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Bac ES 2015 : corrigé d’un sujet de SES sur la mobilité sociale

Par Un dossier réalisé par Mathieu Oui, publié le 03 janvier 2012
5 min

Candidats au bac ES (économique et sociale) 2015, à quels sujets vous attendre en juin prochain ? Voici nos pronostics, basés en partie sur les avis d'enseignants. Avec, en prime, des corrigés de sujets pour vous entraîner, façon "bac blanc".

Le sujet : "Vous analyserez le rôle de l’Ecole dans la mobilité sociale."
  

Introduction

L’école est souvent au centre des préoccupations des familles mais aussi de l’Etat, les réformes successives dans l’Education nationale en portent le témoignage. Instrument privilégié de socialisation, avec la famille, l’école est aussi le grand facteur de la mobilité sociale.
 
Durant les Trente Glorieuses, les effectifs scolaires ont fortement augmenté. Il s’agissait à la fois de répondre à un besoin croissant en main d’œuvre qualifiée et de poursuivre la démocratisation de l’enseignement. Pour les familles et les groupes sociaux, la dynamique de progrès social était portée, au delà des progressions de niveau de vie, par la possibilité de connaître une ascension sociale pour ses enfants (mobilité intergénérationnelle ascendante) : en d’autres termes que la destinée d’un fils d’ouvrier ne soit pas fatalement de devenir un ouvrier. On comprend dès lors le rôle de l’école dans ce processus de mobilité sociale. Facilitée par les mutations structurelles, la mobilité sociale a été bien réelle et l’école a joué un rôle central dans ce processus.

Cependant la démocratisation de l’enseignement doit être nuancée car de nombreuses inégalités subsistent. Des inquiétudes et des doutes pèsent sur l’institution scolaire. Quelles sont les conséquences des inégalités scolaires sur la mobilité sociale aujourd’hui ? L’école n’est-elle pas au contraire devenue un puissant mécanisme de la reproduction sociale ?

Après avoir montré que l’école est un instrument important de la mobilité sociale nous monterons que l’école n’assure pas l’égalité des chances et donc une mobilité parfaite.



I/ L’école est un instrument important de la mobilité sociale.
A/ La démocratisation de l’école est au cœur de la société méritocratique…
1/ Promouvoir la méritocratie suppose l’égalité des chances…

- La méritocratie au cœur de l’idéal démocratique (Référence A. de Tocqueville)
- La méritocratie suppose l’égalité des chances.
- L’école doit permettre l’égalité des chances.


2/ La démocratisation scolaire : constat

- Très forte augmentation du nombre de bacheliers et de la proportion d’une génération qui obtient le baccalauréat.
- Cette démocratisation a été possible grâce à des moyens en personnels et en infrastructures de plus en plus importants.


B/ … et devrait favoriser la mobilité sociale
1/ la démocratisation scolaire a accompagné la mobilité structurelle.

- Les mutations des structures productives et de l’emploi expliquent la mobilité structurelle.
- Les mutations des structures productives et de l’emploi font de l’école un atout pour favoriser la mobilité sociale (salariat, hausse des emplois qualifiés…)
- La promotion sociale par la promotion scolaire est donc possible.


2/ La démocratisation scolaire doit permettre la mobilité nette et la fluidité sociale

- Dans un monde de salarié, le capital économique joue un rôle moindre.
- Le capital culturel joue un rôle central et permet la mobilité nette.
- L’école est un facteur important de fluidité sociale.



II/ L’école n’assure pas l’égalité des chances et donc une mobilité parfaite.
A/ Constat : immobilité sociale et inégalités de réussite scolaire selon les milieux sociaux
1/ L’étude des tables de mobilité sociale fait apparaître une immobilité importante.

- L’étude des tables de mobilité sociale intergénérationnelle montre que la reproduction sociale reste très forte.


2/ L’école, une des principales accusées de l’inégalité des chances.

- Plus on s’élève dans l’échelle des diplômes, plus la part des enfants d’ouvriers diminue et plus la part des enfants de cadres augmente.
- Un rendement des diplômes inégal et qui se réduit


B/ Des tentatives d’explication aux inégalités scolaires
1/ L’école reproduit et légitime les inégalités de position sociale (P. Bourdieu)

- l’institution scolaire reproduit et légitime les inégalités sociales, alors que son rôle serait de les réduire.
- les inégalités face à l’école s’expliquent par les différences de dotation en capital économique et social, mais surtout culturel.
- la "proximité" entre la culture de l’école et celle des catégories dominantes favorise la réussite scolaire des enfants de ces dernières.


2/ L’analyse en terme de stratégie d’acteurs (R. Boudon et l’individualisme méthodologique)

- Les stratégies des acteurs (familles, élèves) sont la cause des inégalités de réussite.
- La scolarité fait l’objet d’un calcul rationnel de la part de l’individu (la famille) (notamment au moment des choix d’orientation mais aussi d’établissement et les résultats du calcul dépendent des milieux d’origine.
- Le paradoxe d’Anderson trouve son explication dans un processus "d’inflation scolaire" qui renforce les stratégies d’acteurs des milieux privilégiés.

Conclusion

L’éducation s’est démocratisée, elle est devenue et elle demeure le plus puissant instrument de mobilité sociale, le principal outil de l’ascension sociale. Cependant les inégalités face à l’école sont encore fortes et, plus inquiétant, elles auraient tendances à s’accroître.
 
Face à cette incapacité à assurer à tous les mêmes chances, la lutte contre les inégalités scolaires à l’école doit se poursuivre. La réduction des inégalités scolaires passe par une réduction plus générale des inégalités sociales.

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