Décryptage

Rémunération des apprentis : une prime à la place d'une augmentation

Le budget 2017 accordera 335 € d'aide exceptionnelle pour les 210.000 apprentis de moins de 21 ans. L'UNEF réclame une revalorisation structurelle des minima légaux.
Le budget 2017 accordera 335 € d'aide exceptionnelle pour les 210.000 apprentis de moins de 21 ans. L'UNEF réclame une revalorisation structurelle des minima légaux. © Etienne Gless
Par Étienne Gless, mis à jour le 07 mars 2017
1 min

Le 2 mars 2017, un décret a institué le versement d'une aide exceptionnelle de 335 € pour 210.000 apprentis. Une bonne nouvelle ? Oui, si le gouvernement précédent n'avait pas plutôt promis une augmentation de salaire...

"En 2017, 210.000 apprentis de moins de 21 ans percevront une aide exceptionnelle de 335 €". Le 13 décembre 2016, Bernard Cazeneuve, le Premier ministre, annonçait la création d'une prime pour améliorer le pouvoir d'achat des plus jeunes apprentis. C'est chose faite grâce à un décret publié le 2 mars 2017 au Journal officiel.

À première vue, une bonne nouvelle. En effet, la rémunération minimum d'un jeune mineur en première année de contrat d'apprentissage commence à seulement 25 % du SMIC, soit 366,65 € bruts par mois en 2016. Un coup de pouce financier appréciable...

Pourtant, l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) voit plutôt dans cette aide "un risque de recul inacceptable". "Cela constitue un retour en arrière", estime le syndicat étudiant. À la place d'une aide ponctuelle, il préfèrerait une augmentation du salaire minimum des apprentis. Du reste, le gouvernement s'était engagé à améliorer leur rémunération après le long bras de fer lié à la loi Travail. Le 11 avril 2016, dans ses 11 mesures "Priorité jeunesse", il annonçait : "Les minima salariaux légaux des jeunes apprentis seront relevés au 1er janvier 2017".

Lire aussi : Deux contrats d'alternance possibles : apprentissage ou professionnalisation ?

Des apprentis mieux rémunérés = moins de contrats proposés ?

Pourquoi ce rétropédalage ? D'abord, ce sont les entreprises ou les collectivités qui rémunèrent les apprentis et non le gouvernement. Ensuite, ce dernier craint qu'en augmentant les minima légaux, les entreprises aient moins recours à l'apprentissage. Les contrats d'apprentissage sont repartis à la hausse depuis deux ans. Mais cette hausse, encore fragile, ne s'élève qu'à 1,3 % en 2015 avec 283.500 nouvelles signatures. Celle-ci est due principalement aux très petites entreprises et aux artisans (+ 4 %), alors que les recrutements chutent dans les entreprises de plus de 10 salariés (- 3,2 %).

Dilemme : les petites entreprises ont moins d'argent que les grandes pour accorder plus que les minima légaux. Leur augmentation pourrait donc dissuader l'artisan, le commerçant ou le dirigeant d'une très petite entreprise d'embaucher des jeunes en apprentissage.

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"Tous les apprentis à 1.500 € reviendrait à tuer l'apprentissage"

"Nous ne renonçons pas à une réflexion de fond sur l'amélioration du pouvoir d'achat des apprentis. Mais mettre tous les apprentis à 1.500 € par mois reviendrait à tuer l'apprentissage", confie-t-on au secrétariat d'État chargé de la Formation professionnelle et de l'apprentissage. Et le gouvernement de rappeler les améliorations déjà apportées en faveur des apprentis ces dernières années : construction de 10.000 places d'hébergements pour les alternants, bénéfice de l'ARPE (aide à la recherche du premier emploi), alignement des droits des apprentis sur ceux des étudiants et des salariés avec par exemple la prise en compte des années d'apprentissage pour le calcul de la retraite...

En 2017, une mission parlementaire doit faire des propositions sur les rémunérations et le pouvoir d'achat des apprentis. "Nous ne voulions pas attendre pour leur donner un coup de pouce financier", indique le secrétariat d'État chargé de la Formation professionnelle et de l'apprentissage. Soit. Mais "chose promise, chose due", dit le proverbe.

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