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L'institut du service civique, nouvelle filière d'excellence ?

mis à jour le 24 juillet 2012
1 min

Le premier séminaire de l’Institut du Service Civique a ouvert ses portes samedi 21 juillet à Bugeat en Corrèze, en présence du président de la République, François Hollande. Imaginée par Martin Hirsch, cette structure accompagne des jeunes issus du service civique dans un projet académique, professionnel, entrepreneurial ou associatif. Les premiers lauréats sont réunis une semaine pour suivre des conférences, travailler leur projet… et faire connaissance !

 

L'institut du service civique (ISC) a lancé son premier séminaire en Corrèze. Présidée par Martin Hirsch, cette structure permet aux volontaires du service civique d'intégrer des établissements d'enseignement supérieur, des entreprises ou d'être accompagnés dans un projet entrepreneurial ou associatif. Réunis pendant une semaine, les lauréats vont pouvoir affiner leurs projets, rencontrer les partenaires de l'institut (voir la liste des établissements partenaires) et assister à des conférences de haut vol données par Pierre Mathiot, directeur de l’Institut d’études politiques de Lille, Henri Lachmann, président de Schneider Electric ou encore Eloïc Peyrache, directeur d’HEC. Ils seront ensuite suivis toute l'année par l'ISC au cours de leur parcours dans leur établissement d'accueil. Rencontre avec de jeunes passionnés.

 

L’ISC pour valoriser son parcours associatif

L’excellence ne s’exprime pas uniquement dans le milieu académique. Voilà l'un des préceptes que l’ISC veut appliquer en sélectionnant des parcours comme ceux de Maura et de Mehd. L’une a raté le bac – 15 % des lauréats de cette promotion de l'ISC n'ont pas le bac – et l’autre est titulaire d’un deug d’administration économique et sociale. Mais leur parcours scolaire est loin de les résumer.

Cette martiniquaise de 22 ans est une jeune femme engagée. Elle a été pompier volontaire pendant un an. Elle a également été bénévole pour ramasser les algues sargasses ou encore enquêtrice pour l'IPSOS. Lors de son service civique elle effectuait de la prévention auprès des populations au sujet de la Dengue. "On peut avoir des qualités même si on n’a pas réussi scolairement", affirme-t-elle dans un sourire. L’ISC va lui permettre de suivre un DAEU à l’université de Cergy-Pontoise, première étape vers un diplôme d’infirmière.

Le Lyonnais de 24 ans a un parcours tout aussi passionnant. Bénévole dans des associations d’éducation populaire, militant à l’association de la fondation étudiante pour la ville, mais aussi volontaire au sein d’Unis Cité à Marseille, le jeune homme explique "aimer faire des allers-retours entre l’action et la formation". Une tendance qui se confirme quand il se forme (renseigne..) en droit européen des étrangers avant de partir faire de l’aide juridique aux demandeurs d’asile en Bulgarie. Aujourd’hui, il attend la réponse de l’IEP de Lyon, sereinement. "Quand on est volontaire, on se forme sur le terrain, on est confronté à des problèmes, on travaille en équipe. L’ISC valorise cela en plus d’une personnalité, d’une manière de voir la vie." 

 

L’ISC pour entrer sur le marché du travail

Selon Alice Ollagnon, chargée des relations avec le réseau Service Civique au sein de l’ISC, l'établissement cherche "des personnes en situation d’ambiguïté entre leur talent et leur position actuelle". Comme Carole, 26 ans, titulaire d’un M2 de droit de l’environnement. La jeune femme est bénévole pour une association de défense et promotion de l'agriculture biologique au niveau européen. Elle fait le lien entre les besoins des agriculteurs biologiques et le parlement européen et sensibilise les parlementaires aux besoins de la filière bio. "Dans mon secteur, la capacité du marché n’est pas très importante, explique-t-elle. J’attends de ce séminaire de bonnes séances de travail notamment avec les représentants d’Altedia [entreprise de conseil, partenaire de l’ISC, ndlr] afin de m’aider à démarrer ma vie professionnelle."

