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CIVILS ET MILITAIRES DANS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 20 février 2017
9 min

Problématique générale : Comment la Première Guerre mondiale a-t-elle transformé les systèmes politiques, les sociétés et les individus ?

INTRODUCTION : LES ORIGINES DE LA GUERRE

Au début du XXe siècle, des tensions et des rivalités opposent les pays européens. Tout d’abord les rivalités coloniales sont vives entre la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne car les territoires vacants se font de plus en plus rares. La concurrence entre les puissances européennes s’exerce aussi sur le plan économique. La plus vive oppose commerçants et industriels allemands et anglais. D’autant plus que partout en Europe, les populations sont emportées par des sentiments nationalistes. Par exemple, en Allemagne, la guerre est considérée comme inévitable et nécessaire pour la grandeur du pays.

Les puissances européennes s’organisent alors en deux systèmes d’alliances rivaux. À la Triple Entente (France, Royaume-Uni, Russie avec la Serbie pour alliée) s’oppose la Triple Alliance (l’empire d’Allemagne, l’empire d’Autriche-Hongrie, Italie avec pour allié l’Empire ottoman).
L’étincelle se produit le 28 juin 1914 à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. L’héritier au trône d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand y est assassiné par un nationaliste serbe appartenant à une organisation secrète soutenue par la Serbie. L’engrenage des alliances est alors enclenché. Le conflit éclate à partir d’août 1914 et s’élargit progressivement.

I. LES PHASES DE LA GUERRE

On distingue trois grandes phases :
À l’est et à l’ouest de l’Europe, le conflit débute par une guerre de mouvement, c’est-à-dire une phase où la priorité est donnée aux offensives. Le front (zone des combats) à l’ouest s’étend de la mer du Nord à la Suisse ; à l’est, il s’étend de la mer Baltique à la mer Noire. Les attaques allemandes sont importantes en Belgique et dans le nord de la France. L’avancée allemande est stoppée par le maréchal Joffre lors de la bataille de la Marne en septembre 1914 (taxis de la Marne).

Très rapidement, à la fin de l’année 1914, aucun camp n’ayant réussi à emporter la victoire, les fronts se stabilisent. Les soldats s’enterrent dans les tranchées : c’est la guerre de position (janvier 1915- mars 1918). Des offensives sont toutefois lancées comme à Verdun (février à décembre 1916) ou dans la Somme (entre juillet et novembre 1916) pour tenter de percer le front. L’offensive de Verdun se solde par un véritable massacre. Cette guerre n’est pas seulement terrestre mais aussi maritime. L’année 1917 marque un tournant dans la guerre. En effet, les États-Unis entrent en guerre aux côtés de l’Entente en avril. La Russie, en révolution, signe une paix séparée avec l’Allemagne en mars 1918.

L’année 1918 marque la reprise de la guerre de mouvement. Ce sont les Allemands qui lancent les offensives. Les Alliés, aidés des soldats américains, ripostent par des contre-offensives. L’armée allemande recule. Menacée d’invasion, l’Allemagne signe l’armistice à Rethondes le 11 novembre 1918. Les Italiens battent l’Autriche-Hongrie. L’Empire ottoman s’effondre. Ainsi les puissances centrales s’inclinent.

II. UNE EXPÉRIENCE INÉDITE : VIOLENCES DES COMBATS ET ATROCITÉS SUR LES POPULATIONS CIVILES

A. La guerre « au ras du sol »

Après plusieurs échecs des offensives allemandes et françaises, c’est un nouveau type de guerre qui se met en place : une guerre défensive et souterraine. Les combattants s’enterrent dans des tranchées. Ce sont de longs fossés creusés dans le sol pour abriter les combattants. Les conditions de vie des « poilus » (nom donné aux soldats français) dans cet univers sont excessivement difficiles : dureté du climat, les rats, les poux, les odeurs pestilentielles, l’absence d’hygiène, l’épuisement, la crainte de l’ennemi et de la mort qui rôdent. Les hommes tiennent pour des motifs patriotiques mais aussi grâce à la camaraderie du front et par crainte de la répression. Toutefois, durant l’année 1917, certains régiments usés par la guerre refusent de partir au combat et donc d’obéir aux ordres : ce sont les mutineries.

