Moi à poil sur la Toile… Vite, je fais quoi ?

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Publié le 14/11/2014 par bettybetzy ,
Voir ses photos intimes ou ses sextos devoiles sur le Web au monde entier… Non, il n'y a pas qu'a Jennifer Lawrence et autres stars du CelebGate que cela peut arriver. Alors si vous aussi vous avez deja poste a des proches des photos que vous ne voulez pas voir circuler, il est temps de passer a l'action ! Suppression d'anciens posts, protection de vos donnees, recours juridiques : voici l'attirail dont vous disposez.

Même si votre visage n’apparaît pas, on peut vous identifier à partir d’une photo postée sur les réseaux sociaux. //© Plainpicture

Cela ne vous a certainement pas échappé : ces derniers mois, de nombreuses stars comme Jennifer Lawrence, Rihanna ou Vanessa Hudgens ont vu certaines de leurs photos intimes publiées sur le Web, alors qu’elles les avaient partagées dans leur sphère privée. Aujourd’hui, les hackers s’attaquent aussi aux inconnus. Il faut donc redoubler de vigilance, surtout si vous êtes mineur(e).

Quels pièges vous guettent sur la Toile ?

À l’origine de ces piratages : les intentions malveillantes des hackers, évidemment, mais aussi des imprudences des auteurs des photos.

Piège #1 : les CGU des applis

Dans le cas du snappening, par exemple, les utilisateurs de l’application Snapchat, qui permet d’envoyer des photos éphémères (elles s’affichent pendant 10 secondes avant de disparaître), n’ont pas respecté les CGU (conditions générales d’utilisation) de l’application – d’accord, la plupart des utilisateurs cliquent sur « Accepter les CGU » sans même lire leur contenu… première erreur. Ils ont téléchargé d’autres applis (SnapSave, SnapKeep…) qui permettent de sauvegarder les photos de Snapchat (à l’insu de leur expéditeur), ce qui est formellement interdit par les CGU de cette dernière.

Ce sont ces photos sauvegardées qui auraient été récupérées par les pirates informatiques et diffusées sur certains sites à durée de vie limitée ou via des forums anonymes. Et quand on sait que près de la moitié des 100 millions d’utilisateurs de Snapchat ont entre 13 et 17 ans, le hacking de photos dénudées peut alors attirer les prédateurs amateurs de pornographie infantile. Plutôt flippant, non ? Alors avant d’utiliser une appli, assurez-vous d’en connaître les règles d’utilisation… et respectez-les !

Piège #2 : le strip-tease devant Webcam

Autre piège à éviter : les strip-teases devant Webcam. Même si votre interlocuteur vous paraît fiable, prenez garde ! Il peut très bien enregistrer votre prestation et vous faire subir un chantage ensuite (demande d’argent ou d’objets de valeur sous peine de diffuser votre vidéo sur la Toile). Même chose pour les « sextos », qui peuvent aussi se retrouver sur le Web le jour où votre ex voudra se venger après que vous l’aurez largué(e).

Piège #3 : les montages de photos

Situation tout aussi dramatique : quand les photos postées sont des fakes, mis en ligne par des personnes qui vous en veulent personnellement. « On peut citer des cas de véritables harcèlements, qui prennent naissance tout d’abord dans la vie réelle, essentiellement scolaire, pour se poursuivre sur les réseaux sociaux », témoigne Joëlle Verbrugge, avocate et par ailleurs auteur-photographe, créatrice du blog Droit & photographie.

« Il peut s’agir d’insultes, de rumeurs, de fausses accusations, le plus souvent accompagnées de photos représentant réellement la victime, ou de montages qui ne le concernent en rien, poursuit-elle. Mais dans tous les cas, le traumatisme pour la victime est énorme, et le premier conseil à lui donner est d’en parler immédiatement à son entourage. Le danger n’est jamais à prendre à la légère, les conséquences psychologiques pouvant être considérables, voire dramatiques pour les jeunes victimes. »

En France, 40 % des élèves disent avoir été victimes d’une agression ou méchanceté en ligne (source : « les Ados dans le cyberespace. Prises de risque et cyberviolence » , de Catherine Blaya, 2013, éd. De Boeck) _. _Selon EU Kids Online, un réseau de recherche international qui étudie le comportement en ligne des jeunes Européens depuis 2010, * les 13-16 ans sont les plus concernés par le cyber-harcèlement, et particulièrement les filles.*

Les précautions à prendre (avant qu’il ne soit trop tard)

Si vous avez déjà posté des photos suggestives, commencez par changer vos mots de passe du ou des sites en question (Facebook, sites de rencontres, compte de messagerie si vous aviez envoyé un e-mail avec photos jointes…). Utilisez un mot de passe différent pour chaque site, et tâchez de combiner les types de caractères : lettres, chiffres et symboles (#, -, $…). Plus votre mot de passe est court ou basé sur des informations faciles à deviner (votre date de naissance, votre numéro de département…), plus les hackers le « crackeront » facilement. N’oubliez pas d’en changer régulièrement, et surtout, ne le communiquez à personne, pas même à votre meilleur(e) ami(e).

