Reportage

Bac : dans les coulisses des commissions de correction

Examen, copie corrigée
La note finale de votre copie passe par plusieurs étapes. © Fotolia
mis à jour le 27 juin 2019
1 min

Ça y est, vous avez passé le bac ! Vos copies sont désormais entre les mains des examinateurs… Comment être sûr(e) que vous allez être noté(e) équitablement ? Le correcteur est-il seul à décider ? Pour le savoir, nous sommes allés demander directement aux principaux intéressés.

Tout d'abord, soyez rassuré : avant d'apposer un résultat définitif sur les copies du bac dont ils ont la charge, les correcteurs ont eu l'occasion d'échanger entre eux à plusieurs reprises pour garantir un maximum d'équité. Voici donc les différentes étapes par lesquelles passent vos copies.

Une fois les épreuves terminées, chaque examinateur récupère des paquets de copies soigneusement composés. "On réunit dans le même jury les copies provenant de quatre ou cinq établissements de profils différents, ce qui garantit un certain brassage. Les correcteurs ont alors tous des paquets comparables, avec des bonnes copies et d'autres qui le sont moins", souligne Vincent Goudet, directeur de la Maison des examens d’Île-de-France. L'objectif : assurer l'égalité de traitement entre les candidats.

Commissions d'entente avec tous les correcteurs

La notation des copies est elle aussi très encadrée. Dans un premier temps, le correcteur récupère, en plus de son paquet, un corrigé - plus ou moins détaillé selon la discipline - accompagné de consignes de correction. Puis, à peine a-t-il le temps de jeter un œil sur quelques copies qu'il est convoqué à une commission d'entente (elle a généralement lieu deux jours après l'épreuve).

À cette réunion participent les professeurs d'une même discipline et d'une même série. "Un ou deux devoirs corrigés sont photocopiés pour que tous les profs présents puissent échanger sur leur évaluation, précise Philippe Watrelot, professeur de SES (sciences économiques et sociales), qui a une longue expérience de membre du jury du bac. S'ensuit une discussion passionnée et argumentée autour de la notation à attribuer à chacune de ces copies tests."

Cette commission permet aux correcteurs d'une même discipline de se mettre d'accord sur ce qu'ils attendent d'un élève moyen, celui auquel on mettrait un 10/20, puis de raisonner en bonus/malus, en spécifiant les éléments susceptibles d'apporter ou d'ôter des points.

À l'issue de la commission, chacun repart avec ses copies. Commence alors une période de correction intense pour ces professeurs correcteurs.

Commissions d'harmonisation pour les littéraires

Une fois qu'ils ont corrigé l'essentiel de leurs copies, dans certaines disciplines - les plus littéraires (français, philosophie...) -, les correcteurs se rendent à une commission d'harmonisation animée par un inspecteur.

L'objectif est de comparer les moyennes données par chacun des membres du jury, ainsi que la répartition des notes. Cela permet de gagner en cohérence. "Les paquets de copies étant comparables d'un prof à l'autre, les moyennes doivent donc être proches", affirme Vincent Goudet.

Permanences téléphoniques

En sciences économiques et sociales comme dans les matières scientifiques, des PIT (permanences d'information téléphonique) ont été mises en place pour que le professeur ne se retrouve pas seul devant sa copie. Ces permanences sont assurées par des enseignants et des inspecteurs. "Le correcteur, qui est généralement dans une posture de doute par rapport à sa notation, peut ainsi dialoguer avec ses collègues", ajoute Vincent Goudet.

Toutes ces commissions, qu'elles soient d'entente ou d'harmonisation, et les permanences téléphoniques sont utiles, comme en témoigne Philippe Watrelot : "On connaît les biais de la notation depuis les travaux très anciens sur ce sujet qui datent de 1925. Ces moments sont aussi l'occasion de parler de pédagogie entre professeurs de la même discipline qui se réunissent rarement."

Jury de délibération : la décision finale

Le travail d'harmonisation et de validation des notes ne s'arrête pas là. Il se poursuit lors de la journée de délibération. Les correcteurs des différentes matières sont réunis en jury et examinent le cas de chaque candidat. Ces derniers disposent d'un certain nombre de statistiques : moyennes des notes par correcteur, par matière, par jury dans le même centre d'examen et au niveau départemental.

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"À cette occasion, toutes les notes sont vérifiées. Le jury peut même être amené à examiner plus attentivement le dossier d'un élève dont la moyenne est proche d'un seuil (d'admissibilité, d'admission ou de mention), explique Vincent Goudet. On tient alors compte des situations personnelles de chacun des candidats, en étudiant attentivement leur livret scolaire."

C'est donc durant cette délibération qu'un correcteur peut être amené à vous accorder le point supplémentaire, vous permettant ainsi de passer l'oral de rattrapage alors que vous n'atteigniez pas les 8/20, d'être admis au premier tour lorsque vous frôliez la moyenne ou d'avoir une mention que vous auriez pu rater de deux dixièmes, "sachant que revoir une note est toujours le fruit d'une discussion", nuance Philippe Watrelot.

Quant à penser qu'un correcteur puisse mettre 8 ou 18/20 à toutes les copies pour être dispensé de correction l'année suivante, "cela relève de la légende !", certifie Vincent Goudet.

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