Corrigés du bac

Bac philo 2010 : Avez-vous cité Bree Van De Kamp dans votre copie ?

mis à jour le 16 juin 2011
1 min

 

« Dépend-il de nous d’être heureux ? », c’est l’un des sujets de dissertation proposé au bac philo 2010. Pendant que les élèves planchaient, Thibaut de Saint Maurice, professeur de philosophie et auteur de Philosophie en séries, l’a décortiqué rapidement pour nous. En convoquant les Desperate Housewives et particulièrement à Bree Van De Kamp.

« De tous les sujets tombés, c’est « Dépend-il de nous pour d’être heureux ? », proposé en série S, qui me semble pouvoir être le mieux illustré par une série télé : Desperate Housewives. Dans cette série, on est en présence d’héroïnes qui croient que cela dépend d’elles d’être heureuses. Le sujet invite à opposer deux rapports au bonheur. L’idée selon laquelle le bonheur ne dépend pas de nous mais nous arrive et l’idée selon laquelle il dépend de nous. Dans le premier cas nous sommes passifs, dans l’autre nous le produisons. Le personnage de Bree Van de Kamp est un bon exemple pour illustrer l’idée du bonheur comme construction. Bree croit qu’elle peut être la cause de son bonheur. Elle fait tout ce qu'elle peut pour avoir la famille idéale. Elle est dans une mentalité très américaine du type « just do it ». Et en même temps - Et c’est l’intérêt de la série - le déroulement des choses montre que ce n’est pas possible, que cet effort n’est qu’une illusion. Bree a beau tout faire, il suffit d’un événement extérieur pour que sa construction s’effondre. Le décès de son mari, l’homosexualité de son fils et la grossesse adolescente de sa fille, sont autant d’événements qui viennent contrarier son projet ! On peut, par exemple, préparer au mieux sa réussite professionnelle, faire des études et tomber malade. On peut également tout mettre en œuvre pour rencontrer la femme de sa vie, sans que cela n'arrive jamais. Mais ce n’est pas parce que le bonheur ne dépend pas de nous qu’on est condamné au malheur. Et là, je quitte Bree Van de Kamp pour relire Le Manuel d’Epictète et L’Ethique à Nicomaque d’Aristote. »


Et pour le sujet 3 au bac L : avez-vous cité Gregory House ou Jack Bauer ?
"Le commentaire de texte de Thomas d’Aquin porte sur la distinction entre le juste et l’équitable, explique encore Thibaut de Saint Maurice. Une distinction reprise d’Aristote, qui ne remet pas en cause la loi sur le fond, mais concerne le cas particulier. La question qui est posée est celle de l’application des règles à des cas particuliers, de la bonne gestion des cas particuliers sans remise en cause de la règle. C’est une question d’éthique.
Cette question traverse, par exemple, l’ensemble des épisodes de Dr House. Ce qui est bien par rapport au patient peut impliquer de s’écarter de la règle générale. On la retrouve aussi dans 24 heures chrono. Le personnage de Renée Walker est confronté à cette question, lorsque Jack Bauer interroge un témoin capital. Il demande à Renée jusqu’où il peut aller et celle-ci répond : « Faites votre job », sachant pertinemment de quoi le personnage de Jack Bauer est capable... "

 

Pour le sujet 3 du bac ES : Avez-vous cité la série anglaise Skin’s ?
« Le texte de Durckheim est un clin d’œil aux lycéens sur l’autonomie. C’est sans doute le moins classique de tous. Il fait écho à la grande revendication lycéenne portant sur l’autonomie : faire fit des impératifs moraux, inventer sa propre vie. Durckheim explique que la morale ce sont des règles qui s’imposent à nous et que la morale de la société vaut pour tous. Or à l’âge du lycée notamment, l’individu revendique l’autonomie morale.

La série qui illustre ceci est anglaise. Il s’agit de Skins. Elle raconte la vie d’adolescents qui sont dans l’invention de leur propre moralité en s’affranchissant de tout ce que leurs parents ont pu leur inculquer, notamment à travers la sexualité (on parle aujourd’hui de skins party, qui sont nées de la série). Dans Skins, le bien et le mal sont redéfinis en fun et pas fun. »

« Dépend-il de nous pour d’être heureux ? »
Le plan (indicatif) de Thibaut-de-Saint-Maurice

Introduction
Présenter l’opposition entre deux rapports au bonheur : l’idée selon laquelle le bonheur ne dépend pas de nous mais nous arrive, et l’idée selon laquelle il dépend de nous.

1ère partie
Le bonheur est un événement, une surprise. Il ne dépend pas de nous mais nous arrive. Ce qui suppose que nous soyons passif.

Transition 1-2
Ce n’est pas parce qu’il ne dépend pas de nous que nous sommes irrémédiablement condamnés au malheur.

2e partie
Chez les stoïciens, c’est la manière dont on se représente ce qui nous arrive qui va nous rendre heureux ou malheureux. Il faut distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. (cf. Le Manuel d’Epictète).

3e partie
Le bonheur n’est pas un ensemble de choses qui m’arrivent mais une manière d’être, une « activité de l’âme », la sagesse (cf. Aristote L’Ethique à Nicomaque). Assigner une signification aux événements qui nous arrivent dépend de nous. Tout comme réduire ce qui dépend de nous à ce qui est possible.

A lire : "Quand les séries télé vous aident à réviser le bac philo"

Tous les sujets et corrigés du bac 2010.

 Propos recueillis par Isabelle Maradan
 

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