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Enquête WISE : mieux préparer aux compétences de demain, un défi mondial pour l'école

Le Sommet WISE 2015 se déroule à Doha, au Qatar, à partir du 3 novembre.
Le Sommet WISE 2015 se déroule à Doha, au Qatar, à partir du 3 novembre. © WISE
publié le 03 novembre 2015
5 min

À l'occasion du sommet WISE, une étude souligne le fossé entre les compétences enseignées dans les formations secondaires et supérieures et les attentes du monde professionnel. Et ce, à travers le monde.

Dans quelle mesure les systèmes éducatifs mondiaux préparent-ils les étudiants aux compétences dont ils auront besoin demain? Et quels sont les leviers pour améliorer l'employabilité des jeunes générations ? C'est à ces questions qu'ont répondu 1.500 experts de tous pays, professeurs, étudiants et jeunes diplômés, décideurs et acteurs des politiques éducatives, responsables d'entreprises et d'ONG (organisation non gouvernementale), dans une étude réalisée à l'occasion du sommet WISE (World Innovation Summit for Education), qui s'ouvre mardi 3 novembre 2015 à Doha, au Qatar. L'étude est publiée simultanément dans plusieurs médias étrangers et en exclusivité pour la France par l'Etudiant.

Recherche innovation désespérément


Principal enseignement de ce sondage : l'insatisfaction de ces observateurs et connaisseurs de l'éducation vis-à-vis de leur système éducatif. Ainsi "les trois quarts des membres de la communauté WISE se montrent insatisfaits des performances du système éducatif de leurs pays. À peine un tiers d'entre eux considère que celui-ci s'est amélioré au cours des dix dernières années ; seuls 12 % jugent que leur système éducatif est innovant ; 1 % seulement le qualifient d'extrêmement innovant", détaille l'étude. "Ironie de l'histoire : c'est justement au moment où le changement technologique bouleverse le monde du travail que les systèmes éducatifs de la majorité des pays échouent à innover", commente l'économiste Alan Krueger, professeur d'économie et d'affaires publiques à Princeton, et ancien conseiller de Barack Obama, contributeur de l'enquête.

"Apprends-moi à entreprendre"


Les sondés pointent surtout une grande disparité entre les types de compétences enseignées. Lorsqu'on les interroge sur les points forts de leur système éducatif, les experts WISE citent majoritairement les mathématiques, l'écriture et la lecture. En sciences, en technologie ou en informatique, ils sont environ 40 % à 43 % à estimer que les jeunes sont bien formés dans ces domaines. "Globalement, les sondés ont une confiance très faible en la capacité de leur système à transmettre des compétences décisives dans la vie professionnelle, et dans la vie tout court : innovation et créativité, capacité à entreprendre et pensée critique." Ces compétences, souligne l'étude, sont perçues comme cruciales dans les pays où de nombreux emplois peu qualifiés sont automatisés ou délocalisés, tandis que les industries de services et la technologie exigent des emplois de plus en plus qualifiés.


Cette perception est toutefois variable selon les pays : dans l'est de l'Asie ou dans l'ex-URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), les systèmes éducatifs sont réputés très performants en mathématiques mais beaucoup moins en créativité et en innovation. À l'inverse, en Australie, au Canada, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, ce sont les compétences en technologies et en informatique qui apparaissent comme les points forts des systèmes éducatifs.


Conséquence de cette inadaptation des programmes et des formations aux attentes du monde économique, une difficulté d'entrée sur le marché du travail, quel que soit le pays concerné. Selon le dernier rapport de l'Observatoire international du travail (octobre 2015), le taux mondial de chômage des jeunes s'est stabilisé à 13 % après une période de hausse rapide entre 2007 et 2010, mais il est encore bien au-dessus du niveau de 11,7 %, observé avant la crise.

Plus de stages et de professionnalisation des parcours


Pour 70 % des experts interrogés, c'est à l'université de préparer les jeunes à la vie professionnelle. Dans le même temps, seuls 39 % d'entre eux estiment que le système universitaire dans leurs pays respectifs prépare de manière adéquate les étudiants à la vie active. Au nombre des griefs évoqués par les experts interrogés, 62 % citent le manque de stage et de professionnalisation des parcours, 52 % déplorent l'absence de pédagogie de projet et 38 % une orientation professionnelle inefficace. En revanche, un plus large accès à la technologie ou davantage de moyens ne sont évoqués que par 18 % et 14 % des sondés.


La capacité de l'enseignement supérieur à préparer les jeunes à un emploi est diversement appréhendée selon les zones géographiques. En Australie, au Canada, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, 6 experts sur 10 pensent que leur système universitaire répond à cette exigence. Cette proportion chute à 4 sur 10 en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dans l'Union européenne, dans l'Afrique sub-saharienne et dans l'ex-URSS.

Mettre plus d'entreprise dans les formations


Parmi les solutions envisagées pour combler le fossé entre un type d'enseignement encore trop académique et l'acquisition de compétences professionnelles, des partenariats renforcés avec le secteur privé : stage, apprentissage, mentoring, travail en équipe, mise en pratique des connaissances calquées sur des situations du monde "réel" sont encouragés... "52 % des experts WISE pensent que ce dernier élément est l'un des défis majeurs de l'éducation supérieure. Les deux tiers d'entre eux pensent ainsi que l'éducation ne devrait pas être assurée uniquement par les gouvernements, mais sont favorables à l'implication d'intérêts privés (entreprises, associations etc.)", souligne encore l'étude.


Enfin, dans tous les pays, plus que le développement d'outils technologiques appliqués à l'éducation, la contribution de la recherche et la mobilisation de fonds privés, c'est la nécessité d'avoir un corps enseignant bien formé, bien payé et valorisé qui apparaît déterminant pour la réussite des jeunes.

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