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Louis de Gouyon Matignon, 22 ans, du jazz manouche à l'engagement

Par Valentin Chatelier, publié le 17 juin 2014
3 min

A l'annonce vendredi 13 juin du lynchage de Darius, un jeune rom de 16 ans laissé pour mort dans un chariot de supermarché à Pierrefitte-sur-Seine (93), la réaction de Louis de Gouyon Matignon ne s'est pas faite attendre. Entendu depuis dans de nombreux média, cet étudiant de 22 ans préside l'Association défense de la culture tsigane. Né dans une très ancienne famille de nobles, Louis revient sur ce qui l'a mené de la musique manouche à la découverte d'une communauté. Portrait d'un jeune engagé.

Louis de Gouyon Matignon

Louis de Gouyon Matignon n'est pas un "gadjo" comme les autres. A 16 ans, il tombe sur une musique jouée par Django Reinhardt, du jazz manouche. Conquis, il veut en savoir plus. "Je suis parti à la rencontre de ceux qui la pratiquaient, dans les bars puis dans les festivals", explique-t-il. A peine majeur, le jeune homme, issu d'une très ancienne famille de nobles, va passer des après-midis, puis des soirées, avant de voyager sur les routes de France avec eux. 

De la musique à l'engagement

Peu à peu, la découverte d'une communauté à travers la musique se transforme en véritable engagement. Choqué par les propos tenus à l'été 2013 à l'encontre des gens du voyage par Christian Estrosi, il dépose plainte (invité du Grand Rendez-vous d'Europe1 le 7 juillet 2013, le maire de Nice avait déclaré son intention de "mater les Roms", NDLR). "C'est inadmissible", s’insurge l’étudiant, aujourd'hui en deuxième année de droit à Paris 1. Alors assistant parlementaire auprès du sénateur UMP de Haute-Savoie, il a payé de sa place ses prises de positions contre des hauts membres de ce parti. A 22 ans, après avoir écrit trois livres sur le sujet et présidé l'Association Défense de la Culture Tsigane, Louis est régulièrement invité dans les médias. "Cela m'a permis d'avoir une influence médiatique et d’exprimer mes idées", se réjouit-il.

Candidat aux européennes

Candidat aux dernières élections européennes à la tête du Parti Européen - qu'il a créé -, Louis s'ouvre ainsi à des sujets plus larges. "Mais je défends toujours avec force les gens du voyage, qui avaient une place importante dans mon programme", réplique-t-il. Défendant un fédéralisme à l'échelle européenne, sa liste, composée avec une moyenne d'âge de 23 ans, ne recueillera que 0,03% des voix. Louis se dit "assez contents de ce résultat pour une première élection". N'ayant pas les moyens d'avoir des bulletins de votes dans toutes les villes, il se félicite que cinq cent personnes les aient imprimés eux-mêmes. "Un très beau geste de confiance", lance-t-il, amusé. S'il s'engage en politique, c’est pour "incarner des idées, devenir une conscience morale, à l'instar de Daniel Cohn-Bendit", compare-t-il, avant de terminer son café et de filer vers la bibliothèque. Objectif ? Le rattrapage. Sa campagne lui a pris tellement de temps qu’il n’a pas pu valider son semestre. Ne lui manque que le don d’ubiquité.

 

 

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