Cinéma : les films que vous devez voir en septembre
La violence des mots
Un casting d’exception. Deux ans après « Mommy », Xavier Dolan a de nouveau créé l’événement à Cannes, dont il est reparti auréolé du Grand Prix du jury. Le cinéaste québécois adapte ici une pièce du Français Jean-Luc Lagarce. On y suit un jeune écrivain revenant dans sa famille, après douze ans d’éloignement, pour annoncer sa mort prochaine. Un retour qui fait ressurgir un déferlement de traumas enfouis. Avec une violence des mots et des sentiments qui entraîne ce petit monde vers une impossibilité à communiquer sans hystérie. Puis, très vite, à communiquer tout court. Par ses choix de cadrages au plus près des visages, Dolan prend le parti d’enfermer le spectateur au cœur de la famille. Et cette hyperstylisation constitue le plus beau des écrins pour Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel et Léa Seydoux, qui incarnent les personnages avec une puissance étourdissante.
« Juste la fin du monde », de Xavier Dolan. Sortie le 21 septembre 2016.
Humour au féminin
Une actrice au firmament. Enfin ! Tel est le cri du cœur qu’on a envie de pousser devant « Victoria », ce deuxième long-métrage de Justine Triet (le premier : « la Bataille de Solférino »). Enfin une comédie qui offre le premier rôle à une femme sans se noyer sous un déluge de clichés versant dans l’hystérie. On suit ici les déboires sentimentaux et professionnels d’une avocate incarnée par une Virginie Efira au sommet de son art comique, entourée par Vincent Lacoste et Melvil Poupaud.
La réalisatrice réussit le cocktail parfait entre humour, émotion et douce dinguerie, le tout sur un rythme qui ne faiblit jamais. Un souffle d’air frais dans l’univers de la comédie française.
« Victoria », de Justine Triet. Sortie le 14 septembre 2016.
Romanesque
Love story impossible. François Ozon tourne beaucoup – un film par an en moyenne – mais avec cette capacité rare à se renouveler tout le temps. Après les très contemporains « Jeune et jolie » et « Une nouvelle amie », il nous entraîne, cette fois-ci, au lendemain de la Première Guerre mondiale dans une petite ville allemande où une jeune femme venant fleurir tous les jours la tombe de son fiancé, mort sur le front en France, repère un Français venu, lui aussi, se recueillir. Qui est-il ? Pourquoi a-t-il voulu faire le déplacement ? Voilà les questions qui sous-tendent ce grand film romanesque mêlant réalité et fantasmes, images en noir et blanc et en couleurs autour d’une histoire d’amour impossible, portée par Pierre Niney et une époustouflante révélation : Paula Beer. Un nom à retenir.
« Frantz », de François Ozon. Sortie le 7 septembre 2016.
