les mêmes mots que ceux entendus à Tchernobyl. Si le passé ne se répète pas, on ne semble rien en apprendre », analyse – assez tristement – l’auteur, prédisant le sort des « victimes du futur » : des victimes, dont « les maladies seront sans doute niées, oubliées, minimisées » ; « comme les victimes de Tchernobyl. » Observateur actif – et sensible -, « hypnotisé par cette beauté du terrible », Emmanuel Lepage partage son voyage – et bien plus – avec le lecteur. « Les plaies de Fukushima » passionne et offre à réfléchir. Intense et percutant.

« Un printemps à Tchernobyl », d’Emmanuel Lepage

Au nucléaire, Emmanuel Lepage s’y était déjà confronté : Tchernobyl, résidence d’artistes, avril 2008. Et une bande dessinée tout simplement sublime : « Un printemps à Tchernobyl » (Futuropolis).

« Un printemps à Tchernobyl », d’Emmanuel Lepage (Futuropolis).