Le sujet de Philosophie sujet 3 :
La règle par où nous nous conduisons communément en nos raisonnements, est que les objets dont nous n'avons pas l'expérience ressemblent à ceux dont nous l'avons ; que ce que nous avons vu être le plus ordinaire est toujours le plus probable ; et que, lorsqu'il y a opposition des arguments, nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre d'observations passées. Mais quoique, en procédant selon cette règle, nous rejetions promptement tout fait insolite et incroyable à un degré ordinaire, pourtant, en avançant davantage, l'esprit n'observe pas toujours la même règle : lorsque quelque chose est affirmé de suprêmement absurde et miraculeux, il admet d'autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l'autorité. La passion de surprise et d'émerveillement qui produit des miracles, étant une agréable émotion, produit une tendance sensible à croire aux événements d'où elle dérive
HUME, Enquête sur l'entendement humain (1748)
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble.
1. Donner la thèse du texte et les étapes de son argumentation. 2. a) Expliquer : « nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le
plus grand nombre d'observations passées ».
b) Expliquer : « il admet d'autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui devrait en détruire l'autorité ».
3. La force d'une croyance se fonde-t-elle nécessairement sur l'expérience ?
Le corrigé de Philosophie sujet 3 :
Explication d'un texte de Hume, Enquête sur l'entendement humain.
1. L'expérience peut-elle à la fois être à l'origine de nos raisonnements et de nos
croyances ? Pour répondre à cette question l'auteur envisage dans un premier temps
la règle commune qui nous permet de raisonner : nos raisonnements sont fondés sur
des expériences et sur des rapprochements avec nos expériences passées ( lignes 1 à
5). Puis il montre que procéder selon cette règle de raisonnement c'est rejeter l"
insolite et l'incroyable", ce qui n'est pas toujours le cas ( lignes 5 à 10). Enfin, l'auteur
affirme que l'expérience, lorsqu'il s'agit d'une passion, peut fonder une croyance dont
la force n'est pas mise en question par la raison. Ainsi l'auteur affirme, à l'inverse des
philosophes rationalistes, que l'expérience est la source de toutes nos connaissances,
la sensation est l'unique cause de nos idées qui sont comme des copies, dans notre
esprit de ce que nous percevons ou ce que nous avons perçu.
2. " nous devons donner la préférence à ceux qui se fondent sur le plus grand nombre
d'observations passées. " Il s'agit pour l'auteur d'expliquer l'origine de nos
raisonnements. Ils sont habituellement fondés sur l'expérience, sur des observations,
c'est-à-dire ce que nous livrent nos cinq sens. Or, la sensation n'est pas toujours
actuelle lorsque nous devons argumenter sur des faits, nous devons donc recourir à la
mémoire, autre faculté sensible qui nous permet d'associer des images. Il faut noter ici
le rôle de la raison qui est de choisir, parmi les observations, de donner la préférence à
celles qui permettent de construire l'argumentation. L'expérience a donc en ce sens un
rôle fondamental dans l'origine de nos idées et de nos raisonnements, même si c'est la
raison qui trie, choisit et penche d'un côté ou d'un autre pour préférer certaines
observations passées et par rapprochement de faits, construire une argumentation.
"il admet d'autant plus promptement un tel fait, en raison de la circonstance même qui
devrait en détruire l'autorité." C'est le paradoxe de l'esprit humain de ne pas toujours
observer la même règle pour construire un raisonnement. S'il est vrai que penser
consiste à rapprocher des faits connus par expérience, il existe des pensées non
rationnelles qui viennent, nous dira l'auteur, de certaines passions si fortes qu'elles
produisent des croyances au lieu d'arguments raisonnés. Or, cela vient du fait que
l'esprit admet, c'est à dire adhère, sans réflexion, sans recul à certains faits. Au lieu de
rejeter un fait insolite et incroyable, un fait que nous ne comprenons pas et qui
cependant nous touche voire nous procure un certain plaisir, nous l'acceptons comme
quelque chose d'exceptionnel, de miraculeux. Ce que veut dire l'auteur, c'est que nous
nous contredisons nous mêmes en croyant en ce fait au nom même de ce qui devrait
nous permettre de le rejeter : l'autorité de la raison. Cela nous permet de comprendre
que l'expérience peut à la fois fonder un raisonnement mais aussi une croyance en ce
qui est absurde ou miraculeux.
3. La raison ne peut rien contre la passion nous dit Hume, car l'esprit applique la même
règle lorsqu'il s'agit de construire un raisonnement à partir de faits observés ou de faits
" insolites et incroyables " : la raison se fonde elle même sur l'expérience. Mais alors
on peut se demander d'où vient la force d'une croyance ? Vient elle nécessairement
d'une expérience ce qui ferait de cette dernière la source de nos illusions ? Mais alors
comment éliminer cette croyance qui comme une force est tenace et emprisonne notre
esprit ? Faut il se débarrasser de notre sensibilité et s'en remettre à l'usage de la seule
raison ? (Plan possible pour cet essai)
• La croyance se fonde sur l'expérience.
• La force de la croyance tient aux passions et à la satisfaction qu'elles nous procurent
• La raison peut elle lutter contre la croyance ?