Reportage

Réforme du bac : à Marseille, ils changent de lycée pour suivre leurs spécialités

Antoine, Jeanne, Lina, Alice, Malouiséo et Clara, du lycée Daumier à Marseille, suivent des enseignements de spécialités mutualisés.
Antoine, Jeanne, Lina, Alice, Malouiséo et Clara, du lycée Daumier à Marseille, suivent des enseignements de spécialités mutualisés. © Thibaut Cojean
Par Thibaut Cojean, publié le 13 novembre 2019
6 min

Episode 2/5. Tout au long de l’année, l’Etudiant vous emmène dans différents lycées de France pour comprendre comment le nouveau bac est mis en place. Pour ce deuxième épisode, nous visitons le sud de Marseille. Ici, trois lycées généraux ont choisi de travailler ensemble pour proposer toutes les spécialités à leurs élèves, qui suivent ainsi des cours en commun. Une mutualisation qui donne un nouveau dynamisme.

Pour ces élèves de Marseille (13), le mercredi est un jour particulier. Le matin, ils ne prennent pas le même bus que la veille pour aller au lycée. Et pour cause : ils ne vont pas suivre leurs cours dans leur établissement habituel.

Six spécialités partagées entre trois lycées

"Lina, Clara et moi, on va au lycée Marseilleveyre tous les mercredis matin", explique Alice, élève de première générale du lycée Daumier. Mais pour y faire quoi ? "Je suis inscrite en spécialité théâtre", explique Lina. Comme elles, ils sont quelques dizaines d’élèves de trois lycées généraux du sud de Marseille à changer d’établissement une matinée par semaine pour suivre "ailleurs" leur enseignement de spécialité artistique.

Avec la réforme du bac, tous les lycées ne peuvent en effet pas proposer toutes les spécialités à leurs élèves. Aussi, dans le sud de Marseille, les lycées Périer, Daumier et Marseilleveyre ont choisi de mutualiser certaines matières. Dans le premier, c'est "histoire de l’art". Dans le deuxième, "musique" et "langues et cultures de l’Antiquité". Dans le dernier, "arts plastiques", "cinéma" et "théâtre". Résultat : c’est aux élèves de se déplacer d’un lycée à l’autre, en fonction de leurs spécialités.

"Ça ne me dérange pas d’aller à Marseilleveyre, poursuit Lina. Ce n’est pas très loin de chez moi, c’est même plus près que Daumier !" Dans sa classe de théâtre, quatre élèves viennent de son lycée, ce qui facilite l’intégration.

Dynamisme et mixité sociale

Malouiséo, à l’inverse, est la seule élève de Daumier à devoir se rendre au lycée Périer : "Je me suis tout de même bien intégrée." "On a l’habitude, on est souvent mélangés dans les classes, abonde Antoine. Et depuis la réforme, on change souvent de camarades, on a des classes plus soudées." Inscrit en spécialité musique dans son lycée de Daumier, c’est à lui d’accueillir les élèves des autres établissements.
Loin d’être difficile, l’intégration de nouveaux élèves aura même été bénéfique. "Les autres ne viennent pas de loin mais ont une autre culture d’établissement, ça apporte du dynamisme", observe Jérôme Nicolas, professeur de cinéma à Marseilleveyre. Amelia Del Vecchio, qui enseigne les arts plastiques dans le même lycée, note également que la mutualisation, permettant des classes plus nombreuses, "donne de la force et de l’énergie".
En outre,"les élèves ne viennent pas vraiment du même milieu social, fait remarquer leur collègue Anne Rochepoggi, enseignante de théâtre. C’est important, car ça permet une mixité et une cohésion sociale." Claire Gérardin Moriconi, la proviseure du lycée Marseilleveyre, se dit justement satisfaite de "rééquilibrer l’offre de formation sur le territoire". Alors que son lycée offre un très large choix d’enseignements et d’options, la mutualisation permet en effet selon elle "d’offrir ces richesses à tous, de manière plus équitable".

Jongler avec les transports et les emplois du temps

Mais si, aujourd’hui, tout se déroule sans accroc, "cela a représenté un important travail d’harmonisation", retrace Jean-Marc Philippe, proviseur du lycée Daumier. Selon lui, deux facteurs étaient impérativement à prendre en compte : les transports et les emplois du temps. Pour le premier, "nous avons la chance d'être trois établissements relativement proches les uns des autres", et le service de bus permet de les desservir correctement.
Pour le second point, "nous avons fait des réunions avec les autres adjoints et organisé les choses en fonction de ce qui était le plus facile pour les élèves", raconte Frédérique Mattio, proviseure adjointe de Daumier. Afin de leur éviter trop d’allers-retours, les établissements ont donc décidé de caler tous les enseignements mutualisés le même jour dans les trois lycées. Le mercredi matin pour les cours obligatoires (les spécialités), et l’après-midi pour les cours facultatifs (les options, y compris celles des élèves de terminale). En définitive, les élèves ne changent de lycée qu’un jour par semaine.
Au quotidien, le bouleversement lié à la mutualisation reste donc minime. De plus, "pour les notes, les conseils de classe et les communications avec les professeurs principaux, tout se passe entre nous via le logiciel Pronote", explique Marie-Hélène Bes-Pianet, professeure de musique à Daumier. Une question que les élèves n’ont donc pas à se poser. Probablement pour le meilleur, puisque la mise en place du nouveau bac soulève son lot de nouveautés (l'importance des spécialités, la prise en note du contrôle continu), qui peuvent parfois déjà stresser cette nouvelle génération de lycéens.
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Retrouvez dans les librairies les livres "SOS, le nouveau lycée. La réforme décryptée" et "Le nouveau bac. Les réponses à toutes vos questions" aux Éditions de l’Opportun / L'Etudiant.

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