Traquez ensuite vos photos trop personnelles et supprimez tout ce qui peut l’être (anciens statuts Facebook, photos laissées en accès public sur Flickr, e-mails et SMS envoyés…). Pour ce qui est des paramètres de confidentialité, choisissez toujours le mode le plus restrictif (sur Facebook : « Amis uniquement », etc.).

Vous vous « googlisez » et tombez sur des photos de vous que pensiez non publiques ? Vous pouvez demander à Google de supprimer de ses résultats de recherche les liens menant vers des pages où figurent des informations personnelles périmées (ou mensongères)… C’est ce qu’on appelle "le droit à l’oubli". Pour cela, remplissez le formulaire en ligne, et prenez votre mal en patience, les demandes se bousculent au portail ! Attention, vos souhaits ne seront pas forcément exaucés, les dossiers sont examinés au cas par cas.

Vos photos intimes ont été diffusées : quels recours en justice ?

« De façon générale, pour s’opposer à la diffusion de son image, il faut que la personne concernée soit reconnaissable, explique Joëlle Verbrugge. Elle le sera bien sûr si son visage est dévoilé, mais elle le sera également si les commentaires accompagnant une photo la nomment de façon claire, ou permettent de l’identifier. Si la photo est associée à un compte utilisateur, l’identification sera possible. Si cette première condition est remplie, une action est envisageable. »

« Les règles applicables sont alors différentes selon la finalité de la diffusion. Ainsi, s’il s’agit d’une diffusion à des fins artistiques, la personne représentée doit démontrer que cette diffusion lui cause ‘des conséquences d’une particulière gravité' », poursuit l’avocate. Réunissez toutes les preuves du harcèlement dont vous avez été victime : sauvergarde d’e-mails, captures d’écran…

Le tribunal compétent sera le TGI (tribunal de grande instance ) pour une affaire basée sur l’article 9 du code civil (droit au respect de la vie privée) ou sur l’article 16 du même code (respect de la dignité humaine). La condamnation prononcée par le TGI au profit de la victime dépendra de l’importance du préjudice. Pour les photos prises dans un lieu privé, vous pouvez saisir la juridiction pénale (tribunal correctionnel). L’action sera dans ce cas fondée sur le code pénal, et le responsable de la diffusion risque alors de se voir condamner à une amende pouvant aller jusqu’à 45.000 € **et un an d’emprisonnement.

Que vous soyez la victime ou l’auteur de la diffusion de photos, **mieux vaut informer rapidement vos parents de la situation. « Si le responsable reçoit une assignation à comparaître, en pratique, ses parents seront de toute façon informés », constante Joëlle Verbrugge. « Si ce n’est pas le cas, il n’est pas obligé de les prévenir, mais il faut savoir que toute condamnation prononcée contre lui sera de toute façon récupérable sur ses parents. Mieux vaut donc qu’il soit transparent à cet égard. »

Pensez aux conséquences pour votre futur job

Vous l’aurez compris, la meilleure solution est encore d’éviter de poster des parties dénudées de votre corps. Même si votre visage n’apparaît pas, il ne faut pas perdre de vue que ces photos sont associées à un profil, lequel peut toujours être identifié sur Internet (compte utilisateur, adresse IP…). **

 » Diffuser une photo d’une partie de son corps en espérant que personne ne pourra jamais remonter à son auteur est une illusion, affirme Joëlle Verbrugge. Dans l’immédiat, vous risquez donc essentiellement que l’un ou l’autre internaute en mal de sensations fortes tente de vous approcher pour en voir plus. Cela n’est déjà pas négligeable. Mais un autre danger existe, à plus long terme : l’étudiant qui diffuserait ce type de photo peut perdre de vue que son profil sera par la suite probablement visité par des employeurs potentiels dans le cadre de sa recherche d’emploi. »

En effet, de plus en plus d’employeurs vont vérifier votre e-reputation sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. « Imaginons le cas d’un étudiant qui, pour financer ses études ou ses loisirs, cherche un job d’été dans une activité qui le met en contact avec des enfants. Que dira un employeur potentiel tombant sur son profil affichant des photos déshabillées ? Sans parler même d’un emploi fixe à la sortie de ses études… », met en garde l’avocate. De quoi vous achever de vous convaincre que votre jardin secret doit le rester !

Net Écoute : un Numéro Vert pour la protection des mineurs sur Internet

Si vous avez une question ou envie de parler d’un problème qui concerne Internet, le téléphone portable ou même les jeux vidéo, n’hésitez pas à appeler le 0800.200.000 (appel gratuit depuis un poste fixe). Les conseillers de Net Écoute sont là pour répondre à toutes vos questions de façon anonyme et confidentielle. Il y a également plein d’infos et de conseils sur le site net ecoute.fr, notamment sur le cyber-harcèlement.