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AMÉNAGER POUR RÉPONDRE AUX INÉGALITÉS CROISSANTES ENTRE TERRITOIRES FRANÇAIS, À TOUTES LES ÉCHELLES

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 15 février 2017
8 min

Problématique générale : Comment les aménagements peuvent-ils réduire les inégalités entre les territoires français ?

Le territoire est un espace géographique approprié par l’homme. Il est alors aménagé par les sociétés. Aujourd’hui, on parle de « territoires » au pluriel pour insister sur la diversité des lieux, des paysages, des identités et des sociétés qui s’expriment au sein de notre territoire national.

► DES INÉGALITÉS ENTRE LES TERRITOIRES FRANÇAIS

À l’échelle nationale

De nombreuses inégalités existent entre les territoires. Tout d’abord, les territoires intégrés à la mondialisation concentrent les richesses. Les régions littorales, à l’ouest et au sud du pays, sont attractives et profitent de leur interface pour développer les échanges. C’est le cas, notamment, des zones industrialo-portuaires (ZIP) de Dunkerque ou du Havre, ouvertes sur la Northern Range, cette façade maritime comprenant 13 ports entre la Manche et la mer du Nord. De nombreuses marchandises y transitent (hydrocarbures, matières premières, biens de consommation…).

Les régions frontalières du territoire sont également connectées à la mondialisation car elles sont proches de la mégalopole européenne, cœur économique et centre politique de l’Europe. C’est le cas de la région Grand Est qui profite aujourd’hui de cette position géographique.

Les métropoles sont aussi des territoires qui concentrent les richesses. Tout d’abord Paris, en tant que métropole mondiale, fournit 30 % du PIB national (Produit intérieur brut) et rassemble beaucoup d’emplois qualifiés. Les métropoles régionales sont évidemment connectées à la mondialisation et organisent la vie économique (Lyon, Marseille, Lille, etc.).

Enfin, certains territoires sont en difficultés : c’est le cas des espaces ruraux isolés, mal intégrés aux réseaux, ou des régions touchées par la désindustrialisation et les délocalisations comme les Hauts-de-France. Toutefois, les disparités à l’échelle nationale tendent à se réduire et la « diagonale du vide » (des Pyrénées aux Ardennes) disparaît peu à peu.

À l’échelle locale

En revanche, les inégalités entre les territoires sont visibles et se renforcent à l’échelle locale. Par exemple en Alsace, la carte des revenus de la population montre des écarts de revenus du simple au double entre les communes les plus pauvres (Strasbourg) et les communes les plus riches (proches de la frontière suisse).

À l’échelle infra-urbaine, c’est-à-dire à l’intérieur d’une ville, les inégalités sont encore plus importantes. Le taux de pauvreté des zones urbaines sensibles (ZUS) est trois fois supérieur à la moyenne nationale. Les quartiers où vivent les populations dans ces ZUS sont mal desservis par les transports en commun, sont éloignés du centre-ville et concentrent des taux de chômage élevés ainsi qu’un fort échec scolaire.

► LES ENJEUX DES AMÉNAGEMENTS

Réduire les inégalités entre les territoires

L’aménagement du territoire consiste à transformer un espace. Dans les années 1950-1960, les projets d’aménagement ont d’abord pour mission d’améliorer la répartition des activités sur le territoire. Ce sont des projets nationaux : développer des industries dans l’Ouest, concentrer des moyens sur des territoires déjà favorisés (renforcer les métropoles régionales). Puis, à la fin des années 1970, la priorité est de lutter contre la crise économique en favorisant la reconversion des sites industriels de l’Est et du Nord.

Les espaces ruraux en difficulté sont soutenus par une politique de zones de revitalisation rurale (ZRR) afin de limiter leur déclin économique et démographique.

La lutte contre les inégalités est également renforcée par un meilleur accès aux services publics (transports, éducation, santé…).

Renforcer l’attractivité des territoires

Aujourd’hui, les projets d’aménagement ont pour objectif de renforcer l’attractivité des territoires, y compris les plus développés comme Paris, dans un contexte de concurrence mondiale. Ainsi, les technopôles (ou pôles de compétitivité) se multiplient. Ce sont des zones d’activités qui regroupent des entreprises, des centres de recherche et des universités, comme le plateau de Saclay, Descartes Marne-la-Vallée dans la région parisienne, ou Aerospace Valley à Toulouse. Ces sites concentrent des activités de haute technologie et des emplois qualifiés.

Aménager durablement les territoires

Aménager durablement les territoires constitue un autre enjeu majeur. Il faut pouvoir concilier les trois piliers du développement durable : le développement économique et social et la protection de l’environnement. C’est le cas des projets d’écoquartiers, comme l’écoquartier de Parc Marianne à Montpellier, qui est un projet d’extension urbaine sur une surface de 40 hectares. La mixité sociale se trouve au cœur du projet (2 000 logements), l’autre enjeu étant environnemental (logements chauffés au bois, eau chaude produite par des panneaux solaires, déplacements en transports en commun privilégiés).

► LES ACTEURS DE L’AMÉNAGEMENT

L’État aménageur

Pendant longtemps, l’État a été le seul acteur de l’aménagement du territoire. À partir de 1963, dans le contexte d’un État volontariste et centralisé prenant toutes les décisions pour garantir l’égalité, celui-ci crée la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale).

L’objectif est de définir des politiques d’aménagement du territoire, c’est-à-dire un ensemble de mesures pour organiser la répartition des hommes, des activités et des équipements dans les territoires. La DATAR multiplie donc les initiatives dans de nombreux domaines : développement agraire, équipement touristique, aménagement urbain, organisation des transports.

L’Union européenne joue également un rôle important dans l’aménagement du territoire en France, par le biais de subventions, ainsi que par des programmes d’aides aux régions, en particulier l’outre-mer. L’organisme européen qui apporte ces aides est le FEDER (Fonds européen de développement régional). Par exemple, le FEDER a participé au programme de désensablement du Mont Saint-Michel en 2005.

Le poids des acteurs locaux

En 1981, François Mitterrand déclare : « La France a eu besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour se faire. Elle a aujourd’hui besoin d’un pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire. » Ainsi, l’État transfère une partie de son pouvoir administratif aux collectivités territoriales (régions, départements, communes) par les lois de décentralisation de 1982-1983.

Aujourd’hui, ce sont les territoires eux-mêmes qui doivent exprimer leur projet stratégique à partir d’un diagnostic de leurs ressources et moyens, de leur environnement social, économique et écologique. Par conséquent, le poids des acteurs locaux se renforce, en particulier les régions qui sont un acteur essentiel. Leur regroupement en treize régions renforce leur poids économique et démographique. Elles cherchent à attirer des habitants et des entreprises. Différents acteurs sont parfois en concurrence autour de projets d’aménagement. Par exemple, pendant six mois, la communauté d’agglomération du Douaisis, dans le Nord, a travaillé d’arrache-pied pour accueillir l’implantation d’un entrepôt du géant Amazon. Pour faire la différence par rapport à ses concurrents, elle a misé sur l’accélération des procédures et sur l’anticipation des besoins de l’entreprise.

Les acteurs privés, notamment les entreprises, sont aussi impliqués dans de nombreux projets d’aménagement : centres commerciaux, pôles de recherche. De plus, les associations ou mouvements de citoyens interviennent de plus en plus dans les débats des aménageurs.

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