Décryptage

75 ans du Débarquement : ils ont passé le bac en juin 1944

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En 1944, le baccalauréat a subi les conséquences du Débarquement. ©
Par Walim Jlaiel, publié le 06 juin 2019
4 min

À l’occasion des commémorations des 75 ans du Débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, l’Etudiant s’est demandé comment les lycéens avaient passé le bac cette année là. Dans la région de Caen, les épreuves et les corrections ont été fortement perturbées.

Jeudi 6 juin 2019, Emmanuel Macron, Theresa May, Donald Trump et d’autres chefs d’État se sont retrouvés en Normandie pour commémorer les 75 ans du débarquement allié. Le 6 juin 1944, des milliers de soldats américains, britanniques et français s'engageaient sur les plages normandes sous le feu de l’armée allemande. On connaît la suite : la bataille de Normandie, la libération progressive de la région et du pays puis la fin de la guerre.

Ce que l’histoire ne dit pas, c’est ce qu’il est advenu du baccalauréat cette année-là. Sans surprise, tout ne s’est pas passé comme prévu.

Une année scolaire perturbée par la guerre

Avant même les épreuves du bac, c’est l’année scolaire qui a subi les conséquences de la guerre. "J’ai eu des difficultés avec l’anglais, car notre professeur a été déporté en Allemagne et n’est pas revenu", a témoigné Pierre Michel, lycéen à Caen en 1944, dans "Calvados magazine". Il se souvient aussi avoir été "parfois réquisitionné [NDLR: par la résistance] pour surveiller les voies ferrées".

Emmanuel Le Roy Ladurie, lui aussi élève cette année-là, a été contraint de changer de collège en raison de l’occupation de son premier établissement. Ce contexte particulier, pour ne pas dire angoissant, a donc empêché les élèves de se préparer correctement à certaines épreuves.

Des copies égarées ou détruites

Pourtant, les épreuves du bac, programmées les 3 et 4 juin, se sont déroulées presque sans encombre. Seuls les oraux ont été annulés par manque d’examinateurs, ainsi que les maths et l’histoire. En cause : des difficultés de transports et une pénurie de papier.

En réalité, ce sont surtout les corrections qui ont souffert du Débarquement et de la bataille de Normandie : une grande partie des copies ont été égarées, voire détruites. De plus, les correcteurs ont eu beaucoup de mal à se déplacer pour pouvoir les corriger.

Une nouvelle session organisée en octobre 1944

Après la fin de la bataille, le ministère de l’Éducation nationale décide finalement d’organiser une nouvelle session du bac. Celle-ci s’est tenue à Caen, en octobre 1944. Une nouvelle chance pour les élèves dont les copies avaient disparu et pour ceux qui n’avaient pas pu participer à la première session, de se rattraper.

En raison des événements, les correcteurs ont été plus indulgents cette année-là. Mais selon une archive de "L’Ouest-Éclair" d’avril 1944, certaines personnes ne sont pas privées de critiquer ce bac, noté "injustement", car c’était plus dur "à la belle époque". Ce à quoi les lycéens de 1944 leur répondirent : "Passer le bac sous l’occupation et entre deux alarmes est loin d’être un privilège".

Les chiffres du bac en 1944
Au niveau national ce sont 27 851 candidats qui se sont présentés au bac en 1944 pour seulement 12 999 admis, soit 50.26% de bacheliers. Des chiffres relativement faibles par rapport aux 49 101 candidats en 1959 et aux 750 000 candidats de 2018 avec ses 79% d'admis. Le bac se démocratise donc de plus en plus et passe d'un diplôme d'élite à un diplôme quasi obligatoire.

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