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1944-1947, refonder la démocratie, redéfinir la démocratie

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 20 février 2017
7 min

Problématique générale : Quelle République mettre en place après la Libération ?

I. REFONDER LA RÉPUBLIQUE

A. Libérer la France

Le territoire français commence à être libéré de l’occupation allemande à partir de juin 1944, lors du débarquement des troupes alliées (américaines, britanniques et canadiennes) en Normandie. Durant le conflit, des tensions existent entre le général de Gaulle et les gouvernements américain et britannique. Même si ces tensions se sont apaisées, il n’est toujours pas considéré comme le représentant légitime de la France. D’ailleurs, le général n’a été informé du débarquement que deux jours avant l’opération.

En février 1945, le territoire est majoritairement libéré. Les Forces françaises intérieures (FFI) se sont jointes aux troupes alliées. La dernière ville française libérée est Saint-Nazaire le 11 mai 1945, trois jours après la capitulation allemande.

Pour de Gaulle, la représentation légale et légitime du peuple français est incarnée dans le gouvernement provisoire de la République française (GPRF) créé le 3 juin 1944. De Gaulle souhaite au plus vite installer le GPRF sur le territoire national. Il s’agit de s’imposer face aux alliés, aux résistants, notamment communistes, tout en évitant à la fois d’entraver l’action militaire des alliés et de déclencher une guerre civile entre Français. Les succès militaires des FFI participent notamment à la légitimation du pouvoir gaulliste. Le GPRF s’installe au pouvoir en août 1944.

B. Épurer et apurer

L’épuration avait pour objectif de réparer symboliquement les préjudices et les atteintes aux victimes directes de l’occupation et de la collaboration. On distingue deux grands types d’épuration : celle menée sous des formes extrajudiciaires et une autre menée sous des formes judiciaires. Les acteurs de la mise en œuvre de ces deux grands types d’épuration sont les forces de résistance sur le terrain et le GPRF.

On peut estimer à environ 8000 à 9000 exécutions extrajudiciaires. Les femmes ayant entretenu des relations avec l’occupant sont très souvent victimes de la vengeance populaire : on évalue à 20 000 le nombre de femmes tondues à la fin de la guerre. Elles sont accusées d’avoir « souillé » la patrie. L’épuration se fait ici purification.

L’épuration judiciaire pour de Gaulle doit avant tout être une démonstration du rétablissement de la légalité républicaine. Elle est confiée à des juridictions légales. Le motif retenu était le plus souvent la trahison. Le nombre de personnes poursuivies est très important, plus de 311 000 dossiers ouverts. La France se situe dans le peloton de tête pour les condamnations à la peine de mort, avec 1500 à 1600 exécutées. Les responsables politiques du régime de Vichy sont jugés par une Haute Cour de Justice, créée le 18 novembre 1944 par le GPRF. Ainsi, Pierre Laval est condamné à la peine de mort, Philippe Pétain également mais sa peine est commuée en raison de son âge.

C. Rétablir la République

Le GPRF organise l’élection d’une Assemblée constituante en octobre 1945. Elle donne la majorité aux partis engagés dans la Résistance : le Parti communiste, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière, aujourd’hui le Parti socialiste) et le MRP (Mouvement républicain populaire, un parti politique du centre).

L’Assemblée constituante rédige une nouvelle Constitution qui est adoptée en octobre 1946, à la suite d’un référendum : c’est la naissance de la IVe République. Le nouveau régime est un régime parlementaire. L’Assemblée nationale y a un rôle essentiel car elle investit le gouvernement et peut le renverser. Le président de la République, élu par le parlement, a un pouvoir faible. Or, De Gaulle, qui voulait un président fort et indépendant de l’Assemblée démissionne du gouvernement en janvier 1946. Il qualifie cette République de « régime des partis ».

II. REDÉFINIR LA DÉMOCRATIE

A. De la démocratie politique…

En avril 1944 de Gaulle signe, à Alger, l’ordonnance qui accorde le droit de vote aux femmes et leur permet d’être éligibles comme les hommes. Elles votent aux élections municipales d’avril 1945 et à celles de l’Assemblée constituante d’octobre 1945.

Beaucoup d’ouvrages ont retenu l’histoire d’un suffrage accordé en 1944 par le général pour récompenser les femmes de leur action dans la Résistance. La France libre s’est, en effet, engagée à assurer l’égalité politique des deux sexes après la Libération. Mais il faut rappeler aussi, et de Gaulle lui-même le rappelle, que le suffrage universel est le produit d’une longue histoire, de plusieurs décennies de revendications. Il faut également y ajouter le refus de la majorité radicale et anticléricale car l’on pensait sous la Troisième République le vote des femmes exprimerait le point de vue de l’Église.

B. À la démocratie sociale

Au lendemain de la guerre, l’économie française est critique. Donc, dès la Libération, le GPRF met en application le programme du Conseil national de la Résistance. Il met en œuvre des réformes économiques et sociales, qui prolongent celles du Front populaire. Le but de ces réformes est de moderniser le pays et de réorganiser la production, dans une France affaiblie économiquement (pillage des nazis, destructions, pénurie énergétique…) et démographiquement.

Dans le domaine économique, le gouvernement entreprend de nombreuses nationalisations dans les secteurs clés comme la banque, l’énergie, le transport aérien avec Air France. Il met en place, à l’initiative de Jean Monnet, le commissariat au plan qui fixe des objectifs de production. Les entreprises ayant collaboré avec l’Allemagne, comme Renault, sont également nationalisées.

Dans le domaine social, il crée la sécurité sociale qui protège les salariés. Ainsi, elle garantit une protection face aux risques de la vie (maladie, vieillesse) et fonctionne sur le principe de la solidarité nationale grâce aux cotisations des salariés et des entreprises. On parle de l’État-providence, c’est-à-dire un État qui garantit à tous le progrès social.

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