Décryptage

De l’intérêt de devenir médiateur dans votre collège

Harcèlement collège // © Phovoir
Apprendre à mieux se contrôler et à communiquer, aider les autres, prendre confiance en soi, mieux gérer ses émotions… sont les principales raisons qui motivent les élèves à devenir médiateur. © Phovoir
Par Isabelle Dautresme, publié le 14 octobre 2015
1 min

C'est encore ceux qui ont tenté l'expérience qui en parlent le mieux. Ainsi, quand on lui pose la question, Élise* répond d'emblée : "Pour apprendre à mieux me contrôler" lance cette petite blonde, qui en est déjà sa deuxième année de médiation.

Pourquoi choisir d'être médiateur ?

"Je me disais qu'en aidant les autres à régler leurs conflits, je parviendrai à mieux gérer les miens", explique de son côté Soline*, en 5e. "Pour être utile", lance quant à elle Zélie*, en 4e et médiatrice depuis deux ans . "Parce qu'Anne* m'a dit que c'était bien", avoue Léonarda*, en 4e, nouvellement arrivée au collège.

Pour Nathanaël*, élève de 3e, la médiation est un moyen de surmonter ses difficultés familiales : "Chez moi, ça crie et ça hurle tout le temps, j'essaye d'appliquer à la maison ce que j'apprends à l'atelier médiation. Mais ça fonctionne moins bien, car contrairement au collège, je n'ai ni la légitimité, ni le recul suffisant pour réaliser une bonne médiation".

Laura*, en 3e, s'est lancée il y a trois ans dans la médiation "parce qu'[elle]aime bien aider les autres mais aussi parce qu'[elle] a été harcelée". Patrice*, 14 ans et médiateur depuis la classe de 6e, "la médiation permet de prendre confiance en soi et de mieux gérer ses émotions". Lénita*, élève de 4e, y voit, elle, "une occasion d'apprendre à mieux communiquer".

À écouter tous ces collégiens, les raisons de se lancer dans la médiation ne manquent pas. À chacun la sienne. "L'essentiel est qu'au moment où l'élève devient médiateur, il ait bien en tête la finalité de sa mission", lâche Anne Férot, formatrice et coordinatrice des formations à Génération Médiateurs.
  

Qu'est-ce que ça change d'être médiateur ?


Interrogés sur ce que leur apporte le fait d'être médiateur, les élèves n'ont pas besoin de réfléchir longtemps pour répondre : "Avant j'avais tendance à juger très vite les gens, maintenant je prends le temps de les écouter et j'essaye de les comprendre. Je suis plus tolérante", explique Laura*. "La médiation a littéralement changé ma vie".

Soline*, elle, a appris "à être attentive aux autres et impartiale". Pour Ida Naprous, "la médiation pousse les jeunes à aller vers l'autre et à ne plus en avoir peur malgré sa différence".

Et ce n'est pas parce que vous êtes timide que vous devez renoncer à la médiation, au contraire ! "Devenir médiateur est un bon moyen de lutter contre" martèle Anne Férot. En témoigne Anne*, "je suis arrivée en 6e totalement paralysée à l'idée de prendre la parole en public. Maintenant, je suis médiatrice et je ne bafouille plus quand je suis face à plus de deux personnes" se réjouit la jeune fille dans un grand sourire.
  

Il n'y a pas de médiateur dans votre collège : que faire ?


Pour devenir médiateur, vous devez être formé par des adultes qui ont eux-même suivi une formation à la médiation. S'il n'y en a pas dans votre collège, pourquoi ne pas aller voir le CPE, l'infirmier ou un professeur et leur faire part de votre intérêt pour la question ? Ce sera alors à eux de prendre contact auprès d'une association telle que Génération Médiateurs et de convaincre leurs collègues de se lancer dans l'aventure.

La démarche peut vous sembler longue et compliquée, mais le jeu en vaut la chandelle : le climat semble plus apaisé dans les quelque 200 établissements scolaires où la médiation entre pairs est pratiquée.

Alors si vous vous sentez l'âme d'un ambassadeur, allez-y, foncez !

*Le prénom a été changé.

Paul a été médiateur au collège Anne-Frank à Paris pendant quatre ans : "En étant médiateur, j'ai appris à être plus tolérant et j'ai pris confiance en moi"

Médiateur au collège - Paul // © DR
Ce qui l'a motivé

"Ida Naprous, médiatrice et membre de la commission interministérielle de la protection et de la lutte contre la violence, a présenté les ateliers de médiation à la classe. Cela m'a intéressé. J'étais curieux de voir comment des collégiens pouvaient régler des conflits qui concernaient d'autres élèves."

Ce que ça lui apporte

"J'ai appris à être plus tolérant. À force de médiations réussies et de conflits réglés, j'ai pris confiance en moi. Je me sens de moins en moins timide. La formation à la médiation m'est utile en dehors du collège, pour désamorcer des conflits entre mes amis par exemple."

Les qualités du médiateur selon lui

"Être à l'écoute. Si on n'écoute pas les ‘médiés’, on ne peut pas comprendre leurs conflits. Il faut également être impartial et pour cela, ne pas juger !"

Ce qui lui plaît le plus dans la médiation

"La confiance témoignée par les ‘médiés’. C'est inestimable ! Quel plaisir de les voir se détendre et sourire quand arrive la fin de la séance. J'aime particulièrement ce moment, c'est la preuve que la médiation a réussi. J'aime aussi l'idée d'être utile. En quatre ans, l'ambiance s'est considérablement améliorée au collège grâce à la médiation. Ça me rend fier !"

Son pire souvenir

"Au cours de l'une de mes premières médiations, je me suis retrouvé face à un ‘médié’ qui refusait de parler. Je ne savais pas ce qu'il fallait faire, je me sentais totalement démuni. Par la suite, j'ai compris pourquoi cela n'avait pas fonctionné. J'ai beaucoup appris de la situation."

Le médiateur est-il un fayot ?

"Les collégiens comprennent très vite que le médiateur est là pour les aider et non les juger, contrairement au CPE et au principal par exemple. La médiation permet d'éviter que des conflits ne dégénèrent, tout le monde y trouve son intérêt, à commencer par ceux qui ont l'insulte facile. Maintenant que notre rôle est reconnu au collège, nous ne sommes jamais embêtés !"

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