Décryptage

Parcoursup : les 5 imprévus qui chamboulent tout

Par Natacha Lefauconnier, Laura Taillandier, Eva Mignot, mis à jour le 22 août 2018
Durée de lecture : 
7 min

Quand vitesse rime avec précipitation... Le ministère de l'Enseignement supérieur met les bouchées doubles depuis le début de l'année pour installer à temps le plan Étudiants et Parcoursup. Quitte à opérer des changements en cours de route qui faussent la donne pour certains candidats.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Depuis l'ouverture de Parcoursup, le ministère de l'Enseignement supérieur joue la course contre la montre pour que la réforme s'installe dans des délais très serrés. Conséquence : des ajustements en cours de route ont bousculé les règles du jeu pour les lycéens. Un vote de la loi qui intervient après le lancement de la réforme, des textes d'application qui changent la donne... Revue de détails de cinq dispositifs qui ont pu donner à certains le sentiment d'être un peu lésés.

1. Le coupe-fil de Parcoursup

Avec la mise en place de Parcoursup, le dispositif dit "meilleurs bacheliers", qui donne un accès prioritaire dans l’enseignement supérieur aux élèves ayant cartonné à l'examen, a pris un nouveau sens. D'une part, il concerne désormais l'ensemble des formations, donc plus seulement les sélectives, mais surtout, il permet de doubler tout le monde sur liste d'attente.

Problème : certains candidats qui auraient pu vouloir en bénéficier ne pourront pas, faute d’avoir connu les règles en amont. En effet, cela suppose que les lycéens aient candidaté sur la formation et qu'ils n'aient pas renoncé à leur inscription sur la liste d'attente. Pour les autres, c'est une aubaine pour obtenir enfin la formation de leur choix, sous réserve, bien sûr, qu'il y ait des places disponibles.

2. De nouvelles places en cours de route

Pour permettre au plus grand nombre de bacheliers d'intégrer l'enseignement supérieur à la rentrée 2018, le ministère a annoncé la création de nouvelles places, soit 30.000 au total. Une première salve a été ouverte essentiellement en licence (STAPS, droit, économie-gestion ou encore PACES). Récemment, un second wagon de 10.000 nouvelles places a été promis par le gouvernement d'ici à septembre. Il s'agit là d'une bonne nouvelle pour les bacheliers encore en attente. Un appel d'air devrait être ainsi créé dans les filières en tension comme les BTS (brevets de technicien supérieur), là où les formations peuvent accueillir quelques élèves en plus selon les locaux et les professeurs disponibles.

Pour certains, le timing de ces créations est le bon : il fallait attendre de voir les endroits où cela bouchonne sur Parcoursup pour ouvrir les places en fonction des besoins. Mais pour d'autres, ces créations sont un peu tardives. Seuls les élèves qui ont maintenu leur vœu en attente pourront en bénéficier. Le numéro de place dans la file aura entre-temps pu en décourager plus d'un...

3. Taux de rempli... quoi ?

À la mi-juillet, une fois les résultats du bac tombés, les candidats qui ont gardé des vœux en attente ont vu s’afficher une nouvelle information dans leur dossier : le taux de remplissage des formations. Ce taux, qui pouvait atteindre 100 % dans certains cas, a pu décourager quelques candidats.

Pourtant, celui-ci ne tient pas uniquement compte des vœux définitifs des candidats. Il comptabilise aussi ceux qui ont conservé d'autres vœux en attente et qui ne vont donc pas forcément choisir d'intégrer cette formation. Une communication à prendre donc avec prudence avant de vous décider.

4. Une procédure sans fin ?

47.000 : c'est le nombre de candidats sans affectation sur Parcoursup le 22 août 2018. Et 95.600 ont encore des vœux en attente... Une longue attente qui pourrait s'expliquer par un blocage à en croire les précisions apportées sur les réseaux sociaux par la créatrice de l'algorithme de Parcoursup elle-même, Claire Mathieu.

Deux élèves qui espèrent chacun la proposition de l'autre pourraient se retrouver coincés, chacun attendant que l'autre se désiste. En clair : les formations ont fini de recruter mais elles ne le savent pas. Tout comme les candidats n'auront pas mieux sans en avoir connaissance.

Mais Claire Mathieu nuance cette situation qui peut être bouleversée par de multiples facteurs et une cascade de désistements. Sur Admission-postbac, les candidats n'avaient qu'une seule proposition à accepter ou choisir d'attendre le tour suivant en espérant mieux. Avant d'être définitivement fixés au 3e tour, le 14 juillet.

5. Une augmentation surprise des frais d'inscription

Certains candidats souhaitant se diriger vers une formation d'ingénieur ont eu une bien mauvaise surprise. Une augmentation des frais de scolarité des écoles Centrale décidée en cours de route par le ministère de l'Enseignement supérieur. Et pas des moindres : à Lille, la facture pour les deux formations postbac de Centrale passe de 610 € à 2.500 €, par exemple. "Les élèves qui ont candidaté à Parcoursup pour ces deux formations comme les étudiants du cycle ingénieur qui ont déjà dû valider leurs vœux n'étaient pas du tout au courant de cette hausse", relève Grégory Barrère du bureau national des élèves ingénieurs.

"Certains se sont sentis piégés : on leur avait dit que la hausse des frais de scolarité allait être progressive et qu'elle n'aurait pas lieu dès cette année", regrette-t-il. À Lille, chez les élèves prévenus seulement cette semaine, la pilule a du mal à passer. Mais l'école promet de mettre en place des échéanciers de paiement et des systèmes de bourse pour les étudiants.

À l'inverse, de l'autre côté de l'échiquier, les élèves qui souhaitent intégrer l'université verront la note de leur rentrée allégée, de 14 € en licence et de 13 € en master. Une baisse décidée également en cours de route, mais synonyme cette fois de bonne nouvelle pour les étudiants.

Un bug informatique en début de procédure

Ce n'est pas un changement de dernière minute mais un vrai bug qui a pu léser certains candidats en tout début de procédure sur Parcoursup. Une petite partie des formations présentes sur la plate-forme – environ 3.000 – ont pu avoir accès à une information qu'elles n'étaient pas censées avoir : l'éventuelle demande d’année de césure des élèves. Rapidement corrigée, cette anomalie aura concernée environ 8.100 futurs étudiants.

Le ministère de l'Enseignement supérieur assure néanmoins avoir signalé "clairement" aux établissements que cette information ne devait donc en aucun cas être utilisée parmi les critères pris en compte par les commissions d’examen des vœux. Reste que certains candidats ont pu être questionnés sur ce point lors de leur entretien de motivation dans des formations sélectives. Cette information aura-t-elle pesé dans la balance de leur admission ?