La logique est plus ou moins la même pour Merwan. Le jeune homme avait des difficultés à trouver un patron pour son bac pro commerce en alternance. Il a donc fait un service civique avec Unis Cité. Il a multiplié les missions en maison de retraite, auprès du secours populaire ou encore dans des centres d’accueil de demandeurs d’asile. "Cela m’a permis de m’évader, analyse-t-il. J’ai pu rencontrer des personnes que je n’aurai pas côtoyées par moi-même. Maintenant je pense être moins timide." Il espère pouvoir trouver une entreprise d’accueil pendant ce séminaire, pour faire son bac pro mais aussi "discuter d’après".

 

L’ISC pour créer une entreprise ou une association

Un cinquième des lauréats de l’ISC a un projet associatif ou entrepreneurial. Ainsi, Julien, jeune graphiste, a-t-il effectué son service civique auprès d’éducateurs spécialisés pour les aider à former des jeunes en difficulté aux techniques de la caméra et du montage vidéo. Il aimerait poursuivre cette activité dans le cadre d’une société. "Je veux monter un studio vidéo à destination des structures sociales, précise-t-il. J’avais l’idée du projet et l’institut me permet de la concrétiser."

Blandine se trouve un peu dans la même situation. En 5e année de chirurgie dentaire, elle a effectué son service civique chez les pompiers. Elle en a tiré un projet à la rencontre de ces deux mondes. "Je veux créer une association de sensibilisation aux urgences bucco-dentaire, détaille-t-elle. Des dentistes viendraient bénévolement former des pompiers, des maîtres-nageurs ou intervenant du samu social à ces sujets. Ces professions sont souvent confrontées à des casses de dents ou des infections sans être vraiment formées sur le sujet."

 

L’ISC pour viser plus haut

En visite à Bugeat lors du premier séminaire de l’ISC, le président de la République a affirmé que cette structure permettait "de faire des passerelles, de mettre en contact des jeunes avec des interlocuteurs qu’ils ne pourraient pas atteindre sinon."

Kevyn, 26 ans, en est le parfait exemple. Titulaire d’un M2 d'éco-gestion, ce jeune martiniquais n’arrivait pas à trouver un emploi. Après un service civique auprès de lycéens en difficulté – qui "sont tous passés dans la classe supérieure" précise-t-il - il se présente à l’ISC avec la volonté de trouver un emploi dans les entreprises partenaires de l'établissement. "Le jury m’a parlé de la chaire social business d’HEC, ils m’ont dit que je pourrais la présenter", explique-t-il. Kevyn se dit intéressé mais hésite encore. Et pour cause, dans son dossier, le jury a écrit : "Candidat au fort potentiel bien qu’il n’en ait pas conscience." L’ISC, découvreur de talents ?

 

Service civique : comment rentrer à l’ISC ?

Les épreuves d’entrée sont assez simples. Elles se composent d’une sélection sur dossier puis d’un oral. En 2012, 750 candidats se sont présentés, 330 ont été entendus à l’oral pour 150 lauréats au final.

Le dossier ne doit pas nécessairement ressembler à une candidature dans une structure "classique". "Nous avons voulu une épreuve non formatée", explique Alice Ollagnon, chargée des relations avec le réseau Service Civique au sein de l’ISC. De fait, la forme est libre, mais le dossier doit comporter les éléments suivants : compte rendu du service civique, description du projet, éléments de CV et avis d’un tuteur. "Il vaut mieux faire quelque chose de personnel, conseille Zoé, lauréate de 19 ans. Une lettre de motivation type, je ne pense pas que cela passerait."

Parmi les membres de la première promotion, certains ont fait une vidéo, d’autres un site Web pour se présenter. Le dossier écrit n’est pas proscrit. 

Karen avait agrémenté le sien. "Le thème étant l’orientation, mon sommaire était sous forme de panneaux directionnels. J’ai représenté mon CV par un parcours sur une carte, avec des ronds-points et des virages. Pour exprimer ce que m’a apporté le service civique j’ai représenté une échelle. Chaque barreau correspondait à un apport."

À côté d’elle sur la photo ci-contre, Valentine, autre lauréate, a rempli un dossier de manière plus classique sans être pénalisée pour autant.

Lors de l’oral, la discussion s’oriente essentiellement autour du projet du candidat. Un projet qui n’est pas forcément en lien direct avec le service civique effectué. Le jury sera surtout attentif au fait que l’ISC soit en mesure d’aider le candidat dans sa démarche. Le principal reste donc le projet.

 

Olivier Monod
Juillet 2012

 

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