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LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 05 février 2015
4 min

La Chine et le monde depuis 1949

Objectifs du chapitre
  • Explorer la notion de puissance à travers l’exemple chinois.

  • Comprendre l’originalité de l’évolution chinoise, qui, à travers la volonté de retrouver son ancienne puissance, passe d’une situation de sous-développement économique et de mise sous tutelle politique à une position mondiale de premier plan, dans le domaine économique et de plus en plus dans le domaine politique.

Problématique

Peut-on dire que la Chine, à l’issue d’un parcours très différent de celui des États-Unis, incarne désormais elle aussi la notion de puissance ?

La Chine était une puissance majeure au XVIIIe, mais elle est restée à l’écart de la révolution industrielle et connaît au XIXe siècle un sous-développement économique et une mise sous tutelle politique de la part de puissances occidentales qui lui imposent des traités inégaux et s’approprient certains territoires (exemple de Shanghai) pour le commerce. La situation de ce pays au XXe siècle est donc fort différente de celle des États-Unis : la puissance ici se reconquiert plus qu’elle ne se construit.

Au début du XXe, la situation est délicate : faible pouvoir central de la nouvelle république, croissance économique irrégulière, culture sous influence occidentale, puis occupation japonaise pendant les années 1930. Pendant la seconde guerre mondiale en 1941, la Chine est admise aux côtés des Alliés et sort de son isolement géopolitique.

1. 1949-1976 : la Chine maoïste.

La volonté de reconstruire un État fort

La victoire des communistes face aux nationalistes en 1949 constitue un tournant majeur dans l’histoire de la Chine contemporaine. Mao proclame : « La Chine ne sera plus jamais un peuple d’esclaves ». Il souhaite construire un État fort, reconquérir la souveraineté de la Chine et développer son influence en Asie.

Du modèle soviétique à l’émancipation

  • La Chine communiste adopte le modèle soviétique, dans l’espoir de retrouver rapidement une position de premier plan. Dans le contexte de la guerre froide, c’est aussi une manière de marquer ses distances avec les puissances occidentales qui lui ont imposé les traités inégaux. Le traité d’amitié signé en 1950 avec l’URSS lui permet de bénéficier d’une aide économique, matérielle, et technique.

  • Sur le plan politique, la Chine choisit le parti unique, l’uniformisation culturelle, et de grandes réformes économiques et sociales de modernisation. Mao diffuse ses idées dans son « Petit Livre rouge » et lance le « Grand Bond en avant » en 1958, vaste programme de collectivisation agricole visant à faire de la Chine une grande puissance économique, mais qui échoue, entraînant une immense famine qui entame le prestige du pays.

  • Au début des années 1960, la Chine prend ses distances avec l’URSS (en 1955, Zhou Enlai participe à la conférence des non-alignés à Bandung), puis rompt avec l’URSS, ce qui lui permet d’incarner une autre voie vers le communisme.

  • Mao oriente la propagande en direction du tiers-monde et présente la RPC comme le modèle révolutionnaire anti-impérialiste.

  • Sur le plan intérieur, Mao lance la Révolution Culturelle.

Une influence surtout régionale

  • Durant cette période, en dépit de ses graves difficultés économiques, la quête de puissance de la Chine se poursuit mais, à l’extérieur, son influence dans le monde demeure limitée.

  • La Chine sait cependant jouer de son poids en Asie : elle intervient dans la guerre de Corée entre 1950 et 1953 contre les troupes de l’ONU, et joue un rôle central dans le règlement de la guerre d’Indochine en 1954.

2. 1976-2012 : Du politique à l’économique, une puissance mondiale incomplète en devenir

La mort de Mao, en 1976, ouvre une deuxième période dans l’histoire de la Chine contemporaine. En s’appuyant sur une politique d’ouverture économique au monde, elle acquiert en une trentaine d’années un statut de puissance économique et financière de premier plan qui lui permet de prétendre à une plus grande influence politique sur la scène internationale.

L’ouverture économique

  • Deng Xiaoping prend la tête du pays en 1978 et oriente son pays vers l’économie de marché. Les terres sont décollectivisées et un vaste programme de modernisation est lancé dans tout le pays.

  • Des ZES (Zones Économiques Spéciales) sont créées sur la zone littorale pour accueillir les capitaux étrangers. Les liens économiques sont renoués avec la diaspora, composée de près de 40 millions d’individus dans le monde.

  • L’ouverture économique ne se traduit pas par une libéralisation politique. Le contrôle interne et autoritaire du Parti Communiste est maintenu. L’occupation de la place Tian’anmen en 1989 est violemment réprimée, et aujourd’hui encore, l’expression est sévèrement censurée, y compris sur l’Internet et les réseaux sociaux.

Une puissance économique.

Dans les années 1990, la Chine devient un partenaire commercial majeur pour les principales puissances du monde. Sa puissance économique est fondée sur le faible coût de la main-d’œuvre et l’exportation de produits manufacturés, facilitée par son adhésion à l’OMC en 2001.Bien que son premier partenaire soit les États-Unis, la Chine investit de plus en plus dans les autres pays émergents et en Afrique. Depuis 2010, la RPC possède le deuxième PIB au monde devant le Japon et derrière les États-Unis.

Une influence politique grandissante.

  • La Chine se heurte de plus en plus aux États-Unis dans les domaines économique et diplomatique, qu’elle ambitionne de concurrencer, par exemple en créant un pôle en Asie centrale en association avec la Russie, l’OCS, qui peut être considérée comme une réponse à l’influence de l’OTAN dans la région, et surtout une réserve de pétrole et de matières premières.

Définition

OCS : Organisation de Coopération de Shanghai : organisation intergouvernementale créée en 2001 et qui réunit la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

  • La Chine s’impose aujourd’hui comme un nouveau pôle géopolitique en Asie orientale mais sa conception de la puissance, longtemps centrée sur l’Asie, évolue rapidement et tend de plus en plus à se manifester sur les autres continents. Son modèle est original puisque la Chine se tourne vers le commerce pour étendre son influence, sans prétendre diffuser son modèle économique et politique et en défendant la non-ingérence.

Une puissance encore incomplète

  • Toutefois, la Chine est encore une puissance incomplète, en devenir, qui doit faire face à de nombreux défis internes et ne dispose pas (encore ?) de tous les attributs de la puissance.

  • Il faut déjà noter, malgré la baisse de la pauvreté et la croissance de la classe moyenne, un niveau de vie moyen encore faible (93e rang mondial) et de fortes disparités (entre villes et campagnes, entre littoral et intérieur).

  • D’autre part, l’influence culturelle de la Chine au niveau mondial reste assez faible. Sa singularité est reconnue, y compris sur le plan artistique, mais les produits culturels (littérature, cinéma) ont du mal à sortir de son aire d’influence directe. Le gouvernement chinois investit aujourd’hui massivement pour étendre son « soft power ».

Conclusion

Le dragon chinois, affaissé au début du XXe siècle, est à nouveau debout : première puissance démographique, deuxième puissance économique, puissance politique à prétention mondiale et puissance culturelle incomplète. Mais on peut se demander combien de temps le régime pourra maintenir la contradiction entre l’absence de démocratie et l’émergence de nouvelles couches dirigeantes, les aspirations de la société et les revendications des minorités nationales ?

Pour l’examen

Les sujets de composition suivants sont envisageables : « La Chine et le monde depuis 1949 », « L’émergence de la puissance chinoise depuis 1949 ».

L’analyse d’un ou deux documents (textes, images, cartes...) peut être demandée.

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