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Éducation à la sexualité : des associations veulent faire respecter la loi

Selon le code de l’éducation, trois séances annuelles d'information et d'éducation à la sexualité sont obligatoires dans les écoles, les collèges et les lycées.
Selon le code de l’éducation, trois séances annuelles d'information et d'éducation à la sexualité sont obligatoires dans les écoles, les collèges et les lycées. © Adobe Stock/Alwie99d
Par Nina Waechter, publié le 03 mai 2023
4 min

Le 1er mars, trois associations ont annoncé attaquer l'État pour le contraindre à organiser les trois séances annuelles d'éducation à la sexualité prévues par la loi dans les écoles, collèges et lycées. Pour les associations, l'éducation et la prévention sont des enjeux de société.

SOS homophobie, Sidaction et le Planning familial ont annoncé le 1er mars 2023 attaquer l'État devant la justice administrative. L'objectif est de le contraindre à appliquer la loi de 2001 sur l'éducation à la sexualité.

En effet, le code de l’éducation impose trois séances annuelles d'information et d'éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées. Mais 67% des jeunes concernés n'ont pas assisté au nombre de séances requis, selon un sondage de février 2023 réalisé par l'IFOP pour Sidaction. Et pour les associations, c'est un manque pour les jeunes, mais aussi un problème de société à long terme.

"Mettre l'État face à ses responsabilités"

Selon Florence Thune, directrice générale de Sidaction, "il s'agit de porter plainte contre l'inaction de l'État depuis 20 ans en matière d'éducation à la sexualité". Si les associations sonnent l'alarme chaque année, c'est parce qu'elles remarquent les conséquences du manque d'éducation dans leurs domaines respectifs.

Selon le sondage de l'IFOP, 23% des 15-24 ans estiment être mal informés sur le VIH/sida, contre seulement 11% en 2009. Une augmentation que Sidaction juge "alarmante". De plus, "les jeunes générations sont les plus touchées par le sexisme", pointe le rapport 2023 du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes sur l'état du sexisme en France.

Pour Florence Thune, "tous ces sujets s'imbriquent : consentement, respect de l'autre, lutte contre l'homophobie et le harcèlement…". Si elle estime que le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, est "engagé sur ces questions", elle juge aussi "qu'il ne mesure pas à quel point nous avons besoin de moyens supplémentaires".

Ces moyens, ce sont des outils et des formations pour des professeurs, mais aussi la participation d'intervenants extérieurs.

Des séances de prévention pour lutter contre la méconnaissance

Dans les établissements, les séances sont souvent assurées par des professeurs ou des infirmières scolaires. Selon Florence Thune, l'idéal est "un binôme composé d'un professeur formé et d'une association agréée", par exemple le CRIPS Île-de-France (centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes).

Chloé Masse, animatrice en promotion de la santé pour le CRIPS, assure des séances de deux heures organisées par les lycées, principalement dans des classes de seconde.

Pour aborder des sujets parfois sensibles, elle dispose d'outils comme un jeu intitulé "Info-Intox". Les élèves doivent distinguer le vrai du faux parmi des affirmations comme "on peut apprendre des choses grâce à la pornographie", ou "la pilule protège contre les IST". "Ça fonctionne très bien pour échanger, et réfuter les légendes urbaines qui persistent", explique l'animatrice.

Au-delà de la sexualité, différentes thématiques sont abordées : relations amoureuses, santé, discriminations, violences… "Le thème qui intéresse le plus est le consentement, mais on parle aussi beaucoup des réseaux sociaux ou des orientations sexuelles."

Libérer la parole des jeunes

"Il y a beaucoup de fantasmes et une grande méconnaissance de ce qu'on apprend aux élèves", explique Florence Thune. Les programmes sont en réalité adaptés à tous les âges. "Avec les plus jeunes, on aborde des questions de respect de l'autre et les stéréotypes de genre." L'échange permet aussi de "leur donner les outils dont ils ont besoin pour être à l'aise avec les autres et avec eux-mêmes", par exemple autour de sujets comme "les violences sexuelles, les IST ou l'identité de genre".

Selon Chloé Masse, les jeunes sont eux-mêmes en quête de discussion et de débat, et ont beaucoup d'intérêt pour les sujets abordés. "Quand j'arrive dans une classe, je m'adapte aux demandes du groupe, explique-t-elle. Notre objectif, c'est que ce soit les jeunes qui parlent."

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