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Décryptage

Le brevet obligatoire pour le lycée : une fausse bonne idée ?

Cette année, le taux de réussite au brevet est redescendu au niveau d'il y a dix ans.
Cette année, le taux de réussite au brevet est redescendu au niveau d'il y a dix ans. © Simon LAMBERT/HAYTHAM-REA
Par Vianney Loriquet, publié le 18 juillet 2024
5 min

INFOGRAPHIES. En 2024, plus de 100.000 candidats n’ont pas été admis au diplôme national du brevet, pour un taux de réussite en baisse de 3,5 points. Mais alors que ce dernier pourrait devenir obligatoire pour entrer en 2de dès 2025, il reste difficile de déterminer le niveau des élèves à partir de son taux de réussite. Explications.

Vous n’avez pas obtenu votre brevet en 2024 ? Pas de panique, votre place en 2de n’est pas remise en question. Ce n’est quen 2025 que le diplôme national du brevet (DNB) sera obligatoire pour accéder au lycée. Les élèves recalés devront passer par une classe de "prépa-2de" pour une remise à niveau avant le lycée.

Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale, avait annoncé ce dispositif pour palier "la basse de niveau" des collégiens. Mais le niveau en fin de 3e est-il aussi bas qu’on le dit ? 

Le taux de réussite revient à son niveau de 2014

En 2024, plus de 100.000 candidats n’ont pas été admis au diplôme national du brevet, pour un taux de réussite en baisse de 3,5 points. Après deux pics en 2017 (application de la réforme du collège de 2016 donnant plus de place au contrôle continu, annulée dès 2018), et en 2020 (pas d'épreuves en raison de la crise sanitaire), le taux de réussite est en effet redescendu au niveau d'il y a dix ans. 2024 est aussi l'année de la suppression du correctif académique demandée par Gabriel Attal.

Ces taux de réussite similaires signifient-ils que le niveau est resté stable ? "On ne demandait pas la même chose lors du brevet 2014", rétorque Olivier Beaufrère, secrétaire national éducation et pédagogie au SNPDEN-UNSA (syndicat de chefs d'établissements). Selon lui, les résultats de la session 2024 ne permettent pas de tirer des conclusions alarmistes sur le niveau des élèves.  

Le niveau en français et maths en hausse, celui en histoire-géo et sciences baisse

Si le détail des notes pour la session 2024 n'est pas encore connu, les résultats de 2018 à 2023 montrent que l'évolution du niveau dépend aussi des matières.

Ainsi, alors que les politiques publiques se sont surtout concentrées sur le français et les maths ces dernières années, les notes médianes obtenues au brevet montent dans ces deux matières. Dans le même temps, elles baissent en histoire-géographie et en sciences.

Pour avoir une idée plus précise du niveau des élèves, on peut aussi se tourner vers l’évaluation réalisée à la rentrée de 2de. Cette dernière analyse leur niveau réel en mathématiques et en français. Selon le ministère de l'Éducation nationale, entre 2021 et 2023, le niveau moyen en mathématiques baisserait légèrement, alors que la maîtrise du français augmenterait proportionnellement.  

Néanmoins, ces évaluations montrent également de fortes inégalités sociales. En clair, plus un lycée a d'élèves issus de familles favorisées, meilleurs sont ses résultats.

Un besoin d'accompagner les élèves en difficulté

Pour la rentrée prochaine, quel que soit le niveau d'un élève, "si son inscription est validée dans son lycée, ne pas avoir eu le brevet ne le bloquera pas", rassure Olivier Beaufrère. Sauf remise en cause de la réforme par un nouveau gouvernement, cette obligation devrait être effective dès l'année prochaine, pour la 2de uniquement : pour intégrer un CAP, le brevet ne sera pas nécessaire. 

Le SNPDEN se montre plutôt défavorable à ce dispositif. Olivier Beaufrère y voit plusieurs inconvénients majeurs. Pour l'élève, le risque que l’année en "prépa-2de" passe pour une année blanche, jusqu’à risquer le décrochage. Pour les établissements, le risque de ne pas réussir à organiser l’accueil des élèves dans ces classes faute de personnels et de moyens.

Une inquiétude partagée par Jean-Rémi Girard, président du SNALC, un syndicat enseignant. "On se pose beaucoup de questions sur la mise en place de cette mesure", concède l'enseignant, qui voit tout de même dans le brevet obligatoire un possible vecteur de motivation pour les élèves.  

Reste la question de la capacité des élèves recalés à suivre la cadence au lycée. Tous les acteurs syndicaux dressent le constat d’un besoin d’accompagner les élèves en retard. "C’est tout à fait possible que parmi les 100.000 élèves qui n’ont pas obtenu leur brevet, certains n’aient pas le niveau et aient des difficultés pour suivre une 2de", admet Olivier Beaufrère, dont le syndicat propose plus simplement un "stage de remise à niveau" avant l'entrée au lycée.

Pour la rentrée 2024, la "prépa-2de" sera testée avec une classe par département.

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