Une des spécificités même de ce conflit tient au fait que les modalités de l’affrontement y ont atteint des niveaux de violence sans aucun précédent. Cela s’explique par le recours à des armes de plus en plus destructrices (obus de gros calibre, gaz asphyxiants comme le « gaz moutarde », mitrailleuses qui crachent 600 coups à la minute, lance-flammes…). L’artillerie est à l’origine de 70 à 80 % des blessures infligées aux combattants de la Grande Guerre.
Le bilan de cette guerre est désastreux : 70 millions de soldats mobilisés, neuf millions de morts et six millions d’invalides.

B. La mobilisation de l’arrière

Toute l’économie est tournée vers la guerre. Les civils participent donc à l’effort de guerre. Dans les usines les femmes, que l’on nomme les munitionnettes, fabriquent en masse des armes et des munitions. Elles travaillent également dans les champs. On fait appel aux colonies et à leur main-d’œuvre. Les États ont recours aux emprunts de guerre aussi bien auprès de la population que des États-Unis.

C. Les civils, victimes de la guerre

Les bombardements des villes terrifient les populations. Certaines régions sont occupées par l’ennemi (nord de la France). Les populations civiles ont vécu des atrocités collectives : travail forcé, prises d’otages, déportations, viols. Une véritable terreur est mise en place dès 1914. Le but étant d’impressionner la population civile et de la maintenir en état de choc par l’emploi systématique de mesures d’exception et de violence (brutaliser et humilier).
En 1915, le gouvernement turc met en œuvre l’extermination des Arméniens dans l’Empire ottoman. Minorité chrétienne déjà victime de persécutions, ils sont accusés de complicité avec l’ennemi russe. Plus d’un million d’Arméniens sont déportés, internés dans des camps et exécutés.

III. UNE NOUVELLE CARTE DE L’EUROPE, SOURCE DE TENSIONS

Les traités de paix imposés par les vainqueurs bouleversent la carte de l’Europe. Ils imposent la disparition des empires, notamment austro-hongrois et ottoman, qui laissent la place à de nouveaux États comme la Pologne ou la Tchécoslovaquie. La Société des nations (SDN), créée pour maintenir la paix, suscite de grands espoirs.

Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, réduit considérablement l’Allemagne, déclarée responsable de la guerre. Elle perd des territoires, voit ses capacités militaires limitées, et est condamnée à payer des réparations. Ce traité est mal accepté par l’opinion allemande qui le considère comme un Diktat. Les traités engendrent de nouveaux motifs de tension, et des conflits éclatent, comme entre la Turquie et la Grèce. L’Allemagne, quant à elle, refuse de reconnaître ses frontières orientales, notamment le couloir de Dantzig, créé pour garantir à la Pologne un accès à la mer et qui coupe le territoire allemand en deux.

IV. UNE EUROPE TOUCHEE PAR DES REVOLUTIONS

L’Europe de l’après-guerre connaît d’importants troubles sociaux qui trouvent leur origine dans la Révolution russe. En 1917, la Russie est en difficulté et connaît des pénuries. Une première révolution touche le pays en février, un gouvernement provisoire est mis en place. Le tsar Nicolas II abdique. Mais la guerre continue et les difficultés persistent. En octobre de la même année, le Parti bolchevik, dirigé par Lénine, prend le pouvoir en Russie. Les bolcheviks veulent mettre un terme au capitalisme et à la domination bourgeoise pour mettre en place le communisme (idéologie visant à créer une société sans classe ni propriété privée). La Russie sombre alors dans la guerre civile (jusqu’en 1921), opposant le nouveau régime soviétique aux forces pro-tsaristes, soutenues par plusieurs puissances étrangères.

La vague révolutionnaire se diffuse dans toute l’Europe : en Allemagne, les spartakistes tentent de créer un régime communiste, mais ils sont écrasés en janvier 1919. Des troubles politiques et sociaux agitent de nombreux pays. En 1921, seuls les bolcheviks se maintiennent au pouvoir en Russie.

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