Comment gérer le retour d’un WEI un peu trash ?

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Publié le 03/11/2015 par TRD_import_MarieKirschen ,
Alcool, exces en tous genres et manque de sommeil... les week-ends d'integration ne sont pas de tout repos et il est facile de se retrouver dans des situations genantes. Le retour en cours, le lundi matin, peut parfois etre brutal. Comment affronter les regards en coin ou les moqueries des petits camarades ? À qui s'adresser en cas de derapage ? Trendy vous aide a y voir plus clair.

Pas toujours facile d’assumer le retour d’un week-end d’intégration… Pendant deux jours, on a fait la fête, beaucoup bu, et on ne s’est pas toujours présenté sous son meilleur jour. Avec autant d’alcool, un dérapage est vite arrivé : on appréhende alors le regard des autres. C’est ce qu’il s’est passé pour Rachid. Cet étudiant en école de commerce a un souvenir assez cuisant de son premier WEI, à 21 ans : saoul, il a vomi… dès le trajet en bus. « Aux yeux de tous je suis devenu un petit joueur, celui qui se sent mal dès qu’il boit un peu… raconte-t-il. J’avais l’impression d’avoir fait une connerie : le but était de s’intégrer, pas que l’on se moque de moi. »

Dans ce genre de situations, difficile de ne pas se sentir humilié. Rachid a d’abord eu la tentation de rester dans son coin. « Heureusement, je me suis ressaisi. J’ai relativisé : si tout le monde fait des blagues sur tout le monde lors des WEI, c’est pour essayer d’être le plus intéressant aux yeux des autres. Il faut rester ouvert. »

Même si la fatigue accumulée nous rend encore plus sensible et méfiant du qu’en dira-t-on, il est important de ne pas donner trop d’importance à nos faux pas. « Personne n’est parfait », appuie le psychiatre Samuel Lepastier. « On ne devrait pas accorder plus d’importance que ça à ces situations. » D’autant plus que certains souvenirs, embarrassants pour nous, peuvent être vite oubliés par le reste du groupe, et que l’on est rarement la seule personne à avoir « dérapé ».

Si vous dérapez

Mais une fois l’embarras-là, comment sauver la face ? L’humour peut être une arme efficace. C’est celle qu’a utilisée Laura, étudiante en psychologie, après sa soirée d’intégration de L1. Ce soir-là, l’alcool aidant, elle s’est mise à danser autour d’une barre de pole dance avec quelques filles, de manière un peu suggestive. « Le lendemain, on s’est dit ‘c’est la honte, comment on a pu faire ça ?' » se souvient-elle. Dans les couloirs de la fac, Laura croise des regards moqueurs. Mais elle ne se laisse pas impressionner : elle va reparler de cette soirée avec ses partenaires de danse, fait des blagues sur le sujet. « On a géré la honte avec le rire » détaille-t-elle.

Quand, comme Rachid ou Laura, on ne s’est pas comporté de la façon que l’on aurait voulu, on peut avoir l’impression d’avoir « raté » son WEI. C’est une erreur, selon Samuel Lepastier. « Le week-end d’intégration n’est pas comme un concours, que l’on pourrait craindre de ne pas réussir » décrit ce directeur de recherche à l’université Paris-Diderot. « Et puis celui qui s’est montré vulnérable a au moins pour lui de s’être montré vrai, d’avoir laissé tomber le masque. Alors que ceux qui ont gardé un masque ne sont pas vraiment intégrés, malgré les apparences. »

Si le bizutage vire à l’humiliation…

Mais les WEI peuvent aussi très mal se passer. Alexandra, 23 ans, en école d’ingénieurs, garde un très mauvais souvenir du sien. Complètement ivre, elle a accepté de goûter de la nourriture pour chien apportée par des étudiants plus âgés. « Sur le coup, je me suis dit que c’était juste un rite de passage. Mais j’ai vraiment regretté. Et puis j’ai écopé d’un surnom idiot qui m’a suivi pendant un petit moment. » Dans les mois suivants, Alexandra a redoublé d’efforts pour donner une autre image d’elle, en s’inscrivant notamment dans une association sportive.

Dans des cas de bizutage comme celui-ci, il est très important d’en parler autour de soi, à des personnes de confiance, voire à un psy si le traumatisme est important. Des associations comme le CNCB (Comité national contre le bizutage) peuvent apporter du soutien, ainsi qu’une aide pour signaler les faits à l’établissement ou porter plainte. Il faut rappeler que, depuis la loi du 17 juin 1998, le bizutage est puni de 6 mois de prison et de 7.500 € d’amende. Il existe également un numéro vert dans chaque rectorat.

Surtout, il est important de réaliser que l’on n’a pas à se sentir humilié ou fautif. « Il faut bien prendre conscience que dans ces cas-là, le problème est du côté du bizuteur, pas du bizut, insiste Samuel Lepastier. Quand on prend du plaisir à humilier autrui, c’est un signe d’une certaine gravité, ça révèle un malaise extrêmement profond. » Pour le psychiatre, il n’y a pas de doute : si lors d’un WEI, il se trouve qu’on s’est amusé à humilier ses petits camarades, il faut consulter. « Il faut s’interroger sur soi-même, parce que ça peut se reproduire dans sa vie de couple, dans sa vie professionnelle. Il faut donc faire très attention. »