En bref

Plan de relance de l’apprentissage : l’Etat versera jusqu’à 8.000 € aux entreprises qui recruteront des apprentis

Muriel Pénicaud a annoncé le 4 juin 2020 une aide de 5.000 à 8.000 € pour les entreprises qui recruteront un apprenti entre le 1 er juillet et le 28 septembre
Muriel Pénicaud a annoncé le 4 juin 2020 une aide de 5.000 à 8.000 € pour les entreprises qui recruteront un apprenti entre le 1 er juillet et le 28 septembre © Etienne Gless
Par Etienne Gless, publié le 04 juin 2020
5 min

Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a annoncé le 4 juin 2020 une prime à l'embauche d'apprentis pour les entreprises. D'un montant de 5.000 à 8.000 €, elle serait versée pour tout recrutement effectué entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Objectif : les inciter à continuer de former des jeunes en apprentissage alors qu'elles traversent une période difficile liée à la crise sanitaire.

"Il nous faut maintenir la dynamique de l’apprentissage : près de 500.000 apprentis, une progression de 16% en février 2020. On ne peut pas avoir une génération sacrifiée. Les jeunes ne sont pas la variable d’ajustement de la crise", martèle Muriel Pénicaud.
À l’issue de la concertation du 4 juin 2020 à l’Élysée avec les partenaires sociaux (organisations patronales et syndicats de salariés), la ministre du Travail a annoncé des mesures d’urgence temporaires pour stimuler le recrutement d’apprentis. "Les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet au 28 février bénéficieront d'une aide élargie à l'embauche de 8.000 € euros pour les majeurs entre 18 et 30 ans et 5.000 € pour les mineurs de moins de 18 ans."

Une aide élargie aux grandes entreprises et aux formations post-bac jusqu'au niveau licence

Jusqu’ici, l’aide unique à l’embauche d’apprentis était réservée aux entreprises de moins de 250 salariés et pour préparer des diplômes de niveau inférieur ou égal au bac (CAP, BEP, bac pro). Le dispositif d’aide est désormais élargi à toutes les entreprises et pour préparer des diplômes jusqu’au niveau licence professionnelle.

Il était important de ne pas réserver cette aide aux bas niveaux de qualification. En 2019, près de 40% des 485.000 jeunes en apprentissage préparaient en effet un diplôme de l'enseignement supérieur et les entreprises qui les accueillaient ne bénéficiaient pas d'aide à l'embauche. "Les entreprises de plus de 250 salariés pourront accéder à l'aide à condition de satisfaire à l'obligation légale de compter 5% d'alternants parmi leurs effectifs salariés", a précisé la ministre du Travail.

Appel à la mobilisation générale pour sauver l'apprentissage

"Les jeunes ont compris l'intérêt de l'apprentissage et les demandes de contrats s'intensifient", analyse Muriel Pénicaud qui va mobiliser rapidement tous les acteurs de l'apprentissage dans les territoires pour satisfaire les demandes des jeunes et les aider à décrocher un contrat en apprentissage au plus vite. Il s'agit de sauver la rentrée de l'apprentissage de septembre.
Néanmoins, les jeunes qui n'auraient pas encore trouvé de contrat d'apprentissage au moment de leur entrée en formation pourront suivre six mois (au lieu de trois) leur formation en CFA et se faire accompagner pour la recherche de leur employeur.
L'État va également financer l'équipement informatique et numérique de tous les centres de formation d'apprentis qui ont besoin d'être outillés dans la durée, notamment pour la formation à distance. "Nous avons massivement aidé les entreprises pendant cette crise, c'est à leur tour d'aider la nation en recrutant des jeunes et de s'aider elles-mêmes car ce sont les compétences de demain", a conclu Muriel Pénicaud.
L'urgence de la relance de l'apprentissage

"Je suis en recherche d’un contrat d’apprentissage d’éducatrice jeunes enfants sur Poitiers (86) depuis plus d’un an. C’est galère !", se désole Eloïse, 19 ans, qui n’a toujours pas trouvé son contrat et aimerait bien commencer ses études en alternance à la rentrée 2020. Comme Eloïse, des milliers de jeunes souhaitant se former en apprentissage voient leurs candidatures ne pas aboutir en ce printemps.
Traditionnellement, les employeurs lancent leurs campagnes de recrutement d’alternants de mars à septembre. Las, la crise sanitaire du Covid-19 est passée par là, engendrant une grave récession économique. Les chefs d’entreprise sont frileux et beaucoup ne prévoient pas de reprendre d’apprentis à la rentrée, ou d’en prendre moins.

Du coup, les offres de contrat d'apprentissage pour la rentrée se sont raréfiées depuis le 16 mars.
Dans le secteur de la métallurgie, les offres seraient en chute de 40% sur un an. "Il y a une forte demande des jeunes pour l’apprentissage mais, en ce moment, les entreprises manquent à l’appel", convient Philippe Darmayan, PDG d’Arcelor-Mittal France et président de l’UIMM.
Mais le pire est à venir. Pour celles et ceux qui suivent déjà leurs études en apprentissage, les plans sociaux qui s’annoncent à la rentrée pourraient voir le licenciement de 40.000 à 60.000 apprentis à la fin de l’été. Il sera alors difficile, après une rupture de contrat, de trouver une autre entreprise d’accueil pour terminer sa formation !
Bref, l’apprentissage, qui avait battu des records historiques et connu une progression de 16% sur un an avec 485.000 apprentis fin 2019, pourrait cette année enregistrer une chute de 20%. En espérant que la prime exceptionnelle de 5.000 à 8.000 € à l'embauche d'apprentis vienne limiter la casse.

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