Décryptage

Des classes "6e tremplin" à l'essai dans l'académie d'Amiens

6e tremplin collège
Le collège Villard-de-Honnecourt à Fresnoy-le-Grand (02) a mis en place deux classes réduites de 12 élèves dans le cadre du dispositif "6e tremplin". © Drazen / Adobe Stock
Par Clément Rocher, publié le 05 octobre 2022
6 min

Pour sa future réforme du collège, Pap Ndiaye veut s'inspirer du programme "6e tremplin" lancé dans l'académie d'Amiens. Mais comment fonctionne ce nouveau dispositif pour élèves en difficultés scolaires ?

Depuis la rentrée de septembre 2022, le collège est au centre des discussions. Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, en a fait l'un de ses chantiers prioritaires et le sujet d'une future réforme.

"Le collège nous préoccupe dans la mesure où le nombre d'élèves en difficulté a crû de 10 points ces dernières années. C'est un peu le maillon faible de la chaîne éducative", a déclaré Pap Ndiaye sur France 2, mardi 4 octobre 2022. "Nous commençons par la classe de sixième qui est un niveau tout à fait crucial de transition entre le primaire et le secondaire, avec des "6e tremplin", qui visent à mieux coordonner la CM2 et la sixième", a précisé le ministre.

L'Etudiant vous explique en quoi consiste cette fameuse "6e tremplin". Elle n'existe pour pour l'instant que dans l'académie d'Amiens, où les résultats des évaluations nationales des élèves de sixième de 2021 sont inférieurs à la moyenne nationale, et où plus de la moitié des élèves présentent des difficultés de lecture.

C'est quoi une "6e tremplin" ?

Un dispositif de remise à niveau appelé "6e tremplin" pour les élèves de sixième est expérimenté dans six collèges de l'académie depuis la rentrée 2022. Les collégiens bénéficient d'un accompagnement spécifique qui vise à renforcer l'apprentissage des savoirs fondamentaux en français et en mathématiques.

Ce nouveau dispositif accueille des élèves qui présentent des difficultés scolaires. Ils ont été identifiés après avoir effectué des évaluations en français et en mathématiques en CM2 au cours du mois de juin. Ces évaluations ont été élaborés conjointement entre les enseignants et les conseillers pédagogiques.

Consolider les savoirs fondamentaux

Chaque collège a défini son propre projet en fonction de ses besoins.

Le collège Villard-de-Honnecourt à Fresnoy-le-Grand (02) a accueilli 24 élèves de sixième – répartis dans deux classes – dans ce dispositif à la rentrée de septembre.

Ces élèves bénéficient de plusieurs heures de remise à niveau en français et en mathématiques, et ce, jusqu'à la fin de l'année scolaire. Les professeurs d'histoire-géographie, de physique-chimie ou de SVT, peuvent intervenir de manière plus ponctuelle auprès de ces élèves.

Les professeurs des écoles en renfort

Mais la spécificité, c'est surtout l'intervention des enseignants de primaire ! Les professeurs de collège ne sont en effet pas nécessairement formés à enseigner certains fondamentaux aux élèves, comme la lecture. Ainsi, des professeurs des écoles sont également présents pour améliorer leur apprentissage.
"Nous avons voulu rapprocher les professeurs des écoles et ceux du collège pour additionner les expertises. Nous avons plein de modalités différentes dans les interventions des professeurs des écoles", explique Isabelle Boulnois, directrice de la pédagogie au sein de l'académie d'Amiens.

Autre exemple de mutualisation au collège Jean-Moulin de Formerie (60), où les élèves de CM2 passent une demi-journée en immersion par semaine et travaillent avec les élèves de 6e.

Un travail sur la confiance en soi

Mais il n'y a pas que des cours classiques. Au collège Villard-de-Honnecourt, une assistante sociale et une infirmière interviennent ainsi une heure par semaine dans le cadre du dispositif pour travailler avec les élèves sur la prise de parole, le développement de l'autonomie et l'estime de soi. "Nous allons aussi avoir une enseignante qui va faire du théâtre avec ces élèves à la fin de l'année", précise Corinne Passarella-Serrat, principale du collège.

L'objectif de ce nouveau dispositif est de permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité au collège de manière plus sereine. "D'où le terme de tremplin, c'est-à-dire redonner un coup d'élan à ces élèves pour qu'ils se sentent mieux et qu'ils aient amélioré leurs connaissances pour mieux aborder la classe de cinquième", affirme la principale.

Extension du dispositif ?

Un premier bilan sera établi à la fin du second trimestre afin de vérifier le niveau des élèves de sixième intégrés à cette "6e tremplin". Ce dispositif va se maintenir dans l'académie d'Amiens jusqu'à la fin de l'année 2025.
L'intérêt de Pap Ndiaye pour ce projet n'est pas encore une annonce officielle et son extension au niveau national n'est (pour l'instant) pas à l'ordre du jour. Au niveau régional, en revanche, l'académie d'Amiens réfléchit à permettre à d'autres collèges de bénéficier de la "6e tremplin". "On réfléchit à une montée en puissance pour l’année prochaine. On se doute qu'on sera regardé de très près. On compte aussi sur les concertations autour de l’école du futur", ajoute la directrice de la pédagogie.

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