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Bac ES 2015 : corrigé d’un sujet de SES sur le développement durable

publié le 23 juillet 2013
6 min

Candidats au bac ES (économique et sociale) 2015, à quels sujets vous attendre en juin prochain ? Voici nos pronostics, basés en partie sur les avis d'enseignants. Avec, en prime, des corrigés de sujets pour vous entraîner, façon "bac blanc".

Le sujet

La recherche du développement durable remet-elle en cause le modèle actuel de la croissance ?
Par Melissa Ruggeri, enseignante au lycée Joliot-Curie de Sète (34).
 

Introduction

L’envolée continue des cours du pétrole met en lumière l’imminence de la disparition de cette ressource, l’émergence économique de pays tels que l’Inde et la Chine étant synonyme d’une explosion de la demande, démesurément élevée par rapport aux stocks de pétrole disponibles. Cette tension sur le marché pétrolier n’est que l’un des signes, nombreux, de l’insoutenabilité de la croissance, c’est-à-dire la hausse continue de la production, sur le long terme.

Aussi, et depuis maintenant deux décennies, la nécessité absolue d’une redéfinition de la façon de produire se fait entendre. C’est ainsi que la notion de développement durable prend peu à peu de l’importance. Cette notion, qui prône "la satisfaction des besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs", semble donc remettre en question les fondements mêmes de la croissance actuelle. Mais est-ce le cas ? Dans quelle mesure la recherche du développement durable remet-elle réellement en question la croissance ? L’analyse montrera que si la recherche de développement durable va à l’encontre du modèle de croissance actuel, cette notion ne s’oppose pas fondamentalement à la poursuite de la croissance.

Plan détaillé


I. La recherche du développement durable remet en question le modèle de croissance actuel…


A. La croissance, telle qu’elle est aujourd’hui…
a) La croissance repose sur la consommation des ressources (croissance extensive).
- Consommation du facteur travail.
- Consommation du facteur capital, et notamment la terre, l’espace (taille des unités de production, échanges commerciaux nombreux).
Idée de production et de consommation de masse qui oblige aussi à conquérir de plus en plus de consommateurs, et donc qui multiplie les frais de transport, et la pollution que ces transports induisent.

b) La croissance repose sur l’usage intensif des facteurs de production (croissance intensive).
- Nécessité d’obtenir des gains de productivité (définition), productivité du travail et productivité du capital. En particulier productivité de la terre.
Notion de productivisme, qui entraîne la surexploitation des hommes et des terres, et entraîne la détérioration de la qualité des ressources et des sols.

Conclusion
Le modèle actuel de croissance entraîne la raréfaction des ressources naturelles et met en danger sa pérennité.

B. … N’est en effet pas compatible avec la recherche de développement durable
a) La préservation des ressources, une composante essentielle du développement durable.
- Il nécessite une consommation raisonnée des énergies non renouvelables.
- Une transmission entre les générations de ressources de qualité (qualité des sols, de l’air, biodiversité).
- Il propose de renouveler les ressources utilisées par une génération (restitution des ressources).

b) La justice sociale, support du développement durable.
- Le développement durable contient la possibilité pour l’ensemble de la population mondiale d’accéder au bien-être : en l’état actuel des choses, cette notion dénonce les inégalités liées aux écarts de niveaux de vie et au partage inégalitaire des richesses.

Conclusion
Il semble donc que la recherche de développement durable remette en question le modèle de croissance tel qu’il est aujourd’hui. Mais cela n’implique pas qu’elle s’oppose fondamentalement à la recherche de croissance.

II. … Mais la croissance ne constitue pas réellement un obstacle à la recherche du développement durable

A. Un réaménagement des ressorts de la croissance permet de la rendre compatible avec le développement durable
a) Grâce à l’innovation, qui permet de modifier les processus de production.
- L’innovation peut permettre de substituer à la consommation d’énergies non renouvelables d’autres sources d’énergie, d’autres formes de capital. Les Trente Glorieuses ont nécessité une utilisation déraisonnée des ressources énergétiques, mais grâce au progrès technique, ce besoin est aujourd’hui beaucoup moins important, alors même que la production n’a pas cessé d’augmenter.
- La recherche et développement pourrait également permettre de trouver des solutions à la raréfaction des ressources. Les OGM, par exemple, pourraient être à l’origine de la disparition des inégalités primaires au niveau mondial, et rendre compatible le productivisme agricole avec la préservation des sols.

b) Grâce aux États, qui permettent de sanctionner les processus de production incompatibles avec le développement durable, et qui impulsent au niveau international des modifications de ces processus.
- Le principe pollueur/payeur permet de dissuader la détérioration des ressources, comme l’illustre la disparition progressive des pollutions maritimes.
- La négociation internationale donne naissance à des accords tels que le protocole de Kyoto (1998), qui impulse des modifications dans les processus de production.
- Les subventions publiques peuvent aussi aller dans le sens d’une meilleure entente entre croissance et développement.
 
B. En l’absence de croissance, il n’est pas envisageable d’atteindre le développement durable
a) La croissance est nécessaire pour atteindre le développement.
- Par la hausse du niveau de vie, l’amélioration de la qualité de vie des individus.
- Elle permet d’extraire des richesses dont la population bénéfice par le biais de la redistribution (salaires, avantages sociaux).
b) L’absence de croissance menace la réduction des écarts de développement, donc l’un des objectifs du développement durable.
- Cf. les difficultés rencontrées dès lors que la croissance ralentit : chômage, réduction des participations de l’État…
c) La régression de la croissance fait naître un réel danger : rendre impossible tout développement soutenable.
- Sentiment de "frustration relative", menace pour la paix civile et mondiale.
- C’est la raison pour laquelle a été abandonnée la notion de décroissance, lancée dans les années 70.

Conclusion


La recherche de développement durable a donc provoqué une remise en question des fondements mêmes de la croissance actuelle, basée sur la consommation intensive et extensive des ressources. Mais cette remise en question ne conduit pas à la redéfinition des objectifs de l’économie. La croissance procure des effets positifs qui sont nécessaires pour atteindre le développement, condition nécessaire pour qu’un développement durable puisse être recherché.

Ainsi, la recherche de développement durable est compatible avec la poursuite de la croissance, mais plus raisonnée et encadrée, afin de garantir la pérennité de ses ressources, humaines et environnementales. Reste des questions en suspens, celle de la coopération internationale et celle du partage des coûts liés à la réorganisation des processus de production (est-ce aux États, aux producteurs ou aux consommateurs d’en supporter les frais ?).
 

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